J’avais pris connaissance de cette manifestation (qui s’est déroulée à Pau du 18 au 22 septembre 2017) très tardivement et ai été surpris par le manque de couverture médiatique (cf. rubrique défouloir A@P). Aussi je me décide à développer quelques impressions sur les ateliers auxquels j’ai assisté.
Au préalable, je précise (et rappelle) que les intervenants étaient des spécialistes reconnus et que les tables rondes, avec essentiellement des élus, m’ont paru d’un bon niveau.
L’assistance m’a semblé majoritairement constituée d’étudiants et d’universitaires (dont M. Tesson et Mme Douence, géographes, qui ont également participé aux débats), de salariés de l’agglomération ainsi que de quelques élus et professionnels (architectes par exemple).
A. Atelier I : « Quels défis et modèles pour la ville intermédiaire : vers la ville frugale ? »
Cet atelier a été marqué par l’intervention de Jean Haëntjens (auteur de « La ville frugale ; Fyp éditions ; 2011 »).
La notion de « ville frugale » tend à définir une direction plus précise que celle de « ville durable » dont les priorités ne sont plus lisibles (le terme « durable » est souvent galvaudé). La « ville frugale » a pour priorité d’offrir plus de satisfactions à ses habitants en consommant moins de ressources. Ce scénario serait adapté aux villes européennes compte tenu de conditions techniques, sociétales, énergétiques ou géopolitiques.
La table ronde a abordé les thèmes de la ville et de ses commerces ainsi que de la concurrence avec les zones commerciales ; thèmes largement débattus sur A@P.
Les élus (dont M. Brin qui m’a paru maîtriser son sujet) souhaitent un retour des habitants en Centre-Ville. L’automobile aura toujours sa place mais en partage raisonnable avec les autres modes de transports.
Le commerce en CV doit évoluer vers des cellules plus adaptées (surfaces plus grandes par exemple). La place de parking ne peut pas être un espace gratuit. Il a toujours un coût.
La périphérie a également ses problèmes : Les grandes enseignes cherchent à accroitre leurs revenus en augmentant les surfaces commerciales et en louant des emplacements ainsi qu’en maillant le territoire pour accroitre leur chiffre d’affaire.
M. Brin a regretté le dumping (profiter de la proximité de l’agglo sans en payer le prix) pratiqué par les communes principales du Nord de l’agglo ainsi que la passivité de l’administration lors de la délimitation des Communautés de Communes.
Les circuits courts ont été bien sûr cités. Le maire de Bosdaros dont les interventions m’ont paru pertinentes, a confirmé que dans sa commune tout le monde va au supermarché, y compris les agriculteurs.
B. Atelier II : « Le modèle de la ville archipel et la question des formes de développement hors polarités »
Cet atelier a été marqué par l’intervention de Jean-Yves Chapuis (Urbaniste et Vice-Président de Rennes métropole).
M. Chapuis a présenté l’histoire de l’agglomération rennaise et la constitution d’une structure archipel avec l’extension au Nord de l’agglo. Compte tenu des différences d’échelles entre les agglos de Rennes et de Pau, je me demande si la comparaison est pertinente.
J’ai surtout noté que Rennes avait, sur plusieurs mandatures, acquis une maîtrise foncière qui lui a permis de réaliser son projet urbain.
La table ronde a notamment abordé la question de la création de logements répondants aux souhaits des demandeurs afin de pallier l’exode en périphérie (j’ai noté les interventions très policées de M. Patriarche). L’offre foncière est à accroitre malgré la rétention parfois spéculative ou la présence de friches. Le fait que l’accroissement de la valeur du foncier profite aux propriétaires alors qu’il devrait surtout profiter à la collectivité (les propriétaires ne sont pas auteurs de cet engouement) n’a pas été évoqué.
C. Atelier III : « La slow « city », un modèle de développement adapté à notre territoire »
Cet atelier a été marqué par la présentation de Véronique Granger (Programmiste, géographe et urbaniste ainsi qu’enseignante à La Sorbone et à l’Ecole des Ponts).
Ce mouvement qui s’inspire des valeurs du « slow food » et se déploie à l’échelle mondiale (par exemple au Japon, pays précurseur des AMAP), s’adresse principalement à des villes moyennes de moins de 60.000 habitants. Il est basé, en plus de l’alimentation, sur une charte avec quelques points principaux :
- Une association de l’échelle spatiale et du rapport au temps (« chrono aménagement »). Plus que la vitesse (ou la voiture), c’est l’accélération (les changements de rythmes) qui sont combattus. Le « bien être » est recherché plutôt que le « bien vivre ».
