Ecobuage : qui pour démontrer son utilité ?


écobuage du côté du Rocher d’Aran

Chaque année, dans les Pyrénées, une fois que l’herbe a bien séché, une fois qu’elle est devenue paille et a revêtu une magnifique couleur or qui scintille au soleil, les pentes s’embrasent.

L’or se transforme en couleur cendre, l’air devient irrespirable. Il faut cheminer sur ces espaces brûlés, morts… et se questionner : quelle chance a-t-elle été donnée aux insectes, qui vivent au raz du sol, pour échapper au feu dévastateur ? Quelle chance a-t-elle été donnée aux nichées d’oiseaux qui vivent camouflées sous les mottes de terres ? Quelle chance a-t-elle été donnée aux petits rongeurs pour fuir le feu ? La réponse est simple, dramatique : aucune !
Et si ce n’était que cela : cette herbe paille n’était-elle pas aussi litière pour les ongulés (isards, chevreuils etc.), voire un complément nutritionnel pour les mois d’hiver.

A t-on évalué le bilan de ces écobuages ? A t-on évalué, d’un côté, la disparition par le feu de plantes invasives sur les estives (ajoncs, ronces etc.) et l’enrichissement des sols par les cendres et, de l’autre, l’inexorable disparition de la chaîne du vivant ?

Qu’est-ce qui est le plus important : préserver une activité traditionnelle (la transhumance) qui ne concerne que quelques uns ou préserver le vivant qui nous concerne tous ? Un choix difficile entre court-terme et long-terme.

Il serait intéressant que les naturalistes qui interviennent sur AltPy aident à développer ce sujet et nous renseignent, si possible, sur le bilan réel de l’enrichissement des sols par les cendres.

– par Bernard Boutin

4 commentaires sur « Ecobuage : qui pour démontrer son utilité ? »

  1. L’écobuage participe à l’érosion et l’appauvrissement des sols :
    – Si une partie des cendres retombe sur le sol une partie part avec les fumées ; le bilan en éléments nutritifs est donc négatif. (On pollue l’atmosphère avec les éléments nutritifs des sols !)
    – Le sol laissé à nu, recouvert en surface de cendres légère, est exposé au vent et à la pluie qui emportent les cendres et les particules fines du sol ne laissant que les sables, les graviers et les cailloux.

  2. Quand va t’ on se décider à établir une réglementation digne de ce nom en matière
    d’ écobuage?
    La logique voudrait que les écobuages soient effectués, uniquement sur les terres rattachées aux cabanes, sur les zones pâturées d’ altitude, donc avec un très faible risque de propagation, seulement après le départ de la neige et avant le réveil de la faune. Par le passé son temps limité diminuait d’ autant son impact sur la faune.
    Aujourd’ hui, malheureusement le rôle de l’ écobuage a été dévié de sa fonction
    d’ origine. Actuellement, il est devenu un moyen de débroussaillage utilisé en zone pâturée, mais surtout en zone non pâturée à toute altitude, parfois à proximité de
    l’ habitat, ce qui augmente considérablement sa dangerosité.
    Avec cette manière détournée de l’ utilisation de l’ écobuage certains partisans commencent à dire  » C’ est ça ou le désherbant avec toutes les conséquences que cela comporte » On ne peut se satisfaire d’ un tel chantage.
    Actuellement des mesures de sécurité ont été prises pour limiter l’ impact sur les humains, mais aucune pour limiter l’ impact environnemental et forestier. Aujourd’ hui les autorités de tutelle se doivent d’ apporter une réponse sur la définition du rôle de
    l’ écobuage et des zones autorisées à être écobuées. Sans cela, impuissants nous verrons brûler toujours plus nos montagnes.

  3. Cette notion d’enrichissement du sol par les cendres (qui sont essentiellement des minéraux) de l’écobuage me parait très discutable. Ce serait vrai si les cendres venaient d’un apport extérieur, mais ce n’est pas le cas ici : si elle n’était pas brûlée, la végétation serait consommée/dégradée par les divers organismes de l’écosystème local, et les minéraux qu’elle contenait se retrouveraient également à un moment donné dans le sol (de façon directe en cas de dégradation par les bactéries, ou indirecte par les excréments des herbivores -petits ou grands).

    La logique de l’écobuage est plutôt le défrichage des prairies, en tuant dans l’oeuf les pousses d’arbustes ou de plantes ligneuses.

    1. «si elle n’était pas brûlée, la végétation serait consommée/dégradée par les divers organismes»
      «La logique de l’écobuage est plutôt le défrichage des prairies, en tuant dans l’oeuf les pousses d’arbustes ou de plantes ligneuses.»

      Vous avez tout à fait raison, je me permets seulement de faire remarquer l’importance aussi du mode de pacage et de la nature des troupeaux. Le sujet porte sur les Pyrénées.

      Quand toute la période et la surface de pacage sont programmées et le troupeau conduit par le berger et ses chiens pendant toute l’estivation, l’herbe est tondue régulièrement partout; toutes les jeunes pousses de ligneux, encore tendres, sont consommées et à l’automne, l’hiver ne permettra pas l’invasion des ligneux. L’écobuage est inutile.

      On en revient aux conflits nés lors de la crise avec l’introduction des ourses.

      Les propriétaires des troupeaux veulent dormir le soir chez eux et dépenser le moins possible (bergers à payer); d’un côté, on peut les comprendre, d’un autre, quand on fait un métier il y a toujours des avantages et des inconvénients!

      Quand les ovins sont laissés libres ou seulement surveillés de loin par un berger, ou sans berger, les animaux choisissent les lieux les plus attractifs et délaissent des parties importantes qui sont alors envahies par les ronces et les ligneux; ils ont alors le printemps et l’été pour pousser.
      La surface est en sous-chargement et c’est la colonisation par les espèces ligneuses.
      L’écobuage constitue la solution choisie pour s’en débarrasser, ou si l’on veut étendre la surface de pacage. Malheureusement, on se débarrasse aussi de tout le vivant annexe!
      Dans ce cas, les dégâts évoqués dans le texte se produisent et les avantages sont plus que discutables, ils sont condamnables, malgré les autorisations données.

      Pourtant, même dans ce cas, des solutions respectueuses du milieu montagnard peuvent y remédier comme l’introduction de troupeaux mixtes contenant des bovins / équins /caprins qui consommeront les ligneux.

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