A Orthez, Bernard Molères, maire PS, ne se représente pas. Emmanuel Hanon, 1er adjoint chargé des finances de la ville depuis 6 ans, tentera en mars d’assurer sa succession. Il trouvera sur sa route deux candidatures : celle de Bernard Cazenave qui était présent, en 2008, sur la liste du maire précédent Thierry Issartel. Il trouvera aussi Yves Darrigrand, associé à Bernadette Prada, bien connue des Orthéziens puisque élue à la ville de 1989 à 2008. Yves Darrigrand, tête de liste « Oser Choisir » et candidat sans étiquette, répond aux questions d’AltPy.
AltPy – Quel regard portez-vous sur la mandature qui s’achève ?
Yves Darrigrand – Je mets en regard le programme de l’équipe municipale il y a 6 ans et la réalité de la situation aujourd’hui. Au programme 5 postes d’investissement lourds : plaine des sports, maison des associations, le pôle santé, la dynamisation(sic) et le contournement. Aucun n’a été réalisé. Seul, le dossier du contournement de la ville a avancé dans ce qu’il avait de moins urgent. Le centre ville est en déshérence avec des magasins qui ferment chaque mois. Le seul investissement (considérable) qui a été réalisé est celui d’un cinéma mal situé et qui, surtout, ne figurait aucunement dans les priorités annoncées. Sa réalisation a porté l’endettement de la ville à un niveau record. Dans le même temps, la fiscalité directe locale (Taxe d’habitation et taxe foncière) a bondi de 33%, atteignant un niveau insupportable pour beaucoup d’Orthéziens.
AltPy – Quels sont les principaux grands enjeux auxquels est confrontée la ville d’Orthez (en dehors du thème de l’emploi) ?
Yves Darrigrand – L’enjeu n°1 est celui de la revitalisation du Centre Ville qui doit tenir tête à deux grands pôles commerciaux périphériques et qui s’enfonce dans une paupérisation (habitat) et une désertification économique alarmantes. Nous avons placé ce problème au cœur de notre programme.
L’enjeu n°2 est de permettre aux Orthéziens de rester à Orthez : l’augmentation des taxes locales est un élément d’exil vers les communes environnantes avec lesquelles le différentiel de taux est considérable.
L’enjeu n° 3 est le désendettement durable de la ville par un contrôle rigoureux des dépenses et une recherche plus ardente de subventions pour les chantiers de rénovation de la ville.
L’enjeu n°4, plus large, tient à la fusion des communautés de communes d’Orthez et de Lacq. Effective depuis le 1er janvier 2014, elle a été mal préparée et exige aujourd’hui qu’Orthez se fasse entendre dans un dialogue empreint de respect et d’équité.
AltPy – Quelles réponses comptez vous y apporter ?
Yves Darrigrand – La revitalisation du centre ville est un travail de longue haleine. La réponse est forcément plurielle. La première réponse, incontournable, est de sortir les poids-lourds en transit du centre ville (Place d’Armes) : pour cela il n’y a qu’une solution qui n’a pas été mise en œuvre avec l’énergie qui convient : la réouverture d’un échangeur d’autoroute à l’Ouest d’Orthez ( la Virginie). Nous nous y attaquerons dès le lendemain des élections. .Mais il faut en même temps engager des chantiers aussi bien sur l’esthétique de la ville (voirie, places à aménager, rénovation du patrimoine) que sur l’activité culturelle, artistique, et sur l’accompagnement des acteurs économiques ( commerçants, artisans, industriels…). Nous mettrons en place un pôle élus-professionnels pour assurer l’accueil, l’accompagnement et l’implantation de ces activités.
Enfin, nous nous sommes engagés à ne pas augmenter les taux communaux pendant la durée de notre mandat.
AltPy – L’emploi est la préoccupation première des français et donc des Orthéziens. Elu, quelles actions souhaitez-vous engager pour favoriser la création d’emplois ?
Yves Darrigrand – Sur ce sujet, tous ceux qui se sont engagés dans des promesses ont du faire machine arrière ! Mais comment ne pas imaginer que la revitalisation de la ville, l’implantation de nouvelles activités, l’animation culturelle, artistique, touristique (Orthez dispose de beaux atouts !), le projet de rénovation du site de la Minoterie (aujourd’hui friche industrielle négligée par les élus) , le développement des circuits commerciaux pour les producteurs locaux ( maraîchers …) ne créent pas une dynamique nouvelle et porteuse d’espoir dans le domaine de l’emploi ?
