Les primaires assassines.

A moins d’être aveugle, innocent ou inconscient, le deuxième tour de l’élection présidentielle ne recèle aucun mystère. Emmanuel MACRON sera désigné le 7 mai pour diriger la France. Comment pourrait-il en être autrement après les appels en sa faveur d’élus de tous bords espérant conserver leur siège, du premier ministre, du parti socialiste, des ténors Républicains dont la voix est chaque jour moins audible et du chef de l’état lui-même qui, à ce titre, devrait observer une parfaite neutralité.

Un tel déferlement ne manque pas d’interpeller. Il n’est pas sans rappeler celui de 2012 où le slogan était  » Tout sauf Sarkozy « . On connaît la suite. Le procédé est honteux. Il conduit non à élire un candidat, mais à éliminer son concurrent. Autrement dit, aujourd’hui, c’est  » Tout sauf Marine Le Pen « .

Tout y passe depuis l’usage éhonté du  » front républicain  » à celui de la candidate de  » l’extrême droite « , car personne, sauf ceux qui en tirent profit pour affoler l’électorat, ne peut définir ces deux notions qui sont seulement la création d’une classe politique soucieuse de ses privilèges.

Les mœurs ne changent malheureusement pas. La trahison a été au centre du scrutin. Ainsi Emmanuel Valls, après s’être engagé, par écrit, à soutenir le candidat qui remporterait la primaire de gauche, s’est empressé de soutenir Emmanuel Macron, se déclarant prêt à gouverner avec lui. Robert Hue, ancien leader du parti communiste en fait de même.

Mais plus surprenante est la position d’une majorité des responsables Républicains qui entonnent la même antienne. Ces derniers sont probablement les plus hypocrites parce que leur position est bancale. En effet, s’ils soutiennent Emmanuel Macron au nom de  » Tout sauf Marine Le Pen  » ou de « barrage à l’extrême droite », leur grand dessein désormais est de devenir une force d’opposition à Emmanuel Macron, comme l’expliquait récemment sur les ondes un ancien premier ministre Républicain.

Ils visent évidemment les élections législatives en espérant obtenir à l’Assemblée Nationale une majorité qui leur permettrait d’empêcher Emmanuel Macron de mettre en œuvre son programme et suggèrent la désignation de François (c’est semble-t-il le prénom obligé pour exercer de hautes fonctions, sauf avatar) BAROIN comme premier ministre.

Autrement dit, ils le soutiennent comme la corde soutient un pendu, tandis que d’autres sont prêts à renoncer à leur étiquette d’origine pour le logo  » En marche « .

Encore et toujours des arrière-pensées par nature perfides. N’ont-ils pas compris que l’électorat ne veut plus du partage du pouvoir en deux camps et si l’on peut rendre un seul hommage au président Hollande, c’est celui d’avoir donné le jour à une créature d’autant moins vulnérable qu’elle est vierge de tout engagement politique antérieur, lui permettant de rassembler autour d’elle des sensibilités qui n’ont cessé de se combattre jusque-là. Autrement dit, il sera parvenu à faire siéger dans le même camp des personnages qui se sont toujours combattus par principe, sans autre souci que d’apparaître dans la majorité ou l’opposition.

L’histoire dira si le calcul était bon mais un fait est sûr beaucoup sont prêts au parjure en attendant un autre mouvement de fond. L’essentiel étant pour eux de se perpétuer.

Pierre Esposito

Compromis : un mot méconnu en français

imagesL’histoire de la France moderne a marqué profondément les corps sociaux dans le sens d’une opposition résolue refusant de considérer un point de vue contraire à ses propres convictions. Les guerres de religion, la révocation de l’Édit de Nantes, la Révolution ont été des moments décisifs établissant la préférence de la force sur la conciliation.

La situation politique relative à la loi travail suit une telle pente. On ne saurait considérer l’accord sur le défilé autour du bassin de l’Arsenal à Paris comme autre chose d’un avatar visant à limiter les débordements nuisibles aux deux parties, syndicats et gouvernement. Avatar résultant d’ailleurs d’une position de force.

