Sur le Chemin de Saint-Jacques (II): arrivée à Compostelle

IMG_20190501_121148.jpg« Il n’y a pas de chemin qui mène au bonheur, le bonheur est le chemin. »

Bouddha

 

Cette année ce fut pour moi le tronçon final, celui qui mène du petit village noyé dans la brume du col d’O Cebreiro à Santiago de Compostelle, but de l’itinérance, à travers les vertes collines de la Gallice. C’est une splendeur que cette excroissance celtique dans l’Espagne que l’on imagine uniquement aride voir déserte. Ici tout est douceur et tempérance : une splendeur sous le soleil tiède que ces près d’un vert tendre piquetés de fleurs de champs jaunes, violettes, roses et bleues surtout. Les chemins creusés par une longue cohorte de pèlerins et par le ruissellement de l’eau partout présente, sont bordés de camélias blancs et rouges sang, de genets jaunes et blancs, on y prend à pleine mains des touffes d’aneth et de fenouil parfois aussi d’odorante citronnelle. Pour qui sait entendre c’est une volière : les merles, les grives, les alouettes, les hirondelles, les palombes chantent leurs refrains mais aussi, planant en silence, les autours dessinent leurs cercles dans le ciel.

Bientôt nous entrerons dans de magnifiques forêts de chênes, de pins et surtout d’immenses bois d’eucalyptus bien rangés qui parfument l’air pur. C’est une nature magique, un paysage virgilien que l’homme abandonne progressivement, car les villages traversés sont désertés désormais et les austères et solides églises romanes désormais fermées pour la plupart. Le retour au monde moderne, ne se fera que plus tard dans la vallée, en vue des campaniles de la cathédrale de Saint-Jacques.

Il faudrait être anthropologue pour cerner les motivations du flot toujours plus nombreux de « pèlerins » : à Orzua, deux étapes avant Santiago, on en recense aujourd’hui plus de 3000 par jour. Ils seront plus nombreux encore dans le cours de la saison, nous dit-on… Qui sont-ils, donc ? Ils viennent du monde entier : Brésil, Indonésie, Etats-Unis, Canada, Porto-Rico, Hollande, Italie, lointaines Canaries aussi pour ceux que j’ai pu aborder. Il y a ensuite de nombreux Français et une masse importante d’Espagnols venus de toute la Péninsule. L’ensemble est jeune, parfois très jeune –moins de 18 ans- et s’il fallait donner une moyenne d’âge nous dirions, à vue de nez, entre trente et quarante ans.

Leurs motivations ? Religieuses pour certains mais ils sont peu nombreux. Les messes proposées sur le parcours ont une assistance restreinte si on le compare à la densité des voyageurs. Sportives pour une bonne part d’excellents marcheurs entraînés et équipés et pour les cyclistes qui sont de plus en plus nombreux. La motivation première ? L’amour de la découverte d’un paysage nouveau, d’un autre style de vie –l’itinérance-, la confrontation avec l’effort corporel et le simple goût d’une aventure sans risques majeurs. Il y a une sorte de laïcisation de cette expérience millénaire.

Ainsi de jeunes espagnols, dévalent le chemin en bande joyeuse pour sceller leur amitié à la fin d’un cycle d’études. D’autres le font en solitaire, mais ils ne le restent pas longtemps seuls et les motivations de tous sont réellement altruistes, réconfortantes sur la nature de la jeune génération qui aspire –elle le montre ici- à autre chose qu’à vivre enfermée dans des bureaux où à accumuler richesse et pouvoir. Le téléphone est rare sur le chemin comme le sont les écouteurs. C’est un retour de longue haleine -pour certains deux mois de marche- aux valeurs de la vraie vie.

Mais la vraie vie n’est pas un long fleuve tranquille. Les marchands du temple sont là et bien que discrets encore, ils se positionnent sur les bords de la voie –longtemps sacrée- pour harponner le chaland. On vend de tout. On propose tout type d’hébergements. Comme Barrés le disait de Lourdes c’est « une pluie de richesse » qui s’abat sur cette région isolée. Une aubaine dont on ne saurait se priver.

L’asphalte gagne sur la terre et une grande partie de l’itinéraire emprunte des routes où circulent voitures, camions et tracteurs sans beaucoup d’égards pour les marcheurs. Pas de rails de sécurité ; pas de passerelles piétonnes ni même de feu pour traverser les voies les plus empruntées. Et, surtout, de très nombreux cyclistes qui dévalent les pentes à fond slalomant entre les piétons, groupes compacts quand le chemin devient étroits sans règles ni précautions. A cela s’ajoute des incivilités nouvelles : on signale des vols, du trafic de cannabis. Faudra-t-il instaurer une police du chemin ? La croissance exponentielle des marcheurs depuis que le Chemin a été décrété Patrimoine Mondial de l’Humanité en 2002, obligera à prendre des mesures et le parcours perdra en authenticité. Il a déjà beaucoup perdu selon les plus anciens…

L’arbre ne doit pas cacher la forêt : on est si fier, si heureux d’arriver sur l’esplanade de Saint Jacques après les chutes, les crampes, les ampoules, les envies de tout laisser tomber, que, oui, sans aucun doute cela vaut la peine…

Pierre Michel Vidal

 

L’Europe et la pensée complexe

enlèvement-europe-fresque-300x234Valéry Giscard d’Estaing fut certainement, avec François Mitterrand, le plus europhile des présidents de la Vème république. Il le montra lors de son action comme Président de la République qui, dans son ensemble, ne fut pas un succès puisque le suffrage universel lui refusa un second mandat. Il le demeura par la suite, dans sa semi-retraite Auvergnate. Il se situe dans la lignée des fondateurs de la structure européenne, fidèle gardien du temple de l’orthodoxie démocrate-chrétienne sur laquelle repose l’Union depuis sa création. Pour une fois, VGE vient de sortir de son silence et ses dernières déclarations n’en ont que plus de poids. Elles participent d’une large défiance des électeurs face à ce futur rendez-vous électoral puisqu’on nous annonce que près de la moitié des Français iront à la pêche à la ligne le jour du scrutin.

“Cette élection donne lieu à une agitation inutile. Il ne s’agit ni d’un référendum ni d’une élection constituante” vient de déclarer Giscard au « Parisien ». Et il ajoute avec lucidité : “Les médias dépeignent les élections européennes comme un événement politique de nature à régler certains problèmes. Ce n’est malheureusement pas le cas. Si on promet de grands changements, que le Parlement européen n’a pas le pouvoir d’accomplir, il y aura une déception”. La Commission a pris le pas sur le parlement et ainsi le grand rêve européen est en train de se dissoudre lentement.

Déjà les britanniques, contrepoids nécessaire à la puissance allemande, s’en éloignent irrémédiablement malgré leurs atermoiements. Ils ont d’autres horizons plus prometteurs où, à long terme, ils trouveront leur compte. Plus on avance dans le feuilleton du Brexit plus on voit que malgré les conditions délirantes qui leur sont opposées, ils ne reculeront pas. Il serait d’ailleurs bien dangereux de faire élire des brexiteurs au parlement comme le scénario s’en dessine. La souplesse de la Chancelière est plus productive que la dureté du Président Français, retoqué une fois de plus pour son de son inexpérience diplomatique. « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » monsieur le Président ! On ne manœuvre  pas un grand pays comme le Royaume Uni comme on prétend le faire d’une opinion publique médusée par un Grand Débat qui ne fut en fait qu’une escroquerie à grande échelle puisqu’on en connaissait les conclusions avant même qu’il ne se déroule.

La création d’une armée européenne est une des idées phares d’Emmanuel Macron. Cela voudrait-il que nous devrions cracher au bassinet une seconde fois et avoir deux armées : une nationale et une autre européenne ? Auront-elles les mêmes chefs, les mêmes uniformes et le même hymne ? Les mêmes causes à défendre ? Les mêmes ennemis ? Les moyens de l’une seront-ils transférés à l’autre ? Il y aurait un terrible doublon, onéreux. N’est-ce pas un abandon de souveraineté que de confier sa force militaire à une sorte de consortium mal accordé, tiraillé par des points de vue contradictoire ?

Pour Valéry Giscard d’Estaing ce n’est : “pas souhaitable et probablement pas réalisable”. Et l’ancien président ajoute : “L’Europe doit être le continent de la paix. (…) Il faut éviter de donner à l’Europe une silhouette guerrière (…) L’Europe veut afficher la paix, être le continent du respect du droit international”, pointant aussi des problèmes plus concrets comme le fait que “seuls quatre États membres sur 28 consacrent à peu près 2% de leur PIB aux dépenses de défense”.

