Ressaisissons-nous ! Resserrons-nous !

Le mouvement des gilets jaunes coupe les Français en deux camps. Il a donné lieu à des incidents graves, inacceptables. Il a des relents de poujadisme, de bonnets rouges et d’égoïsme forcené qui néglige les intérêts de ceux qui doivent se déplacer. Et surtout, il ne tient pas compte de l’urgence à arrêter le dérèglement climatique.

Une précédente chronique a montré de la compréhension pour la population périphérique des villes qui se sent oubliée et est pénalisée par la hausse des prix du carburant. Une partie de cette population n’a pas choisi d’habiter dans des zones mal desservies par les transports publics et pauvres en facilités commerciales, culturelles, éducatives ou sanitaires. Mais une autre partie a cherché à éviter les impôts locaux lourds que paient les habitants des villes. La crise du pétrole datant de 1973, il était prévisible que ce gain sur les taxes locales aurait des contreparties en termes de déplacements, de temps et de vie sociale. Admettons que jouait aussi une aspiration à vivre plus près de la nature et à posséder son petit lopin de terre. Mais cette aspiration a conduit à sacrifier des terres agricoles, à gâcher des paysages, à accroître l’insécurité routière et la pollution. Sans parler de la balance commerciale du pays. Les enfants sont les premières victimes, obligés qu’ils sont d’ajouter au temps scolaire des temps de déplacement porteurs de stress et de fatigue.

Si en ville bien des déplacements scolaires peuvent être faits à pied ou à vélo, il faut bien reconnaître que les trajets ne sont pas forcément souriants. S’il est des rues animées et plaisantes, tant de rues sont mornes, avec des magasins fermés et des logements délabrés. Aussi, ce devrait être une mobilisation nationale que la rénovation du parc immobilier urbain. Il y a là des sources importantes d’économie énergétique, d’emplois, d’enrichissement de la qualité de vie.

Le modèle de société de consommation que nous connaissons doit être réformé. Avons-nous vraiment besoin du dernier né des téléphones portables, d’écrans incurvés et de SUV ? Ne vaudrait-il pas mieux avoir plus de rapports amicaux et solidaires avec nos voisins, plus d’émissions de télévision intéressantes et d’activité physique ? Cela vaut en ville comme dans les zones périphériques.

Dans l’agglomération de Pau, des quartiers comme la voie verte, près de l’Ousse des bois, des quartiers boisés ou riches en verdure à Lons ou ailleurs peuvent donner envie de rester en ville ou d’y revenir.

Notre sort est collectif, que nous le voulions ou non. Sourions à nos voisins, offrons-leur de l’aide ou de l’entraide et laissons les caddies et les voitures.

Paul Itaulog

PS Cette chronique a été écrite avant que son auteur ait eu connaissance des faits qui ont eu lieu sur les Champs Elysées. Ils sont susceptibles de nuire à l’économie du pays entier par l’image qu’ils donnent aux touristes et aux investisseurs ; on peut en dire autant pour les blocages et les retards. Il serait bon que l’exécutif se saisisse de ces faits pour obtenir de l’Europe une taxation plus juste des GAFA (Google, Amazon…) et des produits pétroliers. A cet égard, il serait bon d’obtenir de nos lecteurs proches de la frontière espagnole le prix du diesel pour camions en Espagne. Leur pollution nous concerne.