Des ours, pas des camions !

les-manifestants-ont-distribue-des-tracts-et-ralenti-la-circulation    « A quand l’arrêt de l’introduction de poids lourds en Vallée d’Aspe ? » C’est par cette phrase que je terminais mon dernier article du 20 Août 2018 « Balade en vallée d’Aspe » (cliquer sur le titre) qui montre que les activités pastorales et touristiques dans une vallée préservée sont les bases d’un développement harmonieux durable.

Quelques jours après, le dramatique accident de poids lourd avec une très grave pollution venait hélas confirmer, une fois de plus, qu’il est indispensable d’interdire la circulation des poids lourds en vallée d’Aspe.

Cette interdiction est cohérente avec les indispensables mesures pour la lutte contre le réchauffement climatique qui passe par la diminution du transport par camions, beaucoup trop important en Espagne. Les élus de la vallée d’Aspe ont les pouvoirs pour s’opposer à cette tragédie, on attend de leur part des prises de positions fortes.

De leur côté CODE Béarn lutte pour des déplacements plus raisonnables et a souhaité diffuser un communiqué de presse. Sans succès auprès de nos media locaux. Bizarre non ? (leur mail :  » Nous pensions que vous liriez notre communiqué élaboré au dernier CA dans la presse locale, sans succès à ce jour, nous avons le plaisir de vous l’envoyer par courriel. »)

Alors je vous diffuse ce communiqué (voir PJ) , même si le transfert de ce trafic via le rail en vallée d’Aspe proposé par cette association reste discutable au plan économique dans une période où le trafic camion doit de toute façon être réduit drastiquement.

Daniel Sango

Communiqué du CODE Béarn : communiqué de presse du 29-8-2018

Crédit Photo : Sud Ouest

Balade en vallée d’Aspe

OLYMPUS DIGITAL CAMERA    On est le 16 août, la journée s’annonce belle, si on allait voir la vallée d’Aspe, cette perle du Béarn ? Un itinéraire pas trop difficile, un balcon sur la vallée, des vues magnifiques : la cabane d’Arnousse par le plateau des Gentianes depuis Peyrenère.

Le sentier qui débute dans le virage au dessus du centre de vacance s’élève sur le flanc en dominant la vallée d’Aspe avec une vue panoramique magnifique sur l’Espagne et l’ouest de la chaîne (photo 1et 2). Il reste des myrtilles et framboises sauvages le long de la montée, prétexte à de nombreux arrêts.

Le plateau des Gentianes s’oriente ensuite vers le nord et nous permet une très belle vue dans l’axe de la vallée, puis on passe le petit col de Lazaque avant une descente dans le bois vers la cabane d’Arnousse, les cloches des brebis annoncent l’estive (photo ci contre)

Il est midi et nous passons bien sûr saluer les bergers. Le maître des lieux nous reçoit chaleureusement et insiste pour que nous prenions l’apéritif avec eux (Photo 3). Pierre fait partie des éleveurs qui ont des brebis dans l’estive , il est accompagné par Camille, un berger professionnel et un apiculteur domicilié près d’Orthez, monté pour la journée, dont les abeilles fuient les néonicotinoïdes de la plaine. Les ruches sont non loin de là et la bruyère est en fleur.

Piere Loustau Chartez (photo 4 ) est une figure du secteur, d’ailleurs même les ours le savent et ne viennent plus jusque là. Eleveur à Précilhon près d’Oloron où son fils lui succède, il est monté mi juin et n’est pas redescendu une seule fois… C’est la fin de la lactation et donc un peu les vacances car plus de traite ni de fabrication du fromage. Des vacances, enfin presque quand on a 850 brebis à surveiller et soigner…

Les conversations vont bon train vu qu’étant oloronais et presque du même âge que Pierre, nous avons quelques souvenirs communs… Avec le Ricard les olives et les chips, bien sûr il a sorti le fromage, délicat et peu salé, moins fort que ce que l’on peut trouver souvent. Après plusieurs tournées il insiste pour que nous partagions le repas, mais nous déclinons, on ne va tout de même pas s’imposer… Un achat de fromage et nous allons pique niquer au bord du ruisseau voisin.