Le Sage a parlé : comment associer le rêve européen à celui d’une armée alors qu’on nous l’a vendu comme un désir de paix et qu’il est né, dans cette perspective, sur les ruines sanglantes d’un continent ravagé par deux guerres ? D’ ailleurs ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : la structure européenne, et ce n’est pas rien, a largement participé à la stabilité continentale évitant que ne se renouvelle les massacres de masse qui l’avaient souillée. Cette longue période de paix, la lente amélioration du sort de ses populations est à mettre, pour une part, à son crédit.

Mais il faut habiter le rêve. Recréer le récit européen -ou l’inventer- comme le dit en substance fort bien Régis Debray. Comme il ne sera jamais invité « Aux idées mènent le monde » car sa pensée n’est pas conforme -c’est en ce sens pourtant qu’elle nous interpelle- citons un extrait de son dernier livre « L’Europe fantôme » (Gallimard) : « Pour mieux comprendre ce qui lui reste d’emprise sur les esprits, il faut rendre à l’idée sublime d’Union européenne son aura d’origine. Et rappeler à ceux de ses vingt-sept membres qui l’auraient oublié d’où vient la bannière bleue aux seulement douze étoiles d’or – qu’accroche à ses balcons notre République mécréante : du Nouveau Testament, Apocalypse de saint Jean, 12. « Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête : elle est enceinte et crie dans les douleurs de l’enfantement. » Douze comme les apôtres, les portes de la Jérusalem céleste et les tribus d’Israël. L’emblème qui flotte au-dessus de nos têtes qui ne croient plus au Ciel remonte à l’an 95 de notre ère, Domitien empereur, et célèbre l’imminent avènement du Royaume. Vision mystique engrisaillée, projet politique encalminé : les deux ne sont pas sans rapport. Ils ont raison, ceux et celles qui décrivent l’excellence du programme Erasmus et des soutiens à notre agriculture, qui vantent les bienfaits ou dénoncent les méfaits de l’euro, mais europhiles ou europhobes, n’auraient-ils pas intérêt à jeter un coup d’œil perspectif sur l’enjeu et l’objet même de leur croisade, pour ou contre ? »

Excusez la longueur de la citation. Elle est à relire. Il y a encore des philosophes qui pensent le monde et l’Europe en particulier, fatalement, c’est une  « pensée complexe ».

Pierre Michel Vidal

 

Illustration : L’enlèvement d’Europe, fresque de la maison de Jason, Pompéi, Musée archéologique de Naples, 15 av JC-15 ap JC.

Algérie : Que de contorsions pour rester au pouvoir !

Comment qualifier autrement le spectacle que nous offre la gouvernance algérienne depuis plusieurs semaines. Une élection présidentielle devait avoir lieu le 18 avril 2019, le mandat présidentiel prenant fin le 28 avril, et divers candidats avaient déposé leur candidature.
Mais le FLN et les proches du président BOUTEFLIKA n’en voulaient pas et depuis nous assistons à une suite de comédies orchestrées par les détenteurs du pouvoir dont les intentions secrètes mais trop puériles sont évidentes.
Leur but, gagner du temps pour organiser la continuation. Changer les hommes, et encore pas tous, mais pas le système.
Qu’avons-nous vu ? Un président affaibli depuis des années qui exerçait son mandat par délégation. Tantôt en France, tantôt plus récemment en Suisse, pour se soigner il n’était que le support légitime d’ambitions qui l’étaient moins.
Véritable marionnette, il a déposé sa candidature, assuré qu’il était d’être réélu tout en précisant qu’il n’irait pas au bout du mandat, espérant calmer ainsi les revendications de la rue. L’élection présidentielle pouvait donc se tenir à la date prévue !
Eh bien ! non. Pour enrayer la machine électorale, on va faire signer au président une démission conférant un intérim au président de la haute chambre du parlement qui a 90 jours pour organiser l’élection présidentielle.
Qui ne voit le stratagème ? Pourquoi organiser une consultation déjà organisée, si ce n’est dans le but de rebattre les cartes, de permettre à certains de se faire oublier pour échapper à des poursuites judiciaires demandées par la rue ou tout simplement pour conserver les rênes du pays.
Le pouvoir intérimaire s’appuie sur l’article 102 de la constitution algérienne ainsi rédigé :

«En cas de démission ou de décès du Président de la République, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit et constate la vacance définitive de la Présidence de la République.
Il communique immédiatement l’acte de déclaration de vacance définitive au Parlement qui se réunit de plein droit.
Le Président du Conseil de la Nation assume la charge de Chef de l’État pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées ».
Mais ce n’est pas le cas de figure ! Si le président a certes démissionné, le processus d’une élection présidentielle était en marche !
Comment personne ne le rappelle ? Le fait qu’un candidat déclaré se retire de la course n’empêche pas celle-ci de se dérouler.
L’intérim ne devait durer que jusqu’à l’élection programmée !
Comprenne qui pourra même s’il n’y a rien à comprendre hormis la mise en œuvre d’une stratégie propre à endormir le peuple et ramener par la fenêtre ceux qu’il souhaite mettre à la porte .
La démission du président a été bien évidemment orchestrée pour justifier l’application de l’article 102.
Comment comprendre une interruption du processus électoral en cours, dont la liste des candidats était connue, pour en engager un autre ? On ne peut que s’en étonner et ne serait-il pas légitime de craindre que le peuple
algérien ne soit anesthésié pour mieux accepter une intervention chirurgicale qui ne fera pas disparaître les cellules cancéreuses ? Ici, comme ailleurs, les hommes en place usent de stratagèmes pour conserver le pouvoir. Mais on peut s’interroger quand même sur le silence de ceux qui avaient fait acte de candidature à l’élection présidentielle.

Pierre ESPOSITO

Lettre ouverte au Souverain Pontife

Pope Francis arrives to lead the Wednesday general audience in Saint Peter’s Square, at the Vatican, March 6, 2019. REUTERS/Yara Nardi

Très cher Saint Père, je me sens tout chose d’oser vous écrire. Si je le fais, c’est que je crois que votre intervention peut être utile. Je n’ignore pas que bien d’autres tâches vous attendent. Il n’est pas besoin d’aller bien loin d’ici pour constater que l’Eglise affronte de difficiles problèmes : je crois que bien des fidèles attendent que l’Eglise soit plus rigoureuse avec le clergé fautif que ne l’est la justice civile et souhaitent qu’elle se réforme. Mais mon propos n’est pas là.

Vos prédécesseurs au Saint-Siège ont parfois réglé des litiges internationaux comme le partage du monde entre Espagne et Portugal lors des grandes découvertes, et plus récemment, un litige entre le Chili et l’Argentine. Aujourd’hui le divorce entre le Royaume Uni et l’Europe va créer de graves difficultés des deux côtés. Cela ne peut que préoccuper alors que la croissance est en berne et le chômage très haut. Mais, ce qui est pire, créer une ligne de démarcation entre l’Irlande du Nord et l’Irlande comporte un risque de crise majeure et de conflit armé comme le pays l’a connu il y a quelques années. Vous avez le pouvoir de mettre en garde les catholiques irlandais qui pourraient entrer en conflit avec les protestants loyalistes de l’Irlande du nord. Mais ce qui intéresse les Européens et les Français avant tout c’est le sort des entreprises multinationales qui utilisent l’Irlande (parmi d’autres pays) comme un paradis fiscal en profitant d’un taux d’imposition très bas et engrangent ainsi des sommes colossales. Au détriment des contribuables des autres pays et de gens modestes auxquels vous dites attacher toute votre attention. Ce n’est pas la petite mesure décidée par l’exécutif français qui peut résoudre le problème à l’échelle de l’Europe. Aussi Bruxelles doit prendre des mesures fortes. En compensation, l’ensemble de l’Irlande resterait dans le giron de l’Europe et aucune barrière douanière ne séparerait l’Irlande de l’Irlande du nord. Le Royaume Uni perdrait un bout de territoire ; mais cela vaudrait mieux que de perdre l’Ecosse et d’avantages substantiels. Et si un tel dénouement permettait de sortir des palinodies que les Britanniques connaissent aujourd’hui ?

Vous qui avez toujours attiré l’attention sur ceux qui souffrent, qui ont du mal à joindre les deux bouts, que pensez-vous de cet arrangement qui pourrait être orienté vers plus de solidarité et de justice ? Seules les firmes qui trichent en ne payant pas leurs impôts là où elles font leurs profits seraient perdantes.

