Résurrections

resurrectionIl est probable que vous ne vous attendez pas à sa « résurrection ». Souhaitons que ce ne sera pas le cas, même si un imprévu n’est pas impossible.

 Ce ne serait pas un bien pour le pays de voir M. Strauss-Kahn revenir sur le devant de la scène. On ne pourrait pas écarter le risque de voir une nouvelle affaire éclater au grand jour, et l’image de notre pays s’en trouverait écornée.

En revanche, il semblerait que 8 militants sur 10 de l’ex-UMP soient favorables au retour à la tête du pays de M. Sarkozy. Ils ne peuvent pourtant pas ignorer qu’un grand nombre d’affaires risquent de faire surface ou de refaire surface. Certes, l’ancien avocat sait se protéger. Certes, la justice ne peut exprimer de condamnation sans preuves formelles. On l’a vu avec l’affaire Bettencourt. Sans témoignage irréfutable, M. Sarkozy et M. Woerth ont été relaxés. Mais qui peut croire que le candidat à l’élection présidentielle et son responsable financier ne rendaient visite à la vieille dame que pour s’entretenir de l’état des caniveaux de Neuilly-sur-Seine ? Dans une affaire aussi grave, puisqu’il s’agit ni plus ni moins de savoir si un candidat à l’élection suprême aurait tenté de fausser le suffrage universel alors qu’il avait la responsabilité au plus haut niveau de faire respecter la loi, peut-on se contenter des déclarations d’un Eric Woerth ou d’un Patrice de Maistre ? Le premier clamait qu’une « muraille de Chine » le séparait des intérêts de sa femme. Mais dans son second procès, le tribunal a déclaré : « il est bien établi qu’Eric Woerth est bien à l’initiative de la demande de Légion d’honneur pour Patrice de Maistre, dans des conditions totalement atypiques ».  Le sens commun indique aussi que recruter Mme Woerth pour une activité d’optimisation fiscale pouvait avoir un certain intérêt pour M. de Maistre? Et que par ailleurs il est douteux que M. Woerth ait pu ignorer l’état de faiblesse de la vielle milliardaire. Peut-on  accepter que M. de Maistre se refuse à dire où allaient les 400.000 euros reçus deux jours avant une rencontre avec M. Woerth, trésorier de l’UMP,  « coïncidence pour le moins étrange »  (le tribunal dixit)? Peut-on exclure qu’un jour la lumière sera faite sur cette affaire ?

Les journalistes d’investigation et les juges ne resteront sans doute pas les bras croisés. D’ores et déjà, des doutes se font jour sur des versements à M. Guéant pour la vente de tableaux anciens, en rapport avec une autre affaire. Et cette fin de semaine, le magazine du Monde, « M », révèle une autre affaire de probable corruption liée à des ennuis juridiques  d’oligarques du Kazakhstan (48 chefs d’inculpation pour l’un d’eux) et à une vente d’hélicoptères (cela change des frégates…). Autour de M. Guéant, on trouve un ancien préfet, J.-F. Étienne des Rosaies et un sénateur UDI du Gers, Aymeri de Montesquiou, ainsi qu’une collaboratrice du célèbre avocat Jacques Vergès qui a révélé des versements en espèces. L’enquête révèle la participation de bien d’autres personnages, connus ou non du grand public. Elle est digne des meilleurs romans policiers.

Il se peut que M. Sarkozy réussisse  à passer entre les gouttes une fois encore. Il se peut qu’il réussisse à convaincre qu’il a changé, même s’il ne peut cacher sa hargne envers F. Bayrou (« Le bègue ») ou F. Fillon « (Je le veux à terre et sans oxygène »).  Il se peut que son OPA sur l’UMP soit un succès et que sa nouvelle dénomination ne fasse pas trop penser aux faucons républicains de MM. George Bush père et fils dont le monde paie encore les erreurs stratégiques.

Mais le pays manque-t-il à ce point d’hommes (ou de femmes) nouveaux et d’idées nouvelles ? Sa soif de transparence et d’intégrité est-elle à ce point si faible ?

 

Paul Itaulog