La tradition, un contenu culturel à manipuler avec précaution. 


Ces derniers temps, plusieurs textes et de nombreuses interventions ont évoqué la corrida, le flamenco et, par là-même, le problème des traditions.

A cette occasion, l’un d’entre nous (Visiteur), a écrit :

«Encore une attaque de la société de séduction sur tout ce qui peut présenter un caractère traditionaliste quoi !»

«La tauromachie est une tradition. Elle permet un lien social transgénérationnel»

«La tradition est l’ensemble des biens culturels qui se transmettent de génération en génération au sein d’une communauté. Il s’agit des valeurs, des coutumes et des manifestations qui sont conservées socialement et que la société souhaite transmettre aux nouvelles générations.» (dico des définitions). Synonymes (avec des nuances quand même) : «coutume, habitude, mythe, croyance, folklore, rite…»

Ah ! La tradition disparaît, c’est la fin de notre identité, de nos racines ….!

Depuis l’antiquité, l’homme a été confronté à une remise en question permanente de la tradition ; elle est évolutive et s’enrichit de nouveaux acquis, de nouvelles visions, de disparitions, au rythme du progrès du groupe qui se charge de l’adapter aux nouvelles exigences que nécessite la modernité. Les résistances sont souvent grandes, surtout en religion et en région, où la coutume prend le pas (Je pense que la tradition est la pensée et la coutume sa mise en application concrète).

La période des Lumières a joué un grand rôle dans l’actualisation des traditions.

C’est ainsi que l’on a vu, au cours de l’histoire, heureusement disparaître, par exemple :

+les jeux du cirque dont les Romains étaient friands ; la boxe et la lutte, moins sanglantes ! les ont remplacées ainsi que les grandes compétitions sportives ou autres.

+les jouissances malsaines lors des mises à mort, en spectacle, au cours des exécutions en place de Grève….

Malheureusement, d’autres traditions ou coutumes ont encore cours, en cachette, même en France, comme l’esclavagisme, la circoncision, l’excision, les mariages forcés (oui en France cela existe encore, malgré les interdictions !)….

Par contre, comme les liens sociaux transgénérationnels sont évoqués, je pense que bien des coutumes, liées à une transmission culturelle, disparaissent comme le bonjour, l’au revoir, la politesse, le respect d’autrui, les habitudes de souhaiter fêtes ou anniversaires et de céder une place assise aux personnes âgées quand on est jeune… Ne parlons pas de «traditions»en gestation comme les placements en EHPAD de ceux qui se sont parfois sacrifiés pour permettre à leur progéniture de réussir dans la vie ! C’est «dommage» car il y avait là beaucoup plus de renforcement des liens sociaux transgénérationnels que dans la tauromachie évoquée !

Passons à un autre domaine où la tradition est encore tenace mais combattue de plus en plus, du fait des pressions liées à la connaissance scientifique et aux émotions de la modernité. Une nouvelle tradition est née :

la souffrance, humaine et animale, ne fait plus partie des situations tolérables,

Quelle que soit la raison.

Dans notre pays cartésien où l’animal est toujours considéré, dans certains milieux, comme une machine, les connaissances scientifiques n’ont pas encore atteint les traditionalistes !

+Macron veut relancer les chasses diplomatiques où on tue pour le plaisir et plus sordide encore, pour faciliter en plus les  réussites commerciales !

+Evoquons la pêche aux requins à la Réunion avec des petits chiens comme appâts,

+Les combats de coqs, la chasse à courre, certains comportements dans les abattoirs,

+Les abandons de ses trop gentils doudous des enfants sur les aires de parkings ou…, quand on part en vacances, et, qu’on le veuille ou non le traitement de l’animal lors du gavage des canards et des oies et les corridas.