Mais je souhaite votre avis sur un autre point, un peu lié à ce qui précède. Ce sera pour une prochaine fois.

Paul Itaulog

BREXIT ? Qu’il est difficile de divorcer sans en régler au préalable les conséquences !

Nos voisins britanniques font souvent dans l’originalité au regard des autres pays de l’Union Européenne .
Ainsi , au sein d’un même pays , la Grande-Bretagne , retrouvons-nous quatre nations , l’Angleterre , l’Ecosse , le Pays de Galles et l’Irlande du Nord , ayant chacune son propre parlement , cette dernière formant une nation unique avec l’Irlande du Sud ( Eire ) quand il s’agit de rugby avec d’ailleurs deux hymnes distincts . Il faut être britannique pour comprendre .
Il faut l’être aussi pour ne pas avoir envisagé l’impasse dans laquelle se trouve la Grande-Bretagne après le vote du Brexit. Elle était pourtant inéluctable au regard de la façon dont l’opération s’est déroulée.
La question posée aux Britanniques était la suivante : « Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union Européenne ou quitter l’Union Européenne« ?
Il y fut répondu pour la sortie par près de 52% d’électeurs .
Toute personne sensée aurait demandé à connaître au préalable les conséquences d’une telle réponse . Il n’en fut rien comme si la mise en œuvre consistait simplement à signer l’acte de divorce .
Mais les britanniques ayant peut-être une autre approche de la rigueur cartésienne personne , semble-t-il , n’a pensé à poser un préalable qui était d’autant plus nécessaire que la sortie allait être soumise à des exigences de l’Union Européenne comme pour la résiliation unilatérale d’une convention .
Et l’on voit aujourd’hui combien la mise en œuvre du Brexit est compliquée . Pourquoi ?
Parce que le référendum a été proposé à l’aveuglette .
Pour ne pas égarer l’électorat il fallait commencer par traiter avec l’Union européenne quitte à offrir à l’électeur plusieurs plans de sortie .
Le référendum a été manifestement mal élaboré puisqu’on peut voir aujourd’hui dans quel tsunami se débat le gouvernement britannique tant avec l’Union Européenne qu’avec ses propres sujets dont beaucoup regrettent la réponse positive qu’ils ont donnée . Il est probable qu’un nouveau référendum recueillerait aujourd’hui une réponse très différente. Ne serait-ce pas là pour les britanniques la meilleure façon de s’en sortir , si l’on peut dire ?

Pierre Esposito

Pouvoir d’achat et environnement: même combat.

Avec le compte-rendu de J. Braud et celui de Sud Ouest, on peut se faire une opinion sur l’importance quantitative et qualitative de la participation, donc de la sensibilisation à ce problème appelé «transition écologique».

D’après Sud Ouest, à Pau, sur les 900 contributions enregistrées depuis le début du Grand Débat, 3,83% portent sur «la transition écologique». Pour le troisième Grand Débat à Pau, ce journal évoque un public plus restreint, plus âgé, plus calme, de 200 personnes environ. Parmi les «Grands témoins», il cite la présence de la vice-présidente de la FDSEA, sans citer le nom !!! Était-ce, par erreur, Maryvonne Lagaronne, vice-présidente de la chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques et administratrice de l’entreprise LUR BERRI ?

Il ajoute qu’il a fallu attendre 25 minutes avant que la parole soit donnée aux présents.

Nul doute que dans cette ambiance conservatrice, il ne pouvait être question d’aborder la «substantifique moelle» de cette transition écologique ; on restait entre anciens.

J. Braud relate un passage intéressant car il devait permettre de centrer le contenu du débat : « François Bayrou, toujours dans le rôle de l’animateur, précise que transition écologique peut revêtir plusieurs formes : développement durable, protection de l’environnement, économie d’énergie, et.)». Malheureusement, c’est surtout l’etc. qui est important, cela restait donc dans le flou des mots que le politique littéraire sait parfaitement manipuler.

A propos de l’intervention de M. Lagaronne, citée par M. Braud :

+«Le monde paysan a reçu pour mission de nourrir la population au moindre coût et dans le respect de la nature.»

En fait, les conseillers agricoles, employés par les entreprises agroalimentaires évoluant dans les grandes coopératives, ont transformé les paysans en agriculteurs industriels à leur service. Poussés à un équipement coûteux (endettement), ils ont produit des quantités toujours plus grandes achetées de moins en moins chères ; dans les secteurs de l’élevage et de la production maraîchère et fruitière, il a été sélectionné des variétés très productives, moins coûteuses et bien peu goûteuses, imprégnées de pesticides, vendues bien avant la maturité, s’abîmant très vite, c’est-à-dire du bas de gamme ; ce comportement ne tient pas la route de la concurrence étrangère qui, dans ce domaine, produit la même chose avec bien plus d’efficacité. Comme pour bien d’autres secteurs c’est le haut de gamme qu’il fallait développer, car beaucoup plus rentable à l’exportation et à la consommation intérieure, en partant du principe que la clientèle achètera, peut-être moins, plus cher, de la qualité gustative non jetable ; le bio évolue dans ce domaine et réussit bien mieux.

Nous sommes en plein dans la stratégie r et K de l’évolution biologique !

+Les respect de la Nature ? En compactant les sols avec les gros engins, en asséchant par le drainage pour rentrer sur les terres, en arrosant pour faire pousser des densités de plus en plus grandes (maïs), en polluant les sols, en supprimant la flore hôte des défenseurs des cultures, les laboureurs naturels (vers de terre), en détruisant les écosystèmes bactériens qui, dans le sol, recyclaient l’azote, en libérant des GES par l’utilisation des engrais, pesticides et herbicides issus du pétrole, en polluant les fossés et rivières…

Non, les agriculteurs industriels ne respectent pas la Nature mais surtout ne respectent pas l’homme !

Heureusement, de plus en plus de vrais paysans se libèrent de ce carcan productionniste, ils prennent conscience de leur responsabilité, de la richesse des terroirs, de la noblesse de leur métier, du rôle incontournable qu’ils ont à remplir; le courage et la foi, qui les animent, méritent un tout autre respect car ils sont l’avenir d’une société plus juste et bien portante . Ceux qui ont pris ce chemin ont réalisé la transition écologique; leur vie est dure physiquement et administrativement car ils doivent surmonter les obstacles des incertiudes de plus en plus grandes du climat, des politiciens et des entreprises agroalimentaires qui se dressent devant eux; ils sont presque toujours récompensés par le travail bien fait, la rémunération au juste prix, la création d’emplois, la liberté de rester maître de leur organisation…

Pourquoi ne pas avoir invité la Confédération Paysanne aussi ?

+Pour l’écobuage, des réponses ont été abordées sur le site.

+Pour le glyphosate, non seulement le gouvernement actuel a refusé d’interdire le glyphosate, mais il a également supprimé les aides au maintien en agriculture biologique; il a fait obstacle à une transition bénéfique sur le plan de l’emploi, et nécessaire au plan environnemental. Le bénéfice est pour Bayer-Monsanto, des semenciers, et des gros cultivateurs, céréaliers entre autres.

Mais revenons à la définition du sujet.

L’objectif est de préserver les ressources naturelles sans lesquelles l’humanité ne pourrait pas continuer à vivre, à savoir: un climat compatible avec les exigences biologiques et physiques humaines, la biodiversité assurant la richesse et le fonctionnement des écosystèmes dont fait partie l’homme, les pollinisateurs entre autres, la qualité de l’air, de l’eau, de l’alimentation qui influence nos gènes (épigénétique) et dont la pollution est source de maladies, la mer et ses ressources halieutiques….

Voilà les problèmes à soulever lors du dernier Grand Débat !

En contrepartie, de nombreux emplois sont créés, le pouvoir d’achat est amélioré; c’est l’accès à une vie décente pour un plus grand nombre.

En dehors de la fiscalité injuste sur les carburants, le reste est passé sous silence, par les gilets jaunes eux-mêmes, pour le plus grand plaisir de l’exécutif.

La revendication pour une lutte significative contre le changement climatique est loin d’être une priorité pour les gilets jaunes or, s’ils ont lancé leur mouvement car ils ne pouvaient plus rouler, ne pouvant pas payer la hausse de la taxe environnementale sur les carburants, ils ne se rendent pas compte qu’ils ne pourront plus rouler du tout en ville du fait de la pollution liée au dramatique beau temps dont ils se moquent!

