Les résultats du premier tour à Pau donnent une avance importante à François Bayrou (41,85%). David Habib (25,77%) et Yves Urieta (13,21%) sont qualifiés comme prévu, ce dernier faisant la preuve d’un socle électoral solide. La semaine entre les deux tours va consister pour David Habib à obtenir les accords de soutien du front de gauche et des verts. Les inconnues restent donc les reports des voix des électeurs du front national et des verts, une part non négligeable de ces derniers pouvant se reporter vers le centriste, ainsi que la capacité de résilience d’Yves Urieta.
Ces résultats confirment les impressions et sondages des deux dernières semaines, qui ont vu d’une part un François Bayrou prenant le large dans une campagne dynamique et à l’ambiance joviale, d’autre part un David Habib et son équipe conscients de leur retard, et engagés dans un dernier sprint final marqué par les visites de Manuel Valls et Philippe Martin et par une agressivité croissante à l’égard de F. Bayrou et de ses colistiers à l’approche de l’échéance ; enfin un Yves Urieta en manque de souffle, contraint d’en appeler aux pétro-dollars.
Auto-hypnose
David Habib et son équipe avaient beaucoup misé sur la visite de Manuel Valls, censée représenter un contrepoids au moins équivalent à la venue d’Alain Juppé pour François Bayrou. Cette visite sans doute trop tardive pour avoir une chance de redresser la tendance laisse, en outre, une impression mitigée, tant les discours se sont résumés à une longue litanie anti-Bayrou ponctuée des acclamations et huées des militants. Face à l’évidence du besoin de changement réclamé par les Palois, on a donc fait appel, dans un palais Beaumont sécurisé par 18 cars de CRS, à la mythologie paloise et à la méthode Coué, qui André Labarrère, qui « pourquoi nous allons gagner », Manuel Valls appelant lui de ses vœux à ce que la ville reste « à gauche, à gauche, à gauche ». Un discours plus de nature à galvaniser des troupes abattues par une campagne minée par les divisions internes. Un meeting dont les organisateurs se félicitaient avec, disaient-ils 1200 à 1400 personnes. Un chiffre repris religieusement par la République des Pyrénées tandis que Libération, quotidien pourtant classé à gauche, en comptait lui 750…
Peu de temps avant, c’était le ministre de l’Ecologie, Philippe Martin qui était venu soutenir David Habib. Mais il n’est pas certain que la visite d’un ministre inconnu du grand public, qui plus est remplaçant au pied levé de la très médiatique Delphine Batho, soit de nature à améliorer substantiellement le report des voix des verts au second tour au profit du socialiste. Il faut dire qu’entre ce dernier et la liste d’Eurydice Bled, les rapports ne sont pas au beau fixe. Les négociations s’annoncent âpres.
L’ombre (de) Duchateau
David Habib ne s’est pas arrêté là dans cette dernière ligne droite. Il a aussi abordé le sujet de la communauté d’agglomération, sujet d’ailleurs bien absent du discours de l’ensemble des candidats. C’est donc le potentiel futur Président de la communauté d’Agglo, André Duchateau qui s’est exprimé, dans un discours dont on a retenu deux choses. D’abord que « les petites communes seront bien traitées » ; Est-ce que ça veut dire qu’elles ne l’étaient pas jusqu’à présent ? Ensuite qu’il n’y aurait pas de « régressions des ressources », ce qui confirme si besoin en était, que la maîtrise des dépenses publiques ne sera pas la priorité de la mandature Habib. Au final, on a la confirmation que M. Duchateau, l’héritier naturel de Martine Lignières-Cassou abandonné au front par sa Maîtresse, est bien le talon d’Achille de David Habib.
Affairisme et réseaux
Yves Urieta lui, a bien résisté, diront certains, en atteignant 13%. Ceux qui l’ont rencontré aux halles il y a deux mois se rappellent peut-être qu’il estimait pouvoir arriver premier. On en est loin. Pourtant, à l’approche finale de l’élection, il a sorti l’artillerie lourde, ou plutôt dans le cas présent s’agit-il d’un feu d’artifice, un fond de pension irakien présidé par une mystérieuse Béatrice Ararat. Ce fonds de pension qui financerait sans contrepartie connue une banque d’investissements et le stade du hameau à PAU, serait attiré à Pau par la personnalité hors norme de M. Urieta. Une bien piètre tentative en vérité de brader Pau aux pétro-dollars du golfe persique. Affairisme et réseaux clientélistes sont tout ce qui se dégage de cette gesticulation désespérée. S’agit-il d’un jugement trop sévère ? Peut-être, mais ce que je sais, c’est que ce Pau là, je n’en veux pas.
Et derrière..
Les autres candidats sont loin derrière. On remarque que le front national a quand même réussi à obtenir la 4è place (6,74%), tandis qu’Eurydice Bled double sur le fil un Olivier Dartigolles en perte de vitesse depuis un mois. Si ce dernier n’a guère le choix quant à son alliance pour le deuxième tour, les choses sont plus compliquées pour les verts, dont la base est très rétive à faire alliance avec l’homme fort de Mourenx, car les valeurs de ce dernier, autoritarisme et industrialisme ne font pas franchement rêver les premiers.
Bravo Mehdi
Cette campagne s’achevant bientôt, je voudrais rendre ici un hommage à la liste de Mehdi Jabrane, Pau’pulaire. Une liste qui n’a sans doute pas obtenu un grand score, mais qui a apporté une fraîcheur démocratique à des années lumières des appareils politiques ou des réseaux de notables. Qu’il lui en soit rendu grâce..
Dans une semaine, nous connaîtrons donc le prochain Maire de Pau. Un Maire qui sera, espérons-le, un signal fort de changement et de renouvellement. Vous aurez compris de qui je parle…
Adixat ! A la semaine prochaine
par Emmanuel Pène
Twitter @epene64