Est-ce à dire que sur le sujet de la loi régissant le travail il n’y a pas de compromis possible ? Notre pays manquerait-il de conseillers, de membres de cabinets ministériels, de spécialistes des questions sociales ? L’inventif et brillant Emmanuel Macron peut-il ne se soucier en rien des retombées sur l’économie française et continuer à disserter sur les méfaits de l’I.S.F. sur la générosité des classes aisées ? Est-il impossible que les deux parties sortent la tête haute d’un conflit qui dure trop ? Car ce sont travailleurs et électeurs qui souffrent des grèves à répétition. Ainsi, lorsque la Seine a débordé sur les lignes de la SNCF, les syndicats de la RATP ont maintenu la grève qui a paralysé les voies permettant un détournement, au grand dam des voyageurs.

Je ne crois pas à cette impossibilité. Parmi d’autres, voici quelques pistes de sortie de crise. Pour le gouvernement céder en partie sur l’article 2 de la loi serait profitable : accepter que la majoration des heures supplémentaires reste du domaine des accords de branches et supérieur à 25% montrerait que le gouvernement reste fidèle aux orientations de la gauche qui privilégie une réduction de la durée du travail et une meilleure répartition de l’emploi. De quoi se rabibocher un peu avec les frondeurs, ce qui ne serait pas malvenu pour MM. Hollande et Valls. Le patronat pousserait les hauts cris, bien entendu. Mais on pourrait lui rétorquer que le million d’emplois qu’il avait promis en compensation des accords de compétitivité n’a guère été effectif. Et que la mesure pourrait être profitable aux entreprises si elle était assortie de dispositions visant à remplacer l’usage des heures supplémentaires par des emplois de type supplétif qui ne comporteraient pas les contraintes des contrats classiques. Non que les contrats « zéro-heures » britanniques ou les petits boulots germaniques soient des modèles absolus. Mais trouver des moyens de réduire la gangrène du chômage est une absolue nécessité (et dans la ligne de M. Hollande). Assortis de mesures en faveur de la qualification et de l’employabilité, ces « contrats de disponibilité » pourraient être profitables aux chômeurs, malgré la précarité qu’ils instaureraient. Et la flexibilité bénéficiant aux entreprises pourrait être orientée vers un surplus d’activité plus pérenne. L’expérience des pays voisins doit être mise à profit dans un état d’esprit critique mais constructif. On pourrait ainsi imaginer qu’en période de baisse des commandes les entreprises détachent une partie de leurs employés pour assurer la formation des candidats aux contrats de disponibilité, ce qui donnerait un peu de souplesse et orienterait vers l’emploi ceux qui en sont écartés.

La protection des travailleurs doit aussi être nourrie de mesures concernant le travail dans les pays où le coût de la main d’œuvre est bas (le coût du travail dans certains pays comme le Bangladesh représente 0,6% du prix d’un t-shirt, soit le centième de la part revenant au distributeur constate un rapport de l’OCDE). Afin de tenir compte des dépenses d’infrastructures, le coût du transport maritime devrait aussi être réévalué et supporté par les consommateurs plutôt que par les organes publics, et donc les contribuables. Cela permettrait de rééquilibrer un peu les échanges et de lutter contre les distorsions de concurrence. On le voit, le conflit actuel ne peut être considéré sous le seul angle de la rédaction d’articles de loi. Les quelques citations qui suivent visent à inciter au recul et à une réflexion plus large.

 Paul Itaulog

« Qui peut croire sérieusement qu’il suffirait pour sortir la France du marasme économique de supprimer les seuils sociaux, de faire travailler le dimanche, de supprimer le salaire minimum, d’interdire la contestation judiciaire des licenciements et autres recettes miraculeuses présentées au concours Lépine de la déconstruction du droit du travail ? »
Alain Supiot, La gouvernance par les nombres. Cours au Collège de France (2012-2014)
Fayard, 2015.

« La tendance lourde est celle de la mise en concurrence des droits nationaux et de la « réforme des marchés du travail » dans le sens de leur réactivité et de leur adaptation aux attentes des investisseurs. On ne peut que saluer la performance politique qui a consisté à faire oublier que la crise de 2008 était due aux marchés financiers pour l’imputer aux marchés du travail et aux protections extravagantes dont jouiraient les salariés et les chômeurs dans nos pays. » Idem, p. 348

« Cette évolution reflète certes le nouvel état du rapport des forces politiques et économiques, rapport très défavorable aux travailleurs, en raison de la distorsion entre les libertés collectives (qui demeurent, là où elles sont reconnues, cantonnées aux frontières nationales) et les libertés de circulation internationale des capitaux et des marchandises. Un large consensus s’est établi parmi les partis de gouvernements pour accorder la primauté absolue aux libertés du capital sur celles du travail. La croyance dans les bienfaits de la compétition mondiale a acquis pour eux la valeur d’un dogme. » Ibidem p. 347
« L’Histoire n’assure jamais le triomphe pur et simple d’un contraire sur son contraire : elle dévoile, en se faisant, des issues inimaginables, des synthèses imprévisibles.» Roland Barthes, Mythologies, p. 246, Le Seuil, 1957.