Cette transition est, en fait, une révolution conceptuelle, une véritable philosophie au point de vue théorique et un changement comportemental au point de vue pratique, collectif et individuel.

Pour en entendre parler, pour revendiquer une vraie transition, il faut écouter les jeunes; ils sont, eux aussi, dans la rue, mais pas dans le Grand Débat car ils savent qu’ils seront manipulés par la «grande sagesse» hypocrite et intéressée des anciens. Ils constatent qu’ils vont devoir payer l’irresponsabilité de leurs aînés; ils partirent 500 mais par un prompt renfort des jeunes de l’Europe entière, ils espèrent vaincre le conservatisme ambiant, réveiller les consciences et sauver leur avenir.

«La génération Y recherche plus une mission avec du sens: engagement sociétal, environnemental, qu’un travail, un mentor plutôt qu’un chef. Une étude Viavoice les voit plus nombreux à rechercher une source d’épanouissement qu’une contrainte; une vie privée préservée» Sud Ouest 28/02/2019. Ils ouvrent la voie d’un nouveau monde !

Un constat doit être toujours présent ; si on sépare les problèmes c’est par didactique car dans la réalité tout est lié, de la voiture au pouvoir d’achat à l’alimentation et à la punaise invasive !

Parmi les grandes réformes incontournables, la gestion de l’Energie est constamment évoquée, avec raison, mais d’autres sont aussi prioritaires, comme celles sur l’alimentation et la protection de la biodiversité. Les unes sont à impulser par le gouvernement pour les grandes orientations, d’autres par les entreprises pour la mise en place, les troisièmes par les individus pour s’y adapter.

+Par exemple, les autorités de santé dénoncent les dérives dangereuses de l’alimentation actuelle.

Bien se nourrir, ce n’est pas laisser aller ses émotions :

Pour la forme :

+Supprimer le grignotage, bien mastiquer, convivialité des 3 repas, à heures fixes,

+Cuisiner des produits frais. Manger équilibré donc de tout, modérément. Respecter la 1/2 heure de repos postprandial.

C’est de la plaisanterie actuellement, me direz-vous ! Hélas, vous avez raison !

Pour le fond :

+ diminuer en priorité, drastiquement, la viande, les charcuteries, surtout issues d’élevages industriels (poisson sauvage, œufs, fromages à la place), le sucre industriel (jus de fruits, boissons de type soda et le sel (chips et gourmandises apéritives).

+supprimer tous les produits industriels transformés et ultratransformés.

+ augmenter la consommation de fruits et de légumes, les légumineuses.

+Privilégier les produits bio de saison et de la région, revivre avec le rythme des saisons, c’est reprendre sa place dans l’écosystème.

+ Réduire l’alcool et pratiquer les activités physiques que la vie sédentaire et en voiture nous imposent.

Que d’économies possibles !

En ce qui concerne la viande, en manger la moitié, plus chère, mais de la qualité de terroir ce n’est pas plus onéreux et combien plus savoureux !

Les fruits et légumes bio sont plus chers ! Pas si sûr ! Un simple lavage suffit, inutile de les éplucher donc bien moins de perte : financière, gustative et nutritive.

Manger des produits locaux c’est diminuer aussi le montant du transport.

Naturellement, des emplois seront supprimés mais des formations à payer sont de loin préférables à des morts ou des maladies graves!

Punaise diabolique : comment la reconnaître et s’en débarrasser.  Sud Ouest du 16/02/2019.

La multiplication des transports à longues distances (commerce, tourisme, affaires…) est un facteur d’amplification intense des migrations naturelles et des perturbations très coûteuses de la biodiversité.

«Cet insecte envahisseur, venu de Chine, est régulièrement observé dans les Pyrénées-Atlantiques, les Landes et le sud ouest; c’est un véritable fléau pour les cultures. Particulièrement friande de fruits et légumes, elle inflige de lourdes pertes aux vergers (cerisiers, pommiers, pêchers, citronniers, poiriers, noisetiers, kiwis). En piquant les fruits et les branches pour se nourrir de leur sève, elle entraîne leur pourrissement en quelques jours. Chez les particuliers, elle s’attaque aux plantes ornementales, aux arbustes et aux potagers. L’efficacité des pesticides, testée aux USA est très limitée. D’autres pistes sont préconisées par les chercheurs: les filets, les phéromones, la lutte biologique par les prédateurs naturels comme les araignées, les oiseaux, les chauves-souris ( détruits par ailleurs!). Le remède le plus prometteur est l’utilisation de guèpes parasitoïdes, à manipuler avec précaution, en vérifiant qu’elles ne menacent pas aussi les espèces locales.»

Puis, comme pour bien des espèces invasives, après une explosion liée à l’absence de prédateurs, une régulation s’opérera mais, avant, il faudra supporter la cohabitation et la flambée des prix des aliments; elle coûtera donc chère aux producteurs et au pouvoir d’achat des consommateurs .

«L’Economie ne pourra pas faire l’économie de l’écologie»

est attribué à Michel Serres.

Signé G.Vallet

crédits photos:Transition écologie : un pas en avant, trois pas en arrière …agirpourlenvironnement.org

Causes et conséquences, rien ne change !

Depuis plusieurs semaines de nombreux Français et petits maires ont été conviés à s’allonger sur le «divan» pour des séances d’analyses ; l’objectif est d’extirper de leur inconscient le mal qui les ronge ; en effet, ils pensent, injustement dit-on parfois !!, qu’ils sont délaissés, méprisés, inconsidérés, qu’ils vivent dans une société injuste, que certains se lèvent tard, spéculent, et gagnent beaucoup alors que bien d’autres se lèvent tôt, travaillent et gagnent très peu… L’objectif est de rendre aux Français l’énergie économique positive qui est immobilisée par ces conflits inconscients.

En fait, c’est une analyse car le patient est invité à dire tout ce qui lui passe par la tête mais ce n’est qu’une fausse-vraie analyse, intéressée, car il est guidé dans une révision de son histoire intime pour lui donner un sens nouveau et actualisé, au service de l’intérêt supérieur de la politique économique du moment ; les analystes n’ont donc pas la neutralité bienveillante qu’ils devraient avoir, ils jugent les patients et leurs actes, précisent même le prix des séances que leurs comportements aberrants les amèneront finalement à débourser.

Il faut que cela s’arrête, il est temps de se réconcilier ! C’est évident, mais est-on prêt, de part et d’autre, au dialogue et surtout aux compromis ? J’en doute !

Le barrage a cédé pour deux raisons ;

+ les responsables ont laissé la mise en charge se faire au-delà de la limite de sécurité. Il aurait fallu faire des lâchers périodiques pour libérer les contraintes et redonner l’équilibre.

+ Les responsables n’ont pas pris soin de surveiller, d’assez près, par des informations remontantes périodiques, la résistance des infrastructures.

Dans le premier cas, ce sont les charges variées, toujours plus importantes et nombreuses, imposées aux citoyens depuis des années.

Dans le deuxième cas, c’est le manque d’écoute des alertes issues des petits maires ; ces derniers sont les baromètres et les thermomètres de l’état de la météo locale, ceux que l’on veut réduire de plus en plus, car trop coûteux. L’actualité montre que c’est encore plus coûteux de s’en priver !

En se vidant, la force de l’eau et la surface couverte se sont amplifiées, elle s’est écoulée largement et s’infiltre lentement dans la nappe phréatique, prête à rejaillir en d’autres sources, mais, plus grave, des berges, elle a détaché des blocs dormants dans la paroi, à droite et à gauche ; entraînés le long du parcours, ce sont eux qui, libérés, ont provoqué les dégradations et dégâts collatéraux redoutables entraînant, dans les villes et villages, destruction, violences, pillages puis, maintenant, haine, racisme, sexisme, antisémitisme au sein de toute la société.

On peut parler de déficit de gouvernance, depuis les hauts sommets on voit surtout des mers de nuages ! Un travail colossal, difficile et extrêmement coûteux est à entreprendre pour combattre et éteindre le feu et les braises de ces philosophies nauséabondes et destructrices que les générations comme la mienne ont connues.

Mais, beaucoup plus grave, il n’y a pas que la gouvernance, loin de là ; à C dans l’air, Brice Teinturier faisait remarquer que l’ignominie n’était pas, dans les sondages, marquée par une réprobation écrasante de l’ensemble de la population ; manifestement on note une imprégnation ou une indifférence coupable. Seuls, les politiques ne pourront rien s’il ne sont pas massivement suivis par les Français. Quand on pose la question de savoir ce qu’ils pensent sur les raisons de la fuite des juifs vers Israël, 62% n’ont pas d’avis !!!