Un sujet a été évité, celui de l’ours, Pierre n’en veut pas, mais il ne faut pas croire que tous les bergers y sont opposés. Dans cette même estive, Bénédicte Sainte Cluque ( fromage tout aussi excellent à Féas près d’Oloron) y est plutôt favorable et la cohabitation entre éleveurs d’opinions différentes se fait dans la bonne humeur et le professionnalisme.

Pour le retour, nous sommes suivis par trois familles et une ribambelle de gosses qui font le tour de la vallée en ayant loué des ânes de bat pour porter matériel et vivres. Du vrai tourisme durable et une reconversion pour les mulets dorénavant concurrencés par l’hélicoptère et les subventions …(merci l’ours). Trois familles de français travaillant en Guinée Conakry qui reviennent pour la quatrième fois… comme quoi c’est beau la vallée d’Aspe !

Tout était parfait, sauf la circulation dans la vallée où les nombreux poids lourds sont d’un anachronisme criant après une telle journée. Une gêne et un danger incompatibles avec une mise en valeur des nombreuses ressources touristiques et pastorales durables.

Si on arrêtait plutôt l’introduction des poids lourds en Vallée d’Aspe ?

Daniel Sango

 

La randonnée : Circuit aller : 500m de monté et 370m de descente jusqu’à la Cabane d’Arnousse en passant par le plateau des gentianes.
Retour en sens inverse (Compter 10Km et 4h pour l’aller-retour, sans arrêt).
Possibilité de descendre jusqu’au pont d’Arnousse (2ème voiture) ou même la cabane, accessible par la piste.

Photos: DS / Dugene

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Le doute s’installe !*

Actuellement nous sommes assaillis, le mot n’est pas trop fort, d’informations contradictoires. Plus on lit ou écoute la presse plus on doute. Il devient difficile de se faire une opinion sur bien des sujets.

Commençons par le Béarn. Récemment le premier ministre a fait savoir que l’on allait réintroduire des ours dans notre région. Que n’avait-il pas dit là ? Aussitôt les passions se déchaînent et entre les pro-ours et les anti-ours il est difficile d’imaginer un consensus. Ce sujet est un des principaux sujets de discussion chez nous. Les tenants de la tradition évoquent la présence de l’animal depuis la nuit des temps, les autres se posent comme défenseurs du pastoralisme. Alors quand je lis les arguments des uns et ceux des autres, j’ai du mal à fixer mon opinion. Le doute s’installe.

Autre sujet local réveillé lui aussi par l’actualité. Vous avez tous entendu que, du côté du Pays Basque espagnol, ont été installés des portiques d’écotaxe. Cela a eu pour conséquence de détourner un grand nombre de poids lourds vers le Somport. Résultat, la nationale 134 est encombrée, voire saturée. Les voies de communication de la vallée d’Aspe auraient, selon certains, besoin d’être aménagée. Mais les opposants arguent du fait que ce serait dénaturer un des plus beaux sites de nos belles Pyrénées. Là encore une lecture attentive des arguments des uns et des autres ne parvient pas à forger ma conviction. Le doute s’installe.

A Pau, on nous dit que le BHNS (Bus à haut niveau de service) sera en conformité avec les normes les plus exigeantes de l’écologie. Pensez-donc un bus à hydrogène qui n’émet aucun gaz d’échappement. Sauf que, selon ce que nous a démontré un rédacteur d’Alternatives Pyrénées, il faudra bien produire de l’hydrogène et là il y aura pollution. Alors quel sera le réel avantage de cette nouveauté paloise qui est supposée répondre à un besoin très attendu par les Palois. Qu’en penser ? Le doute s’installe.