Carton du FN: « Comment en est-on arrivé là ?»

images« Comment en est-on arrivé là ? », c’est le titre de l’éditorial du Monde du 8 décembre, après le « carton » du Front National au premier tour des élections régionales. Passé le titre, dont on imagine qu’il conduit à une analyse connue, vient la conclusion : « C’est une reconstruction en profondeur qui s’impose ». On n’en saura pas plus sur le type de reconstruction imaginé par le quotidien et la méthode pour y arriver.

Cette reconstruction en profondeur, de nombreux rédacteurs, sur Alternatives Pyrénées, l’appellent de leurs souhaits depuis bien longtemps. Mais rien n’y fait. Rien ne bouge. Du coup 30% des français pensent que seul le FN peut faire bouger les choses. Ils n’ont pas tort ! Ni le PS, ni les Républicains ne proposent quoi que ce soit pour faire sortir notre Nation de l’immobilisme. Ils se contentent d’un face-à-face stérile depuis si longtemps.

Oui, seul le FN peut faire bouger les choses, sauf que le replis sur soi, la xénophobie ne peut que conduire qu’à plus de chômage, plus de difficultés encore. France : De pays des lumières, pays universel passant au statut de pays fermé, recroquevillé sur lui-même !

Pas une nation du monde, au « top » de l’attractivité, ne vit repliée sur elle-même. Où préférez-vous vivre ? Canada, Finlande ou Corée du Nord, Vénézuela ?

Les observateurs semblent avoir du mal à conclure que ce sont nos présentes institutions qui créent le personnel politique actuel. Soit dit en passant, n’en doutons pas un instant, ces institutions amèneront les cadres du FN, en l’espace de deux petites mandatures, à être des copier-coller de l’UMPS actuelle. La soupe est trop bonne.

La Constitution de la Vè République avait été taillée sur mesure pour Charles de Gaulle. Sauf que, celui-ci disparu, sa constitution présidentielle est restée en place. Un uniforme toujours trop grand pour ses successeurs. Un uniforme qui conduit la France, depuis plusieurs décennies, dans une lente glissade vers le bas. Pour beaucoup, la France a maintenant besoin d’un Napoléon ou d’un De Gaulle. Le recours à l’homme providentiel est la preuve ultime que nos institutions ne sont pas à la hauteur d’une démocratie moderne. « Il nous faut un De Gaulle… ». Quel constat d’échec ! Entendons-nous ce type de réactions dans les pays anglo-saxons ou du nord de l’Europe ?

Supprimons la Présidence, supprimons les communes, diminuons de moitié les représentants à toutes nos assemblées (de 800.000 indemnités de fonction « politiques », la France passera à 400.000… contre 30.000 en Grande Bretagne à ce jour), publions leur patrimoine en tant que couple, limitons le cumul dans le temps à deux mandats, interdisons le cumul simple, rendons contraignantes, sous peine de pénalité, les recommandations de la Cours des Comptes, introduisons la notion de Transparence dans le préambule de la Constitution, veillons à limiter les domaines d’intervention des différentes strates administratives à des compétences très précises, rendons pénalisable leur non-respect, rendons obligatoire la consultation des citoyens par voie de référendums locaux, régionaux, nationaux dès que des niveaux de budgets sont atteints, uniformisons les régimes (tous), payons les indemnités d’élus au temps de présence mais n’oublions pas la mise en place d’un statut de l’élu etc. Tout a été écrit sur AltPy.

Une fois cette longue liste (non-exhaustive) de réformes arrètées, il s’agit d’imaginer comment la mettre en place. Typiquement, cela devrait être le rôle de la prochaine présidentielle qui doit refonder la démocratie française.