Une fois de plus, on se plaint ; à juste titre, on se désole, car on subit les conséquences, mais on n’a pas cherché à lutter contre les causes de ce fléau en sommeil.

Si on élargit le problème à l’Europe, seule une Europe citoyenne, non uniquement financière, non concurrentielle mais unie, solidaire, est capable de défendre nos valeurs et notre puissance dans le monde. C’est mal parti !

On parle beaucoup, jusqu’à présent, dans le grand Débat, du pouvoir d’achat, de la notion de «riche», de classe moyenne, termes qui restent vraiment encore à définir, du service public, de la mobilité, surtout dans le monde rural, de nouvelles institutions dont les orientations discutées devraient peut-être se souvenir de la définition de la démocratie d’Albert Camus :

«La démocratie ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité»

Par contre, le pouvoir n’a pas prévu d’évoquer la Culture et la transition «écologique», la réforme sans doute la plus importante pour le court et moyen terme de notre société, est laissée largement de côté, par les gilets jaunes aussi d’ailleurs, sauf, en parallèle, massivement, par les jeunes ; cette réaction est vraiment une bouffée d’optimisme pour l’avenir, par rapport au triste comportement sclérosé des Politiques en place depuis le début de la Vème République.

La façon dont le pouvoir voulait l’aborder était mauvaise car elle était empreinte de la plus grande injustice ; encore une fois, les gros pollueurs étaient et sont toujours détaxés et donc privilégiés ; la liste serait longue, dans les transports, l’industrie, l’agroalimentaire… entre autres.

Futura-Sciences 03/12/2018 «Il faut dire que les navires de croisière sont régulièrement pointés du doigt pour leur pollution et leur contribution aux gaz à effet de serre. Le fioul lourd, peu raffiné, affiche des teneurs en soufre 1.500 fois plus élevées que celles autorisées pour le diesel des voitures. Un gros paquebot émet ainsi quotidiennement autant de particules fines qu’un million de voitures, selon l’association de protection de l’environnement allemande «Nabu.» Bordeaux en voit souvent !

Trois fléaux menacent l’humanité au XXIème siècle : obésité, sous-alimentation et changement climatique. Longtemps considérés séparément, ces trois phénomènes interagissent et ont un moteur commun, de puissants intérêts commerciaux.

Là encore, on subit les conséquences et on ne fait rien contre les causes.

Pour Philippe Dessertine.

«Le problème majeur qu’affronte l’humanité est bien le climat. L’origine de son dérèglement est la poussée démographique. Appliquer à 7,5 milliards le modèle économique occidental avec son utilisation effrénée d’énergies, ses modes de consommation, de travail, de production, de plus en plus intensifs, la planète n’y tiendra pas longtemps. Le diagnostic est clair, il faut aller vers un changement radical de modèle économique. Un tel bouleversement n’est possible qu’en période de révolution industrielle et technologique comme au début du du XIXème puis au début du XXème…Nous sommes dans une nouvelle révolution industrielle aux conséquences incalculables………»

Alors, changer les institutions, le nombre d’élus, le mode d’élection, proportionnelle ou pas, cela ne changera pas grand chose si on ne change pas la façon de penser et d’agir !

«Le digital, l’intelligence artificielle, et d’autres marches vont arriver très vite, elles nous ferons rentrer dans cette nouvelle révolution.» Ph.Dessertine.

Cet néo-homo économicus aura-t-il conservé quelques gènes de l’homo sapiens d’origine ? Les expériences du passé ont montré, à chaque fois, que si des progrès étaient faits, ils étaient toujours accompagnés d’un asservissement de plus en plus grand à l’argent, à la machine, à l’énergie, au temps, à l’homme lui-même, au détriment de l’humanisme qui devait, disait-on, en résulter !

Alors ? Scepticisme !

On a supprimé des enseignants pour faire des économies, on devrait plutôt faire des économies en créant des postes car le manque de civisme, l’ignorance de la démocratie, la haine des autres, nous coûtent bien plus cher en ce moment.

Dans toutes les classes, de la maternelle à l’université, échelonnés tout au long de l’année, adaptés à l’âge, de la Seine-Saint-Denis à Neuilly, des cours, débats, conférences seraient institués pour forger à la fois l’esprit critique et les connaissances sur la République, les institutions, la votation, le fonctionnement de l’Etat, des Mairies, du député, sénateur…., la démocratie, le respect de la richesse culturelle de notre diversité…. sans oublier les dangers du dérèglement climatique !

Signé Georges Vallet

crédits photos: https://www.lepoint.fr/il-y-a-50-ans-la-catastrophe-du-barrage-de-malpasset-

Curieuse coïncidence !

Comparaison n’est pas raison mais c’est troublant parfois !

Il n’est un secret pour personne que notre monde va mal, certains parlent de chaos. Une pathologie frappe de plus en plus fort l’espèce et la société humaine. Le terme de métastase est souvent évoqué.

Homo sapiens serait-il atteint de néolibéro-néoplasie maligne !

Toutes les régions du globe sont atteintes ; la France n’est pas épargnée et les symptômes n’échappent pas aux oncologues.

Résumons les en langage biologique :

La néoplasie maligne est un cancer, terme général désignant une maladie où des cellules d’un organisme adoptent un comportement anormal caractérisé par :
– L’indépendance vis-à-vis des signaux qui stimulent normalement la multiplication des cellules. C’est l’anarchie multiplicatrice.
– L’insensibilité aux signaux et mécanismes anti-prolifératifs régulant les phénomènes de croissance, de réparation, de résistance à l’immunité hormonale et cellulaire. La coordination par les centres nerveux est bloquée.
– La capacité proliférative n’est plus limitée, c’est la croissance infinie.
– La disparition du phénomène d’apoptose, processus par lequel des cellules déclenchent leur auto-destruction en réponse à un signal. C’est la mort nécessaire permettant la régénération, le rajeunissement et l’actualisation des nouvelles structures des organismes (globules rouges, cellules épithéliales, musculaires, etc.). Dans ce cas, ces structures inutiles ne disparaissent pas en réponse aux nécessités adaptatives de l’équilibre.
– La capacité anormale à susciter l’angiogenèse ; c’est le processus de création, extension, croissance de nouveaux vaisseaux sanguins. à partir de vaisseaux préexistants. Les cellules cancéreuses ont besoin de beaucoup d’oxygène et favorisent la prolifération des vaisseaux dans les tumeurs.
– Acquisition d’un pouvoir invasif facilité par l’angiogenèse et la production de métastases destructrices dans tous les organes.
>La société est un super-organisme vivant, traduisons, dans le même ordre, en langage socio-économique :

– «Indépendance vis-à-vis des signaux» : c’est l’indépendance des comportements des acteurs de l’économie vis-à-vis des signaux qui stimulent normalement la reproduction, l’exploitation, la production, la consommation, la pollution… Chacun se veut «libre», indépendant, sans contraintes susceptibles de s’opposer à la loi des échanges. C’est la lutte contre ce qui peut entraver la loi du marché et la concurrence libre, d’où l’anarchie multiplicatrice.

– «Une insensibilité aux signaux et mécanismes anti-prolifératifs» : L’État qui contrôle et régule est un parasite dépensier dont il faut diminuer le plus possible l’influence. Les études qui alertent sur les dangers de l’extension de la pollution, de l’hyper consommation, de la pauvreté…,  des maladies, sont rejetés par le jeu des lobbies, de la publicité, de la nécessité de faire le maximum de profits non ruisselants.

Il ne faut plus de cerveau «raisonnable» mais un stimulateur de consommation déraisonnée d’énergie.

  • La capacité proliférative n’est plus limitée : la croissance est infinie. «Les experts» la valorisent sans arrêt. C’est la multiplication de la production, consommation, gaspillage, de l’épuisement des réserves, des déchets…, d’où les maladies, l’épuisement…
  • La capacité anormale à susciter l’angiogenèse. La société hyperconsommatrice a besoin de beaucoup d’oxygène et de carburant, elle favorise la prolifération «des vaisseaux» ; la création, multiplication, extension, élargissement des voies de communication : routes, auto-routes, LGV, lignes aériennes, lignes maritimes, NTC… autant de réseaux favorisant la diffusion de plus en plus rapide des métastases économiques. Le numérique fait exploser les communications, interrelations et interactions polluantes énergétiquement et psychologiquement, politiquement et socialement aussi. C’est le grand Débat, il est mondial !
  • La disparition du phénomène d’apoptose. Les structures prolifératives ne disparaissent pas en réponse aux nécessités d’un équilibre. Nous sommes en plein dans le renouvellement des mandats, l‘accumulation des textes et des lois, le mille-feuille administratif, le monopole de la gouvernance par les énarques, la persistance insolente et coûteuse des grands patrons du Cac 40, la production de produits dangereux pour notre vie, comme dans l’industrie agroalimentaire, la fabrication du plastique et la persistance des énergies fossiles…
    L’acquisition :
    + d’un pouvoir invasif : prolifération des contraintes administratives complexifiantes et paralysantes,  des banques, emplois et entreprises parasites de «conseils», les fondations, instituts…, vente, expertise, publicité, etc., dans tous les domaines où règne la concurrence : finance, assurance, management, politique…, langage sélectif pour mieux profiter entre soi.