- Ensuite, le rapport à la vie démocratique ou encore la relation au patrimoine.
- Le soin apporté au patrimoine comme l’hospitalité qui découle de ce modèle de développement, sont des leviers pour l’activité touristique. D’autre part, Nay serait engagé dans cette démarche mais n’ira peut-être pas jusqu’à la certification. Il en restera certainement quelque chose de positif.
La table ronde a débattu sur les retombées de ce modèle. Ce modèle est associé à la nouvelle « classe créative nomade » (souvent affublée du qualificatif « bobo ». Il y a peu, il était associé aux « écolos »). Pour beaucoup il s’agit encore d’une utopie mais que l’on peut qualifier de créatrice. Le développement des circuits courts ou l’engouement pour les repas fermiers le montrerait.
Le Directeur du Centre Total a d’abord indiqué qu’après 2040, le pétrole sera toujours la source d’énergie principale pour le parc automobile. Il a surtout confirmé que la qualité de vie locale ainsi que la présence d’un bassin d’emploi dynamique étaient déterminants pour convaincre des salariés (cadres ou techniciens sans doute) et leurs conjoints de venir s’installer dans la région.
Le maire de Billère a paru très attentif à ces évolutions. Il a appelé de ses vœux l’aménagement de l’axe Est-Ouest avec un BHNS et conclu qu’en plus du déploiement de nouveaux modèles de développement, l’accroissement du financement pour les collectivités était une nécessité (tout ça c’est bien joli, mais… ai-je compris).
D. Atelier V : « L’agriculture valeur d’union entre composantes du territoire »
Cet atelier a été marqué par l’intervention d’Hélène Douence (Université de Pau).
Mme Douence a présenté les 4 scénarios de l’INRA à l’horizon 2030.
( https://www6.paris.inra.fr/depe/Projets/Nouvelles-Ruralites par exemple).
La table ronde réunissait un éleveur laitier, des maraichers, un représentant de la Chambre d’agriculture également cultivateur, éleveur à Mazerolles et associé des magasins Ferm’envie ainsi que des élus.
J’ai noté le satisfécit des maraichers adressé à la mairie pour l’aménagement du carreau des producteurs locaux aux halles. Les outils de protection des terres agricoles comme les ZAP (Zone agricole protégée) à Montardon ou PAEN (Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains) ont été évoqués. Les résidents se seraient appropriés les paysages que constituent ces zones (perçues comme décor, zones récréatives pour la randonnée par exemple).
J’ai surtout noté la tension entre l’agriculture dans la filière agroalimentaire traditionnelle d’une part et les nouvelles aspirations, opportunités encore balbutiantes (qualité, santé) d’autre part. Ces tensions se retrouvaient dans les propos du représentant de la Chambre d’Agriculture :
- Sous l’effet des pressions environnementales et sanitaires qui seraient essentiellement portées par les « bobos », les agriculteurs se sentent mis à l’index. Les « bobos » ont dépassé les « écolos » dans le classement des nuisibles.
- Les agriculteurs seraient en plus abandonnés par les gouvernants. Les lois Raffarin ou Galan sur le commerce ont été catastrophiques pour l’agriculture. Ils se sentent livrés à la Grande Distribution qui se réduit à 4 centrales d’Achats. J’ajouterais que ces Centrales d’Achats sont également dans la compétition mondiale.
- En plus ils ne ressentent plus aucun respect pour leur rôle dans la société, même localement. Par exemple, lorsqu’ils utilisent la D 945 avec leurs engins pour leur travail, ils sont parfois agressés par le comportement d’automobilistes ; c’est-à-dire des périurbains et pas forcément des « bobos ». La maire d’Artigueloutan, bien présente dans les discussions comme M. Grussaute d’ailleurs, a indiqué l’opposition de résidents de sa commune à un projet d’installation d’un méthaniseur.
- Par conséquent les agriculteurs se sentiraient abandonnées aux forces de la mondialisation bien relayées au niveau européen, national mais aussi local.
En fait ce type de discours clivant est souvent prononcé en soutien aux producteurs de matériaux de base (lait, céréales, viande par exemple). Or, me semble-t-il, depuis le temps (plus d’un siècle et demi) que l’agriculture fait la course à la productivité, il fallait bien que le nombre d’agriculteur se rapproche de zéro. Les processus économiques et financiers qui sont actuellement dénoncés, étaient déjà en place depuis bien longtemps.
En tout cas, le dénigrement des uns par les autres (et réciproquement) n’est certainement pas le meilleur chemin pour surmonter les difficultés. Mais au fil des ateliers on perçoit que ce chemin, petit à petit, s’entrouvre.