Le programme des candidats à l’élection de 2017 sera primordial sur ce point. Qui osera s’atteler à ce chantier ? Qui de Sarkozy (qui a déjà annoncé vouloir revenir sur la loi sur le cumul !), Juppé, Fillon, Bayrou, Hollande ou Valls saura se jeter à l’eau et proposer un nouveau fonctionnement pour notre démocratie. Oser, encore oser, toujours oser !

A moins que cela ne soit Marine Le Pen qui, dans le rôle de l’homme providentiel, se contente simplement d’endosser l’uniforme du Général. Un vieux modèle datant des années trente…

Tout est ouvert et le pire probable. A nous citoyens, tout au long de 2016, de bousculer, sans ménagement et avec ténacité, nos « politicards » pour qu’ils se bougent. Tant qu’il n’est pas trop tard. Nous n’avons qu’une petite année devant nous. Comment s’y prendre ?

– par Bernard Boutin

Un déplacement à Berlin, un déplacement aberrant

noble causeLe nombre et la vigueur des réactions au déplacement de Manuel Valls à Berlin aux frais des contribuables ne peuvent que réjouir le citoyen qui aspire véritablement à une république exemplaire.

Manuel Valls a envoyé au trésor public un chèque de 2.500 euros pour tenir compte de la présence de ses enfants dans l’avion emprunté par le ministre. Le compte n’y est pas, car on réalise bien que le voyage avec ou sans eux a le même coût (environ 18.000 euros). La seule question qui vaille est : ce déplacement avait-il un intérêt pour le pays? Si ce n’est pas le cas, et les premières déclarations du ministre tendaient à le montrer, c’est l’intégralité du coût qui doit être remboursée. Il reste une zone d’ombre, mais elle est bien mince, en raison de toutes les affaires liées au football. On ne peut écarter totalement l’hypothèse (peu agréable) de compromissions, peut-être en lien avec le Qatar, qui justifieraient un examen au plus haut niveau de l’État. Mais pourquoi fallait-il un déplacement à Berlin alors que Michel Platini se rendait à Paris dans les deux jours qui suivaient ?

Le temps d’un premier ministre est compté ; on ne peut le blâmer de prendre quelques instants de détente. Il est même touchant qu’il l’ait fait avec ses enfants. Mais le faire aux frais des contribuables n’est pas acceptable et constitue un bien mauvais exemple. Par ailleurs, et cela n’a guère été observé, ce faux pas n’est-il pas un signe que le communautarisme n’est en rien banni des cercles dirigeants, car ce match engageait la contrée d’origine de M. Valls. Gageons que les réactions des Français eussent été bien différentes s’il s’était agit d’aller soutenir une équipe nationale. Pour ma part, je vois un soutien à une addiction à ce qui s’apparente à « l’opium du peuple ». Et malheureusement, cet opium sent mauvais, avec toutes les affaires qui ont illustré le football (et quelques autres sports médiatiques).

Passons sur ces aspects secondaires. La leçon qu’il faut tirer de cette affaire est qu’un grand désir de transparence et de moralisation de la vie publique anime nos concitoyens. De sorte qu’il faut absolument prendre des mesures drastiques pour juguler les abus et les coulages, à tous les niveaux. Si l’on veut que les citoyens ne se détournent pas de la politique, qui effectivement doit appréhender des sujets bien plus importants, le redressement est à ce prix, y compris au niveau local.

                                                                                                                                                              –  par  Paul Itaulog

TIME Magazine et Marine le PEN

marine-le-penLe magazine TIME vient de dresser sa liste, pour 2015, des « 100 personnalités les plus influentes du monde ». Parmi elles : Marine le Pen.

Présente, à New York, au Gala des 100 personnalités, Marine Le Pen s’est félicitée qu’on reconnaisse son parti comme « un mouvement politique important qui monte ».  Cette distinction, « est un symbole, qu’outre-Atlantique, on considère que le Front national est un mouvement sérieux, un mouvement de gouvernement, et que peut-être dans quelques mois il y aura en France des changements importants » a expliqué Marine Le Pen.*

Mais voilà, parmi les « 100 » se trouvait aussi Kim Jong Un, dictateur de la Corée du Nord, Abubakar Shekau, sinistre « tête pensante » de Boko Haram ou encore Vladimir Putin dont l’Europe a pu constater l’influence en Ukraine.

Bref, être dans le classement des 100 de TIME, c’est le preuve que l’on est connu, influent, pour le meilleur comme pour le pire, mais pas certainement reconnu.