+ et de production de métastases de destruction des organes vitaux du service public.

Cette comparaison, purement formelle au départ, prend une tournure relationnelle quand on compare les deux «traductions».
Le néolibéralisme débridé actuel est-il encore du libéralisme ? Ne serait-il pas devenu une branche déviationniste de l’économie, assimilable à de la «néoplasie maligne» ?

Révolution industrielle et libéralisme remontent surtout au XIXème siècle ; les cancers, bien connus avant, se sont surtout multipliés et diversifiés depuis.

Dans les deux cas, l’issue du mal est angoissante ; si des progrès thérapeutiques ont été réalisés en cancérologie, cela empire en économie. Un populisme délirant fait craindre le pire. Des mouvements de résistance se sont successivement mis en place : socialisme, socio-libéralisme, social-démocratie, mouvements écologistes divers ; la macroéconomie les neutralise ; culture bio, circuits courts, économie circulaire …, se portent bien ; la microéconomie est une thérapie d’avenir.


L’école devrait renforcer les défenses immunitaires, ce n’est pas prévu !


Le relationnel prend toute sa force si on se penche sur les liens directs qui existent entre les causes des cancers et les objectifs du système économico-financier actuel.

On admet de nos jours qu’environ les deux tiers des cas de cancer sont imputables aux habitudes de vie, essentiellement au tabagisme et à l’alimentation. L’exposition à des substances cancérigènes présentes dans l’environnement (pollution de l’air, substances toxiques manipulées au travail, pesticides, etc.) accroît aussi le risque de cancer.

Le facteur héréditaire est faible : moins de 10% des cas, tous types de cancer confondus ; des origines épigénétiques de nature environnementale sont démontrées; les experts de l’INSERM écrivaient en 2005 :

L’exposition environnementale est impliquée dans la majorité des cancers.
«La période de 1930-1940 marque une véritable rupture en général, pour le cancer en particulier. C’est la pleine Révolution Industrielle, c’est-à-dire le passage d’une société agricole à une société de production industrielle mécanisée. Cette période a vu naître et croître de très nombreuses industries associées à un rejet de substances diverses n’existant pas avant.»
Le CIRC/OMS a établi une liste des produits cancérigènes présents dans l’environnement. En 30 ans, il en a testé 900 (une infime proportion des plus de 100000 molécules qui sont répandues, à coups de millions de tonnes par an, sans contrôle, par l’industrie depuis 1940). Sur les 900 produits, un seul a été reconnu comme n’étant pas cancérigène ; 95 ont été classés cancérigènes établis, 307 cancérigènes probables, 497 inclassables. Globalement les cancers ont augmenté d’environ 50 % depuis 1950, en tenant compte des progrès du dépistage.

Autrement dit, les tumeurs se sont surtout multipliées pendant le demi-siècle où l’environnement urbain, les transports et l’industrie se sont développés et hypertrophiés.

Actuellement, plus de huit citadins sur dix vivent dans un environnement où les niveaux de pollution dépassent les seuils fixés par l’OMS.

Ajoutons le rôle du tabac, des régimes alimentaires : alcool, viande, gros poissons du haut de la chaîne alimentaire (de plus en plus d’élevage !), contaminants cancérigènes reconnus tels que la dioxine, les PCB ou certains pesticides qui persistent dans l’environnement malgré leur interdiction depuis des années. Le «Canard»signalait que des scientifiques avait trouvé dans les amphipodes (crustacés marins) des fosses de Kermadec et des Mariannes (6 à 10000 m) des doses de PCB 50 fois plus importantes que dans les crabes d’un des fleuves de Chine les plus pollués !

Aujourd’hui, il est admis qu’il existe un lien entre stress et cancer car le stress pousse à adopter des comportements qui ont prouvé leur caractère cancérigène : manque d’activité physique, carence du sommeil, alimentation défavorable, alcool, précarité pour consulter un médecin…., taux de suicides.

Déchets : le 30/11/ 2006, l’Institut National de Veille Sanitaire a présenté une étude accablante sur 120 incinérateurs de déchets actuellement en France. Il existerait une relation significative entre le lieu de résidence sous un panache d’incinérateur de 1972 à 1985 et l’augmentation du risque de certains cancers, notamment les cancers du sein…

On ne peut plus parler de libéralisme ou néolibéralisme, c’est devenu un « isme » où le meilleur est remplacé par  celui qui s’impose par la force.

L’actualité brûlante  montre que les soins intensifs s’imposent si on ne veut pas passer en soins palliatifs ! 

Pour le biologique et le socio-politique, les solutions sont toujours les mêmes mais volontairement ignorées.

Pour éviter les conséquences dangereuses il faut s’attaquer aux causes

«Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux»

Marcel Proust.

Signé Georges Vallet

crédit photo:telavivcat.unblog.fr

N’oublier, jamais !

Photo de déportés derrière les barbelés prise en 1945 au moment de la libération du camp de concentration d’Auschwitz en Pologne où des millions de juifs furent exterminés par les nazis durant la deuxième guerre mondiale. // A picture of inmates behind barbed wire taken in 1945 when the concentration camp of Auschwitz was liberated in Poland where millions of Jewish deportees were exterminated by nazis during World War II.

 

« Ils n´arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d´oublier, étonnés qu´à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues ».

Jean Ferrat « Nuit et Brouillard »

 

Nous célébrons ce dimanche la « Journée de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité ».  Comme le précise le site dédié à cette journée « La France a retenu la date du 27 janvier, anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, pour cette journée de la mémoire. […] Cette journée de la mémoire devra faire prendre conscience que le mal absolu existe et que le relativisme n’est pas compatible avec les valeurs de la République ». 

Rappelons le bilan quantitatif de cet odieux massacre de masse, le génocide le plus effroyable que l’humanité n’ait jamais commis : La Shoah, c’est-à-dire une extermination systématique par l’Allemagne nazie d’entre cinq à six millions de Juifs, soit les deux tiers des Juifs d’Europe et environ 40 % des Juifs du monde. Une extermination qui se « distingue » par son caractère systématique et « industriel » à l’encontre d’une population désarmée et innocente, effectuée de sang-froid par des criminels déterminés, dans une indifférence quasi totale hormis quelques exceptions remarquables. Nous ne reviendrons pas sur les immenses souffrances, les tortures subies par ces innocents, souvent des gens âgés, mais aussi pour beaucoup des enfants, 1 million 500 000 d’entre eux disparaîtront dans ce massacre. C’est une tâche indélébile sur la conscience européenne et sur l’histoire de notre continent.

En a-t-on tiré toutes les conséquences morales ? Non ! La communauté juive qui accélère son « ayala » vers la « terre promise » en a une perception aigue ; c’est normal elle est directement concernée. Outre la montée de mouvements xénophobes, voire ouvertement antisémites dans l’ensemble de l’Europe et au cœur même de l’Allemagne, si on regarde honnêtement l’état de notre pays, la France, patrie des Droits de l’Homme, on peut comprendre cette angoisse nourrie des leçons du passé. Trois illustrations récentes, différentes certes, mais significatives, devraient nous faire réfléchir.