En 2008 on nous disait haut et fort que le diesel était le carburant le moins polluant. Résultat, dans notre pays, les véhicules circulant au diesel sont devenus majoritaires. Maintenant on nous dit que, toujours sur le plan écologique, le diesel diffuse des particules très dangereuses. Alors le nombre des voitures au diesel diminue. Une analyse très récente fait pourtant ressortir que les voitures au diesel consomment moins que les voitures à essence et que, de ce fait, l’émission de CO2 est plus importante par l’essence. De plus l’énergie fossile est également davantage brûlée par les voitures à essence. Qui croire surtout lorsque l’on sent bien que nos gouvernants trouvent là le moyen de davantage taxer les carburants ? Le doute s’installe.

Certains affirment, d’autres doutent. Qui a raison, qui se trompe ? Bien difficile de savoir. Je me suis toujours un peu méfié des donneurs de leçons, des pétris de certitudes, sans doute en raison de mon esprit indépendant. Et puis, après tout, est-on obligé d’avoir une opinion gravée dans le marbre sur tous ces sujets ? Je pense à cette citation : « L’ignorant affirme, le sage doute, le savant réfléchit » Aristote.

Pau, le 14 février 2018

par Joël Braud

*La citation originale est : « La justice c’est comme la Sainte Vierge, si elle n’apparaît pas de temps en temps, le doute s’installe ». Michel Audiard dans Pile ou face, film de Robert Enrico.

BAP enfume Sud Ouest

Vallée de chamonix Viaduc_des_EgratzNos amis de BAP (Béarn Adour Pyrénées), le lobby bien connu du béton et de l’enrobé, essuient depuis quelques années des déboires fort justifiés. Pas de barreau LGV pour Pau, une Oloron Pau aux oubliettes, où trouver des débouchés ?

Voilà donc aujourd’hui que Sud Ouest nous présente un projet soutenu par BAP et Develop’SO une association de Périgueux qui vise à construire une continuité d’autoroute entre Limoges et Pau et dont les objectifs ressemblent à s’y méprendre à ceux de BAP …

Leur première estimation serait de 2,5 milliards d’euro. Ce genre de proposition est dans le droit fil du faux nez de la CCI et il n’étonnera personne.

Ce qui est par contre ahurissant, c’est la manière dont ce projet est présenté dans le journal :

« Ils proposent d’utiliser l’axe Paris-Limoges-Pau en autoroute, ce qui réduirait le mur de camions Bordeaux-Hendaye et diminuerait également la circulation sur la rocade bordelaise, puisque ce nouvel axe nord-sud détournerait de Bordeaux tous ceux qui n’ont rien à y faire.

Et pour que cet axe soit entièrement autoroutier, de la capitale nationale aux portes des Pyrénées, il ne manque que deux petits tronçons à réaliser : Limoges-Périgueux (aux alentours de 80 kilomètres) et Mussidan-Langon (environ 60 kilomètres), qui permettraient aux véhicules venant du nord de rejoindre la récente A 65 entre Langon et Pau, passant non loin de Mont-de-Marsan.

Le coût en serait élevé (2,5 milliards d’euros d’après leurs estimations), mais ils demandent, si l’on estime que ce projet a un sens, qu’il soit tout simplement étudié. »( FIN)

Il est étonnant que le journaliste ne se soit pas posé ensuite la question de ce que devenait ce mur de camions une fois arrivé à Pau…

Evidement on connaît ici la réponse…

Il faut construire la Pau Oloron, et en plus bétonner la vallée d’Aspe pour que les camions puissent se diriger en masse vers l’Espagne…

On sait que le rêve de BAP et de son président est de défigurer la vallée d’Aspe pour qu’elle ressemble à la vallée de l’Arve, (voir photo) vallée la plus polluée de France où 60 personnes meurent prématurément chaque année à cause de la pollution (chiffre OMS via FR3)

Mais l’avenir de la vallée d’Aspe est ailleurs, pas de camion, une préservation totale et un développement basé sur un tourisme vert, sans doute structuré par une ligne de chemin de fer parmi les plus spectaculaires de France et un Parc National exemplaire (avec du pastoralisme… et quelques ours).

Daniel sango

L’article de Sud Ouest du 13/11/2015

http://www.sudouest.fr/2015/11/13/deux-associations-regionales-militent-pour-une-autoroute-limoges-pau-2184079-3452.php