Il n’est pas inintéressant de lire les motivations qui font que tel ou tel apparaît dans ce classement. Elles sont souvent signées de plumes reconnues.  Angela Merkel est franchement louée pour son engagement sur l’Ukraine par le Président Poroshenko (au passage, il « zappe » complètement le Président Hollande) ou encore, Barack Obama ne manque pas de mettre en avant la profondeur de vue de Narendra Modi, premier ministre indien.

Pour argumenter la présence de Marine Le Pen dans le classement, pas de « plume politique » renommée. C’est à la journaliste, Vivienne Walt, qui écrit pour TIME depuis Paris, que revient de nous dire le pourquoi de cette présence dans le « TOP 100 ». Résumé  : « Il y a un an, Marine Le Pen avait dit à TIME que le FN serait au pouvoir dans la décade à venir. Un cauchemar pour ces millions (de Français) qui voient dans son message, la France aux Français, un patriotisme excessif  (anglais : jingoism).

Sa prédiction ne semble plus absurde. Le Pen a su transformer en or, l’exaspération des électeurs, en mélangeant charme et ambition lors d’élections locales et européennes, avec une campagne anti-Europe et anti-immigration.

Cela a fait d’elle la personnalité dominante de droite (anglais : leading right-winger) en Europe, donnant par là-même aux politiques du continent, avec les mêmes idées, une dose d’éligibilité.

Ce mois-ci, elle a finalement rompu avec le fondateur du Front National, Jean-Marie Le Pen, à l’anti-sémitisme toxique.

L’analyse se corse alors : « Le Pen a un fort attrait pour beaucoup de Français, qui sont face à un mur avec un « élitisme politique asphyxiant » (anglais : asphyxiating political élitism) et une croissance proche de zéro.

Le message alors aux autres dirigeants politiques français, les Sarkozy, Juppé, Bayrou, Hollande, Valls etc. : « Pour stopper sa course vers le Palais de l’Elysée, les ternes (anglais : lackluster) dirigeants devront se défaire de leur style sans ambition, ni résultat (anglais : ineffectual, gutless style) et proposer une révolution personnelle plus attractive (anglais : mount a more appealing revolution of their own)»

« Gutless » se traduit aussi par « ne rien avoir dans le ventre ». Osez, Messieurs les Politiques. Proposez votre « Révolution », avant qu’il ne soit trop tard…

– par Bernard Boutin

* source : http://www.huffingtonpost.fr

Faut pas rêver !

imagesLa suppression des départements, et, corollairement, le renforcement des intercommunalités découlaient, semble t-il, du bon sens le plus élémentaire. Du reste toute l’Europe l’a fait depuis des décennies.

Le couple HOLLANDE-VALLS, auquel les temps actuels ne prêtent pourtant pas toutes les vertus du monde, avait cependant, courageusement, mais apparemment naïvement, projeté de le faire. C’était sans compter avec le lobbying des « élus locaux » (et des autres qui ont généralement été d’abord des élus locaux ou continuent de l’être  sans trop d’état d’âme à propos du cumul des mandats !). Comment pour eux, en effet,  la France continuerait-elle d’être la France sans plus d’un demi-million d’élus. C’est à dire autant que tous ceux du reste de l’Europe ?

Alors on a voté !  Et une vague bleue a submergé une précédente vague rose. Et des milliers d’emplois de complaisance bleue vont s’ajouter à ceux de la précédente complaisance rose. Dans la situation financière actuelle de la France, c’est une très bonne idée !

Et, à propos « des intercommunalités », récemment, à Bidache, le Préfet, quant à lui,  a suggéré que, revenant aux principes qu’ils ont  invoqués à l’époque pour justifier leur création, les « élus locaux »  reviennent à la notion aussi fondamentale qu’économique de cohérence territoriale. Et ainsi, pour ce qui le concerne, il verrait bien une huitaine de « territoires béarnais ».  C’est à dire, exclue l’agglo de Pau, en gros le module européen.

En réponse ? Pitoyable réquisitoire d’élus locaux plus notables par leur capacité à flatter leur « clientèle » qu’ à affronter des réalités incontournables.