D’abord le récent traitement « de faveur » fait à Pétain par le président Macron à l’issue de « son itinérance mémorielle » moment crucial intimement lié à la crise que nous vivons aujourd’hui. Il s’agissait de célébrer le vainqueur de Verdun plutôt que le chef de Vichy. Mais peut-on couper en deux les individus ? Diviser en quelque sorte un personnage de cet acabit, dont, de toute manière, l’antisémitisme est avéré depuis le début de sa carrière ? Pétain chef suprême du gouvernement de Vichy a couvert toutes les mesures antisémites menées par Laval et consorts. Nous sommes avec la célébration d’un personnage de cet acabit dans une sorte de relativisme qui se situe à l’inverse du courageux discours de Jacques Chirac le 16 juillet 1995 sur les lieux de la Rafle du Vel d’Hiv : « Il est, dans la vie d’une nation, des moments qui blessent la mémoire et l’idée que l’on se fait de son pays. Ces moments, il est difficile de les évoquer, parce que l’on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l’horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragédie. Celles et ceux qui sont marqués à jamais dans leur âme et dans leur chair par le souvenir de ces journées de larmes et de honte. Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. »

Le couvercle ayant été levé certains se crurent autorisés à déverser leur haine et leurs fantasmes. On en trouve de nombreuses traces dans le mouvement des gilets jaunes. La quenelle du sinistre Dieudonné a été reprise en cœur par plusieurs d’entre eux et ils ont été dénoncés à juste titre par les médias. Dans un fil Twitter un journaliste de 20 Minutes, Thibaut Chevillard* témoigne de ce qu’il a vu dans la ligne 4 du métro parisien le soir de l’acte 6 des gilets jaunes. « À l’intérieur; trois gilets jaunes, un peu éméchés, hurlant : ‘Macron démission !’ Il s’agissait d’hommes d’une quarantaine d’années, plutôt bon chic bon genre, qui rentraient de la manifestation. […] Ils ont commencé à faire des quenelles, des quenelles « de 40 ». Une petite vieille, cheveux grisonnants, le dos voûté, s’est levée. Elle est allée vers eux et leur a demandé d’arrêter. Un autre s’est ensuite mis à hurler : ‘Dégage la vieille ! Dégage la vieille ! Dégage la vieille !’ Son copain a enchaîné avec un bon vieux : « On est chez nous ! On est chez nous ! La petite vieille est retournée s’asseoir sous leurs insultes. A l’arrêt suivant, elle est descendue, silencieuse, tête baissée. Eux avaient l’air très fier de leur coup. […] Personne ne s’est levé pour prendre la défense de cette petite vieille. J’ai eu honte de ce que je venais de voir. Honte de ne pas avoir bougé. » Cela ne qualifie pas le mouvement dans son ensemble, évidemment, mais c’est le signe d’un antisémitisme latent qui ne demande qu’à resurgir.

La stigmatisation de la politique Israélienne de la part d’une partie des élites de droite comme de gauche et la victimisation de leurs adversaires Palestiniens posent aussi question. Comment oublier que l’Etat d’Israël est né directement de la catastrophe de la Shoah. Qui sommes-nous pour donner des leçons à cet Etat dont certains contestent encore l’existence même ? Même si nous ne partageons pas la politique de Benjamin Néthanayu –élu démocratiquement faut-il le rappeler- comment oublier que ce petit pays, encerclé de toute part, est constitué des rescapés et de leurs descendants des camps de la mort ? Faut-il savoir se mettre dans la peau des autres pour comprendre leurs comportements ? Notre Président lorsqu’il va vendre des armes en Egypte mesure-t-il qu’il met potentiellement en danger la nation Israélienne ?

En cette journée triste où l’on commémore la découverte des charniers d’Auschwitz On tremble encore devant la persévérance de cette haine sourde et mystérieuse qui déclenche ces comportements ahurissants, violents et inhumains. N’oublier, jamais !

Pierre Michel Vidal

*Cité par L’Express du 23/12/18

Photo DR

 

 

 

À chacun sa vérité !

Depuis «Fin du monde ou fin du mois, …..nous devons traiter les deux», la transition écologique est au point mort. La seule préoccupation est  Croissance et  PIB.

L’économie est devenue religion, le langage utilisé une langue morte psalmodiée, la dette une faute, un péché même, il faut faire pénitence ; comme l’observait, jadis, Bernard Maris, l’idée (crédule) d’une croissance infinie n’est pas sans rapport avec le rêve d’immortalité, c’est-à-dire de vie éternelle (d’après J-Cl Guillebaud – Sud Ouest dimanche 13/01/2019).

Mesurer la production de richesses à partir du seul PIB est un non sens ; la véritable production de richesses est l’investissement dans une économie «raisonnable», l’instruction et la santé, potentiels de créativité et d’efficacité.

Cet «obscurantisme» est éclatant si on analyse deux comportements :

La nature et l’amplitude des questionnements et des mesures prises pour lutter contre les causes du désordre climatique, la pollution généralisée et la malbouffe.

La politique menée en matière d’instruction (réforme du bac…) pour former une société démocratique, informée, d’un bon niveau scientifique, dans laquelle les opinions publiques pourraient faire pression sur les politiques responsables et les industriels, eux-mêmes convaincus que l’intérêt général est aussi leur intérêt propre.

1°) L’économie «raisonnable» se matérialise dans le silence assourdissant du chef de l’État sur la transition écologique ; il laisse planer une hypothèse :

Les retombées du réchauffement comme les destructions-reconstructions, travaux d’isolation, climatisation, vente d’herbicides et pesticides, arrosages, reboisement après les feux ou les tornades…, la lutte contre les pathologies, etc., donnent beaucoup de travail aux entreprises, c’est bon pour le PIB ; on aurait tort de s’en priver !

Croissance d’abord, transition écologique après !

Mais le raisonnement a ses limites car cette croissance là a des retombées ayant un coût; qui paiera ? Pas les coupables, les victimes, comme d’habitude !

Hélas! Les victimes se réveillent !

De plus, cette hypothèse de croissance, par ce biais, est une illusion car elle dépend déjà, et dépendra de plus en plus, des conditions climatiques qu’elle engendre ; c’est le serpent qui se mord la queue ! : baisse des productions agricoles (pollinisateurs et parasites), baisse des productions halieutiques, baisse des réserves d’eau potable, de neige dans les stations, des ressources minérales, perte de territoires habités… Passons sur les famines, les migrations climatiques, les pollutions, les incendies.. Pourtant : « l’action contre le réchauffement climatique… ne doit pas opposer les problèmes de fin du monde aux problèmes de fins de mois.»

Sauf que les problèmes de fins de mois dépendent de plus en plus des problèmes de fin du monde !

Plus qu’une erreur, c’est une faute.(Talleyrand ?)

En cas d’erreur, quelqu’un s’est trompé, en cas de faute, il y a un coupable.

Continuer, c’est se rendre coupable de ne pas porter assistance à société et civilisation en danger, d’où les 2 millions (provisoires) de signatures.

L’écologie d’abord et l’économie suivra.

Nous sommes les enfants du climat. Le genre Homo, est né des convulsions climatiques que l’Afrique a traversées. L’agriculture est attestée à la fin du dernier épisode glaciaire, il y a 11 500 ans ; les conditions climatiques du croissant fertile ont été le lieu d’explosion de l’agriculture et de l’élevage ainsi que des grands empires, babylonien, assyrien, chaldéen… Par contre, d’autres se sont effondrées : civilisation de l’Indus, les Akkadiens,… À plusieurs reprises, des troubles climatiques ont contribué ou servi de gâchette climatique (Emmanuel Le Roy Ladurie) à des effondrements civilisationnels. (1 et 2)

Bien sûr, le climat ne fait pas l’histoire mais il y contribue lourdement, les sociétés, par leurs choix, s’adaptent ou périssent. Nous en sommes là, devant l’indifférence du pouvoir en place.

L’avenir de nos enfants se joue maintenant.

Futura planète 12/12/2018 (3)

+Un article de Proceedings of the National Academy of Sciences (Pnas), pour rendre compte des effets du réchauffement climatique en cours, doit remonter à environ 50 millions d’années…, à une période de l’histoire de la Terre où elle était proche du maximum thermique du Paléocène-Éocène Thermal Maximum, ou PETM.

Une époque donc où le Groenland méritait bien son nom !

+«l’Humanité est en train de produire un changement climatique bien plus rapide… On aurait donc tort de croire que finalement l’Humanité n’aura qu’à s’installer «tranquillement» dans les régions arctiques devenues tempérées et accueillantes»

+Malgré le développement important de l’utilisation des énergies renouvelables… :

«Après trois ans de plateau et une hausse modérée de 1,6 % de CO2 en 2017, les émissions sont reparties avec une augmentation de 2,7 % en 2018, soit la plus forte hausse depuis 7 ans : dernier rapport du Global Carbon Project» car, quelques titres :

«La croissance économique est plus rapide que les progrès énergétique.»

«La consommation de pétrole est tirée par le plastique : 8 millions de tonnes sont déversées chaque année dans les océans selon une étude de la revue «Science.»