+Sous la pression populaire, la tradition du culte du taureau a subi des variantes sous forme de coutumes beaucoup plus acceptables pour la sensibilité humaine actuelle comme la course portugaise, camargaises et nos courses landaises. El Giraldillo, dans Tauromachie et flamenco écrit «On a appelé «tauroflamencologie» «l’ensemble des similitudes esthétiques et de facteurs humains entre l’art du toreo et celui du flamenco»

Le flamenco, c’est beau, c’est brillant, c’est sensuel, c’est l’expression de la tradition, c’est-à-dire d’une pensée ne nécessitant pas la mise en application concrète de la coutume qu’est la corrida.

Tauromachie et flamenco | El Giraldillo

lewebpedagogique.com/legiraldillo/2016/09/03/tauromachie-et-flamenco/

Mais le pire est ailleurs, comme le massacre des bébés phoques canadiens, les massacres des rhinocéros pour leurs cornes, les requins pour leurs ailerons.
Tout cela est basé sur les croyances ancrées dans la tradition.

L’Espagne, en Europe donc, est encore particulièrement riche dans ces genres de traditions ; en consultant internet, on peut trouver :

+ L’observatoire « Justice et défense animale » dénombre, en plus des corridas, 3 000 fêtes locales où des animaux sont maltraités. un « sinistre calendrier » de ces célébrations a été établi. Ainsi, à El Carpio de Tajo (centre), chaque 25 juillet, « la fête consiste à attacher des oies à une corde par les pattes. Les jeunes du village passent sous la corde à cheval, le but étant d’attraper l’animal par le cou pour lui arracher la tête ». La fête existe aussi, paraît-il, au Pays basque français.

+Le « toro de la Vega »

Pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus que la tradition doit pouvoir s’adapter à la modernité, je les invite à lire :

+Le « Grindadràp »aux îles Féroé ; cela consiste à tuer des dauphins globicéphales. Rabattus vers les plages par des bateaux ils sont accueillis par une foule en liesse qui va les tuer à coups de harpons ou de couteaux. Cette vieille tradition est encadrée par une loi qui règlemente sa pratique et la protège des gêneurs.

+Le festival de viande de chiens à Yulin, en Chine. Selon la coutume traditionnelle, manger du chien et du chat aurait des vertus médicinales.

+L’horreur du trafic de la bile d’ours, remède de la médecine traditionnelle chinoise.

Etc. etc. j’en passe et sans doute des meilleures !

Les traditions sont le ciment de la mémoire collective, c’est un patrimoine. Un peuple sans tradition est un peuple sans mémoire, sans racines culturelles, elle font partie de notre identité. C’est un devoir de ne pas les ignorer car elles nous permettent de mieux connaître le passé, ce sont des «fossiles vivants».

Il n’en demeure pas moins que les traditions sont devenues le plus souvent des exploitations mercantiles : fête des mères, pères,…fêtes de Noël et du nouvel an ; ne nous cachons pas derrière de bonnes raisons intellectuelles, il en est de même pour les grandes fêtes de la musique, du sel, les grandes compétitions dîtes sportives(voitures, foot, cyclisme..).

De plus, du fait des exigences des croyances, elles nous ralentissent dans le progrès de la connaissance et l’évolution d’une société de liberté; à ce sujet, un développement particulier pourrait-être réservé :

+ à la religion et à son obscurantisme, dramatiquement sanguinaire, qui a sévi et sévit toujours dans le monde, y compris dans notre pays en ce moment.

+ aux obstacles qui s’élèvent pour la construction de l’Europe: la France est attachée à sa tradition républicaine, la laïcité, l’accueil de l’immigration….; les traditions culturelles (musique, danses, contes, folklore..), gastronomiques et religieuses de chaque pays qui pourraient constituer une diversité d’une richesse intellectuelle incomparable deviennent un obstacle insurmontable à l’union.

Alors, si la tradition reste une valeur incontournable de la connaissance de nos racines culturelles, elle doit être conservée dans les archives de nos historiens; on s’empressera de la maintenir vivante si elle est un objectif de rassemblement et de cohésion sociale mais pas si elle devient un obstacle à la liberté d’évoluer dans le sens de l’humanisme, l’union et la paix.

Signé: Georges Vallet

crédits photos: noorinfo.com

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