A ces jeux irresponsables, décréter le Front National d’indignité républicaine ou faire l’Europe un bouc émissaire, n’empêcheront pas beaucoup, et de plus en plus, de juger lucidement ceux qui depuis un demi siècle ont parasité la démocratie et ainsi contribué, alternativement et successivement, à cette faillite morale et économique qui nous accable tous aujourd’hui !

Juger puis, démocratiquement espérons-le, les rejeter ! Et alors ? Alors il ne faut pas rêver ! Quoiqu’il arrive. Ce ne sera pas facile de « réenchanter la France » !

 

                                                        Maurice Meireles – Pontacq

Paroles d’amour

medefLes paroles d’amour ne valent pas les actes d’amour. Cela a été dit par un des dirigeants de la droite à la suite de l’intervention de M. Manuel Valls devant l’université d’été du Medef à Jouy-en-Josas. Mais elles peuvent faire du bien, et nos poètes le savent.

En l’occurrence, il est peu question de poésie, mais plutôt d’espèces sonnantes et trébuchantes. Pour qu’elles ne trébuchent pas, il n’est pas mauvais de rappeler les promesses a-t-on pensé de part et d’autre. Et lorsqu’il s’agit de 40 milliards, mieux vaut ne pas égarer le magot. De plus, il ne s’agit pas seulement d’argent mais aussi de mesures de simplification, d’économies budgétaires et d’assouplissements dont on ne souffle mot. De quoi donner la fièvre à la gauche de la gauche.

Celle-ci pourrait avant tout rappeler que l’amour partagé, c’est encore mieux. Et que le patronat a promis l’embauche d’un million de travailleurs. Peser pour que cette promesse soit tenue ne représente pas un vain objectif lorsque l’on représente la France qui souffre. Faire baisser le chômage, c’est redonner de la fierté à ceux qui sont privés d’emploi. C’est aussi injecter du sang neuf dans l’économie et faire redémarrer la consommation et soulager les comptes publics.

Or cette promesse tarde à être tenue. Pourtant, le virage libéral que notent les observateurs ne date pas du 27 août. Le rapport Gallois, le pacte de responsabilité et le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) ont plusieurs mois d’existence. Le moins que l’on puisse dire est que leurs effets ne se font guère sentir. Il est grand temps d’enclencher la mécanique. Les questions idéologiques ne peuvent passer qu’après, surtout aux yeux des chômeurs.

Ces questions vont cependant agiter nos politiques, surtout dans une région sensible à la critique et à la contestation. Il serait dommage qu’elles jettent l’oubli sur des mesures concrètes qui pourraient être prises. Parmi celles-ci figure une certaine solidarité entre les entreprises. Une aide mutuelle à l’exportation, une information partagée en matière d’innovation, de réglementation, de prospection ou de commercialisation peut renforcer le tissu économique régional. Une usine qui ferme, c’est aussi une souffrance pour les entreprises du voisinage. A l’inverse, une entreprise qui recrute et se renforce, c’est pain bénit pour les artisans et les commerçants de l’entourage. C’est d’ailleurs un artisan réjoui de l’arrivée annoncée de 2000 employés de Total au Centre Jean Féger qui me soulignait ce fait. Pourvu que ses espoirs ne soient pas déçus !

                                                                                      Paul Itologue

A l’horizon 2021

imgres C’est en effet dans sept ans, selon, les engagements ou promesses du nouveau Premier Ministre, Manuel Valls, que l’inénarrable millefeuille français va connaître enfin une évolution. Sept ans, c’est long c’est surtout le temps qu’il faut pour que l’on risque oublier ce qui n’est encore qu’un projet aux contours mal définis. Pour y parvenir, beaucoup d’eau doit encore passer sous le pont.

 La première difficulté réside dans l’attitude des élus actuels qui ont déjà commencé à faire entendre leur voix. Je suis  élu  par la volonté du peuple et je n’en sortirai que … on connait la suite. Avec ce principe et ces réactions on comprend bien que le premier obstacle est de taille et qu’il n’est ni prêt d’être franchi ni prêt d’être contourné. Le Sénat va peser de tous son poids pour que ces « grands électeurs » à qui ses membres doivent leur mandat, ne disparaissent pas. De Gaulle avait raison en 1969, de vouloir dans un premier temps supprimer le Sénat dans son rôle législatif et ne lui donner comme mission que la gestion de la décentralisation. Il n’y était pas parvenu et désavoué, s’était senti contraint à la démission.