En conclusion excellents rendez-vous, en attendant de trouver quelque part un compte-rendu complet et en attendant l’édition 2018.
Larouture
Il y a ,place Clemenceau pres de la Prefecture trois immeubles cote a cote de trois styles completement differents. cela depare completement le centre ville. Est ce que un descendant du Baron Haussman ne pourrait pas les faire sauter et batir qlq chose d Harmonieux ??
Messieurs Bayrou et Brin,
Vous connaissez mon parcellaire mais je le connais beaucoup mieux que vous.
Et si vous croyez continuer à m’ exproprier avec des enquetes publiques bidonnées vous vous trompez.
Et je vous assure que vous n’ allez pas continuer à exproprier ma famille en cherchant à m’,ARROSER.
Nous somme assez nombreux en France pour vous NETTOYER.
On peut tourner autour du PAU autant de fois qu’on le veut…
En attendant nous avions raison avec DS à 100000………….%
En attendant on perd l’ avion électrique(même si ce n’était que du montage suite de Mérignac) mais surtout un des PROJETS majeurs de la Nouvelle France Industrielle.
Pour emm… Bayrou qui tourne sa veste comme le vent(pendant 30 ans on pense aéroport(à Ger si besoin) puis maintenenant c’est le train…..je lui réponds le train trés bien pour le National et l’ aéroport trés bien pour l’International.
Et je m’ identifie davantage à A.Saubot pour qui il faut attirer les capitaux étrangers.
Et c’est sur qu’ à ouvrir des brèches n’ importe comment en arrosant(sauf quand Brin est réveillé par A&P) ne me parlez pas d’ OPPORTUNITES.
Pour les cliveurs, dans « capitaux étrangers » il y a HUMAIN aussi et pas forcément MIGRANT.
C’est toujours bon de le rappeler….
« M. Brin a regretté le dumping (profiter de la proximité de l’agglo sans en payer le prix) pratiqué par les communes principales du Nord de l’agglo ainsi que la passivité de l’administration lors de la délimitation des Communautés de Communes. »
ALORS POURQUOI FINANCE T-IL LEURS PROJETS????; Il N’ A AUCUNE CREDIBILITE
Mieux vaut rester à la maison qu’ écouter ces poètes!!!
De quels projets parlez-vous ?
J’ ai pensé à vous en écoutant » yesterday » des Beatles.
J’ ai trop de respect pour le temps passé des autres intervenants et des fidèles d’ A&P.
J’espérais apprendre quelque chose, mais c’est raté.
Henri (1/4)= un scoop (de champoumi)
S’exprimer de manière claire et concise fait partie du respect dû aux lecteurs.
Résumé très intéressant, et comme vous le dites :En conclusion excellents rendez-vous, en attendant de trouver quelque part un compte-rendu complet et en attendant l’édition 2018.
+1, merci à Larouture pour ce compte-rendu personnel très intéressant !
Après, ça donne l’impression d’analyses et de constats pertinents, mais aussi d’une absence de perspectives concrètes sur les actions à engager.
« analyses et de constats pertinents, mais aussi d’une absence de perspectives concrètes sur les actions à engager »
Ces analyses et constats avaient-ils pour objectif de définir des actions à engager? Non, par définition; le but, je pense était de « réfléchir avant d’agir ». et de permettre à l’auditoire et au lectorat de proposer, par la suite, des solutions concrètes. Plutôt que de regretter l’absence d’actions concrètes de la part des autres, il est possible, comme dans d’autres domaines, sur notre site, de faire fonctionner ses neurones!
Concernant les perspectives concrètes sur les actions à engager, je dirais qu’elles ont été présentées en introduction de ces RDV, lors de la « plénière ».
M. Bayrou est intervenu et un film sur le Projet d’Aménagement et de Développement Durable du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal Pau Béarn Pyrénées a été projeté. J’ai seulement retenu l’aménagement du hameau et de la gare. Faire de la gare une centralité principale serait une priorité.
En fait, j’ai suivi la plénière de manière distraite. J’attendais surtout la suite. D’expérience, les plénières me semblent plutôt des espaces de conclusions.
Cette inversion signifie sans doute que les services de l’agglo mais aussi les élus principaux sont sensibilisés aux enjeux de l’urbanisation (il y a certainement des irréductibles et aussi des opportunistes). Pour que les choses avancent sans trop de contestations, il faudrait que les habitants s’approprient également tous ces enjeux et leurs conséquences ; l’urbanisation ne se réduit pas à l’usage facile de la voiture par exemple. Telle me paraît être la finalité de ces RDV.