AltPy – En quoi votre méthode de gouvernance serait-elle différente de celle de l’équipe municipale actuelle ?
Yves Darrigrand – Notre équipe rassemble suffisamment de talents pour nous permettre d’envisager un mode de gouvernance différent. Nous comptons réduire le nombre d’adjoints (7 au lieu de 9) et répartir des délégations ciblées au plus grand nombre de conseillers pour que le terrain des préoccupations soit mieux couvert, l’écoute de la population plus précise, les décisions mieux informées et mieux suivies.
AltPy – Quel rôle êtes-vous prêt à donner à l’opposition municipale ?
Yves Darrigrand – L’esprit de notre équipe est un … esprit d’équipe ! nous partagerons avec les conseillers d’opposition qui l’accepteront le partage des tâches et des responsabilités, dans le souci du bien commun. Nous le ferons parce que nous n’avons pas de parti pris idéologique ni de tutelle politique contraignante.
AltPy – Quelle place donnerez-vous au conseil de quartier, référendum d’initiative populaire ou toute autre méthode pouvant amener les citoyens à participer à la vie de la cité ?
Yves Darrigrand – Orthez est une ville de 11000 habitants. Les réunions de quartier organisées par l’actuelle équipe municipale ont lassé les participants. Rien ne s’y passe. Nous réfléchissons à l’idée de donner à chaque quartier d’Orthez la possibilité de se munir d’un Conseil de Quartier qui rassemblerait les questions, les projets, les attentes et les présenterait au Conseil Municipal qui aurait ainsi une vue d’ensemble permettant de hiérarchiser équitablement les projets pour la durée du mandat.
Je n’imagine le référendum d’initiative populaire que sur une question lourde qui surviendrait en cours de mandat, n’aurait pas été formulée pendant la campagne et ne figurerait donc pas dans le programme qui engage les élus. Il ne faut donc ni en faire l’excellence de la démocratie ni en exclure la possibilité. Le referendum doit respecter l’élection.
AltPy – Comment envisagez vous la place de votre ville dans le cadre de la Communauté de Communes de Lacq-Orthez ? Quelle est votre position par rapport à la Présidence de celle-ci ?
Yves Darrigrand – Orthez est la commune la plus importante de la CCLO. Elle est nantie d’une richesse historique, patrimoniale, culturelle qui aurait dû en faire la « capitale » de la CCLO. En réalité, pour des raisons politiques qu’il appartiendra à chacun de discerner, la fusion s’est pratiquée sur le mode de la jonction : Orthez rejoignait Mourenx/Lacq, la petite CCO rejoignait la grande et riche CCL. La marque symbolique forte de ce que nous disons est inscrite dans le logo de la CCLO qui a gardé, intact, le logo de la CCL … en y joignant simplement le O. Nous tenons à la fusion, c’est à dire à la naissance d’une entité nouvelle, véritablement nouvelle où chacun va pourvoir être entendu et faire valoir sa personnalité. Nous allons dans cette nouvelle entité avec un désir vrai d’entente, de compréhension réciproque, d’équilibre et pour tout dire d’équité.
En conformité avec ce que je viens de dire, il nous semble juste que, comme dans l’immense majorité des Intercommunalités (ex : PAU !), la présidence revienne à un élu de la commune la plus peuplée… Nous le proposerons.
AltPy – Question ouverte au sujet de votre choix
Yves Darrigrand – Extension urbaine ou rénovation urbaine ?
Il faut choisir parce qu’on ne peut pas tout faire…
Notre mandat sera celui de la restauration de notre ville. Nous n’avons pas dans notre programme de construction prestigieuse. Nous voulons faire revivre des friches industrielles qui isolent la ville de sa gare ( site de la Minoterie) ; nous voulons valoriser un patrimoine historique remarquable et mal mis en valeur ( ex : la maison Jeanne d’Albret). Nous voulons réparer les places défigurées par un manque d’entretien ou par le tout voiture. Et surtout nous voulons remettre au cœur de la ville l’activité qui fait battre son pouls et réjouit ses habitants. Beaucoup de notre travail depuis un an s’est attaché à cela. Nous avons l’équipe pour le réussir !
– propos recueillis par Bernard Boutin