La deuxième difficulté est d’ordre constitutionnel. L’existence des départements est en effet inscrite dans la constitution et les supprimer doit obligatoirement passer par une réforme constitutionnelle. On le sait, il existe deux moyens possibles pour réformer celle-ci, le référendum ou la convocation du parlement en congrès à Versailles. Rappelons que le parlement est la réunion des membres de l’assemblée Nationale et de ceux du Sénat. Si c’est ce moyen qui est choisi, rien n’assure que la réforme sera entérinée. Il y a 577 députés et 348 sénateurs, la majorité n’est pas acquise. Par contre un référendum aurait plus de chances d’aboutir tant les Français, comme ils viennent entre autres de l’exprimer par leur vote aux municipales,  sont opposés à cette superposition de strates qui coûtent cher. Une grande part de leur défiance vis-à-vis du monde politique, on le sait par les sondages, vient de là.

La troisième difficulté vient du temps, du temps à s’écouler entre ce discours d’un premier Ministre visant à obtenir la confiance et le moment où sera mise en musique cette disparition annoncée des départements. Sept à huit ans, c’est le temps d’un oubli pour l’électeur moyen, mais c’est surtout le temps  d’une autre majorité au pouvoir  qui ne se sentira surtout pas tenue par les promesses de ses prédécesseurs.

Les départements vont-ils totalement disparaître ? Pas si sûr. Déjà et c’est une bonne chose, la compétence générale des départements et des régions qui avait été abandonnée par la majorité précédente puis remise en vigueur en décembre 2013 par l’actuelle majorité vient à nouveau d’être abandonnée. Ainsi ces chevauchements coûteux pour les contribuables devraient disparaître.

Et notre département des Pyrénées Atlantiques, il sera rattaché à quelle région ? Voyez, le simple fait de poser cette question prouve que l’on n’est pas encore disposé à oublier l’échelon départemental.

 

Pau, le 10 avril 2014

Par Joël BRAUD

P

Hollande doit-il dissoudre ?

assemblée nationale

La situation française est extrêmement critique. Une fronde se constitue dans l’aile gauche du PS contre la ligne Hollande qui pourtant jusqu’à présent n’est faite que de mots.

Manuel Valls n’aurait donc pas de majorité pour défendre sa ligne qui s’appuie principalement sur le pacte de responsabilité et par une économie de 50 milliards sur les dépenses publiques en vue de passer sous les 3% de déficits. Ligne bien douce par rapport à ce qui attend la France en réalité.

Que proposent ces parlementaires, où on retrouve bien sûr notre inénarrable députée Nathalie Chabanne élue par une majorité de Béarnais de droite et du centre ?

« 1 Obtenir une réorientation européenne par un plan de relance contre la déflation et une révision des règles budgétaires insoutenables et ennemies de la croissance et de l’emploi.

 2 Concentrer les moyens publics sur la création réelle d’emplois et, ainsi, intensifier le redressement productif.

3 Défendre des décisions de justice et de pouvoir d’achat. »

Traduction : lancer un plan de relance européen, basé sur des emprunts massifs (on parle là de plusieurs milliers de milliards, garantis bien sûr par l’Allemagne…) Ben voyons ! Ce seraient donc les cigales qui voudraient piller les fourmis.

Pour quoi faire de ces milliards ? Bien sûr relancer la consommation par le pouvoir d’achat, au grand profit de la Chine et de nos partenaires européens puisque notre balance commerciale est calamiteuse.

« Les Français n’ont pas changé depuis le 6 mai 2012, ils sont déçus. Ils ne sont pas versatiles, ni ralliés à l’UMP qui n’a rien d’autre à proposer que la dérégulation et l’austérité. Il est impératif d’exprimer une vision claire et offensive du futur de la France et de son rôle en Europe. Les Français ont le sentiment que la politique qu’ils avaient choisie n’est pas assumée. Ils nous l’ont dit dans les urnes. »

L’erreur de diagnostic est incroyable ! En mai 2012, une petite majorité des Français n’a pas voté pour Hollande et son programme démagogique, mais contre Sarkozy. Et quand même pas loin d’un sur deux s’est  exprimé en sa faveur…

Certes, il y a bien une petite minorité de Français, qui pensent qu’il faut continuer à s’endetter en ne se préoccupant pas de ce qui se passera demain. Mais une immense majorité a compris qu’on ne peut pas continuer à vivre en faisant des dettes qui seront payées par nos enfants, qu’on ne peut multiplier sans cesse les emplois dans la fonction publique. Ils l’ont d’autant mieux compris que nos voisins européens montrent qu’une politique de rigueur obtenant des résultats est tout à fait possible.