«Avions, route : l’inexorable croissance des kilomètres parcourus.»

Ajoutons : le permafrost menace, en fondant, de libérer des virus oubliés et des milliards de tonnes de GES qu’ils emprisonnent depuis des millénaires, au risque notamment de provoquer un emballement du réchauffement climatique.»

«Dans l’océan Austral, les coquilles de petits escargots marins se dissolvent. C’est une des premières preuves de l’impact de l’acidification des océans.» Rapport scientifique commandé par la Banque mondiale.

Tant que la gouvernance sera assurée par des hauts fonctionnaires et des politiques ayant la même «Vérité», tous formatés de la même façon (ENA, grandes écoles…), qui ignorent totalement «l’autre Vérité», la vraie vie des citoyens qu’ils dirigent, ce sera l’individualisme, la recherche du pouvoir, de la puissance, du profit, la concurrence, l’hyperconsommation énergétique, matérielle et informationnelle.

Dans ce cas, inégalités et colère persisteront ; la transition écologique ne pourra être que punitive.

C’est un changement de logiciel, que l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) a mis en scénarios. La transition écologique est inséparable d’une transition économique adaptée.

L’évolution a toujours procédé ainsi, par transformations de l’existant.

Entreprendre la transition écologique, ce n’est pas taxer plus les consommateurs mais leur permettre, au contraire, de dépenser moins !

Le constat de la façon dont est conçu le commerce montre qu’il serait possible d’augmenter le gain des producteurs, de diminuer largement les dépenses des consommateurs, de réduire énormément le taux de CO2 rejeté dans l’atmosphère,

de la vraie transition écologique non punitive.

Pour diminuer la pollution et la consommation des carburants fossiles, quand va-t-on commencer à s’attaquer :

+ A celle du gas-oil des millions de camions accidentogènes qui traversent la France, usent, polluent et encombrent routes et autoroutes, depuis les pays du N, l’Allemagne, le Royaume Uni, vers l’Italie ou l’Espagne.

+ A la longueur des déplacements aériens, tourisme et marchandises (kérosène détaxé), à la non taxation du fioul maritime, aux transports terrestres de personnes et de marchandises (réfrigérées ou pas) avec un remboursement partiel de la TICPE ; les très GES compatibles fabrications, stockages, distributions des produits transformés.

+ Aux apports de produits frais que l’on cultive ou élève parfois tout près, transportés par avion sur des milliers de kilomètres.

+ A l’évolution de 4 à 7% en plus, en 2018, des camions utilitaires et industriels qui roulent probablement au gas-oil. (Sud Ouest dimanche 12/01/2018).

Qu’attend-t-on pour s’attaquer sérieusement au plastique ? La plasturgie française est passée de 26,1 à 30,2 milliards d’euros de 2009 à 2017 (4), un gouffre de consommation d’hydrocarbures fossiles et de pollution des mers !!

Non, une société qui taxe les camions parcourant des milliers de kilomètres, qui ne passe pas les vacances de Noël aux Seychelles, qui ne consomme pas de fraises ou de pêches au Jour de l’an, de l’ail du Chili ou de l’agneau de Nouvelle Zélande n’est pas une société frugale, c’est une société qui n’a plus besoin de taxer les automobilistes obligés de prendre leur voiture pour aller au travail !

Une partie importante des biens matériels utilisés en France est produite en Chine ; une petite partie est triée en France, le reste repart en Chine où ils sont recyclés, puis de nouveaux utilisés pour produire des biens qui seront importés de nouveau en Europe. Si l’économie circulaire s’appuie sur un «cercle» dont le diamètre est de plus de 10 000 km, est-ce écologiquement rentable ? Qu’attend-on pour créer, chez nous, cette économie circulaire à proximité des lieux de consommation ? Que d’emplois créés, utiles pour le PIB, et d’économie de GES ?

Il faut avoir le courage politique d’agir sur la pollution de l’air, de la terre, des nappes… par les engrais chimiques, pesticides… fabriqués à partir d’hydrocarbures ; les industries peuvent fabriquer et vendre des aliments dangereux pour la santé, c’est la malbouffe, l’augmentation de l’obésité, de la spermatogenèse, des malformations, des cancers, du diabète, des allergies, des troubles cardiovasculaires et respiratoires… La biodiversité est en chute libre… : autant de dépenses pour la Sécu et les particuliers.

26 décembre 2018, partie de réponse de Priscillia Ludosky à celle de Macron :

Le principe du «pollueur/payeur», n’est-il applicable qu’aux automobilistes ?? Vous favorisez la mise en place sur le marché de véhicules électriques dont on sait qu’ils ne sont pas moins polluants au regard de tout le processus de leur chaîne de production… ; vous ne mettez pas les moyens nécessaires au développement de moyens de transports dans les régions qui en sont dépourvues et dont les habitants n’ont d’autres choix que d’utiliser leurs véhicules».

Le numérique est un grand pollueur devant l’Éternel ; mais, chut !, on profite du positif, on pollue en cœur, tant pis pour les autres ; quant à la réussite des gilets jaunes, chacun jugera si c’est une retombée positive ou non du numérique !

Mais combien coûtera la transition écologique ? Beaucoup moins que si on ne la fait pas; de nombreux transferts d’emplois, comme maintenant, des formations et des débouchés nouveaux, pas comme maintenant, une vie rurale renaissante.

2°) Sud Ouest 19 décembre 2018 : Environnement «un enseignement dérisoire»(5)

Alors que le pays doit élever drastiquement le niveau scientifique de sa population, que nous vivons dans une société où la technologie règne en maître, que le pays a besoin d’ingénieurs et de chercheurs hautement qualifiés pour être efficace dans la compétition internationale, que la lutte contre la transition écologique est urgente et plébiscitée, que la population, les médias, les politiques ont besoin de comprendre pourquoi il faut changer de logiciel sur la façon de vivre et d’aborder les perturbations climatiques, le ministre pense qu’il faut renforcer les disciplines littéraires en supprimant, dans le tronc commun, toutes les disciplines scientifiques, en première et terminale ; «deux heures par semaine !» «d’humanités» scientifiques et numériques pour tous à la place (6).

«Selon le ministre de l’Éducation nationale, ce programme vise à donner aux lycéens «les connaissances indispensables pour vivre et agir dans le XXI ème siècle en approfondissant les compétences numériques de l’élève ainsi que sa compréhension des grandes transformations scientifiques et technologiques de notre temps (bioéthique, transition écologique, etc.)».

On ne peut approfondir que ce que l’on a déjà creusé !

Assurer l’acquisition, par tous, des connaissances scientifiques de base, est un des rôles du tronc commun: numérique, math, physique, chimie, SVT, écologie ; les humanités scientifiques et les spécialités semblent plutôt se justifier en terminale, comme approfondissements préparant l’élève à son orientation post bac.

La vision des SVT du ministre est au niveau de celle des années 50 (5).

L’écologie est la science globalisante par essence, elle nécessite des connaissances dans tous les domaines : littéraire, philosophique, scientifique, sociologique, sciences humaines… Le ministre semble l’ignorer ou… ne pas être concerné !

Ce n’est pas une spécialité mais une matière fondamentale ; après la lecture, l’écriture, le calcul, c’est la connaissance de la vie, de son fonctionnement, ses dangers, ses merveilles.

Le fond de la contestation actuelle dans toute l’Europe (naissante aux USA) est une révolution culturelle et politique de rejet du système économique, la réaction française est spécifiquement gauloise.

Signé Georges Vallet

crédits photos:https://twitter.com/fr_citoyen/status/463059612271652864?lang=fr

(1)+«Les civilisations à l’épreuve du climat» de Vincent Boquero avril 2012 Dunod

L’ouvrage explique en quoi la comparaison détaillée de la carte climatique et de la carte historique confirme cet impact fort du climat.

(2)+Le climat fait-il l’histoire ? – Histoire Mondiale

http://www.histoire-mondiale.com/blogs/le-climat-fait-il-lhistoire/

(3)+ Réchauffement climatique | Futura Planète – Futura-Sciences

https://www.futura-sciences.com/planete/environnement/rechauffement-climatique/

(4)+ L’industrie plastique en France – Faits et chiffres | Statistahttps://fr.statista.com › … › Plastique et caoutchouc

(5)+Réforme du bac : quelle place pour les SVT demain …

https://www.sciencesetavenir.fr/…/reforme-du-bac-quelle-place-pour-les-svt-demain_12…

(6)+ Les cours d’humanités numériques et scientifiques arrivent au lycée …https://www.numerama.com › Politique