Heureusement l’Europe est là pour nous protéger de la faiblesse de nos dirigeants. Allez Angela, tiens bon! ( « L’Europe dans la main d’Angela » 28 novembre 2011)

Ces trublions irresponsables demandent que Hollande respecte son programme, il faudrait leur rappeler qu’il prévoyait le retour à l’équilibre budgétaire en 2017 !!! On en sera loin puisqu’il vise maintenant 3% de déficit par rapport au PIB soit un objectif rabaissé de plus de 90 milliards d’euros !

Devant cette situation ubuesque, qui ne peut que durer, la dissolution semble inéluctable. Elle permettrait de remettre un peu de réalisme dans la vie politique française, mais Hollande en aura-t-il le courage ?

A défaut, un gouvernement Valls condamné au compromis avec ses députés irresponsables ne fera qu’aggraver la crise française.

Pauvre France !

 

par Daniel Sango

Magnats

images3Le mot est devenu légèrement péjoratif. Mais, à l’origine, « magnates » signifiait grand ou puissant. Il ne sera ici question que des puissants de la chose publique.

Pour les puissants des médias ou du spectacle, la seule chose qui compte, c’est que l’on parle d’eux, que ce soit pour les louer ou les fustiger. Ainsi, ce n’est pas Jean Dieudonné, l’auteur à l’esprit encyclopédique de « Pour l’honneur de l’esprit humain » qui est connu du public, mais un histrion au geste exécrable. Hélas, il semble qu’il en soit aussi un peu ainsi dans le domaine de la politique. Un homme politique qui traîne une série de casseroles sera aisément considéré comme une victime dont le retour sera impatiemment attendu.
La notoriété a cependant du bon. Elle peut permettre d’aider de plus petits que soi, comme le font Manuel Valls et Alain Juppé. Elle peut attirer le regard sur une cause ou une ville. Ainsi, les téléspectateurs auront pu voir le scintillement de la neige des Pyrénées à la fin du journal télévisé de France 2 ce 12 mars. Le 27 février, c’est François Bayrou et le MoDem qui occupaient toutes les colonnes de la une d’un quotidien national, « L’Opinion », il est vrai encore assez confidentiel. La teneur de l’article était assez critique, comme son titre : « MoDem : le bazar des hôtels de ville ».

Dix cas de figures pour les alliances du Modem pour les municipales étaient recensés. Il n’est pas certain cependant que ce que le journal qualifie de « désordre » nuise à la candidature du Président du parti. Bien des Français sont eux-mêmes suffisamment désorientés pour ne pas condamner une ligne politique mouvante. D’ailleurs, l’intéressé pourrait arguer du fait que ses choix profonds n’ont pas changé et qu’il n’a fait que condamner des dérives en tous genres et un laxisme que nous payons au prix fort aujourd’hui après 600 milliards de déficits supplémentaires et une montée du chômage. En fait, il est probable que ce seront les listes socialistes qui paieront le désamour que l’on constate pour l’exécutif alors que la gestion des villes a peu à voir avec les mesures prises au niveau national. Et que d’ailleurs, lorsqu’un peu de recul permettra de porter un regard plus serein et lucide, on s’apercevra que beaucoup de ces mesures vont dans la bonne direction, c’est à dire vers le redressement du pays, le dialogue social, une meilleure formation professionnelle, une amélioration de la compétitivité des entreprises, une plus grande équité.

Ces paradoxes devraient conduire à porter plus d’attention aux projets qu’aux étiquettes politiques et devraient inciter à s’intéresser plus aux petits candidats. Si seulement on pouvait s’attendre de la part des grands à un peu de magnanimité afin de laisser plus de place aux adversaires d’hier au sein des conseils d’agglomération ! N’offrir que des strapontins à une liste qui n’a été devancée que de quelques centaines de voix, comme cela a été le cas lors des dernières élections n’est pas une bonne pratique. Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice. Faudra-t-il attendre encore longtemps une France pacifiée, solidaire pour aller de l’avant et pour résoudre les problèmes que nous affrontons ?

Paul Itologue