Il ne faut pas se tromper, les grèves qui commencent sont une guerre déclarée de la CGT et ses alliés politiques de l’extrême gauche contre le progrès, contre l’efficience. La convergence des luttes, le grand soir est souhaité, mais pour une fois le bon sens l’emportera car Macron ne peut pas céder.
La situation française lorsqu’elle est comparée à celle des pays qui réussissent montre un pays qui refuse d’évoluer, dont les performances économiques sont très fortement handicapées par une dépense publique record (57% du PIB) Un nombre de fonctionnaires pléthorique entraînant des performances loin des standards européens. Car la productivité dans nos services publics n’est pas bonne.
On a vu comment l’augmentation de productivité de la SNCF avait été redistribuée aux cheminots au lieu de bénéficier à l’entreprise pour améliorer ses performances :
Ainsi protégée, l’entreprise a délibérément fait le choix de son intérêt propre avant celui de ses clients, en consacrant plus que la totalité de ses gains de productivité (baisse de 14 % des effectifs entre 2003 et 2013) à l’augmentation de sa masse salariale (+ 16 %).(UFC Que Choisir) ( « SNCF : En quête d’efficience. » AP du 25/2/2018)
La France est un bateau avec 4 rameurs et 6 passagers qui fait la course avec les autres pays qui ont 6 rameurs et 4 passagers… Et une des causes en est le statut de la fonction publique (fonctionnaire, cheminots, etc…)
Comment voulez-vous qu’un fonctionnaire soit motivé pour travailler quand il voit que son voisin qui travaille peu, est souvent absent, a un déroulement de carrière identique au sien ? Pourquoi croyez-vous que le taux d’absentéisme des fonctionnaires est le double de celui du privé, sans parler des fonctionnaires territoriaux qui battent tous les records ? Car ce statut correspond à une autre époque.
« L’anomalie française, et il y en a effectivement une, se situe dans le taux extrêmement élevé de fonctionnarisation des agents de la fonction publique. On a, en effet, les chiffres suivants : France (81 %), Allemagne (30 %), Italie (15 %) et Suède (10 %).
Le taux français est exorbitant, et il frise l’absurde. Au Royaume-Uni, seuls quelques centaines de hauts fonctionnaires bénéficient d’un emploi à vie. En Suède, un effort considérable a été fait pour que la plus grande partie des agents de la fonction publique soit employée, à présent, selon des contrats semblables à ceux du secteur privé. Quant à la Suisse, elle se caractérise par le fait qu’en 2002, par référendum, le statut de fonctionnaire a, tout simplement, été aboli. »(Claude Sicard)
Il n’existe quasiment plus de fonctionnaires en Suisse et tout marche parfaitement, bizarre… Mieux, tous les spécialistes s’accordent pour dire que le ferroviaire Suisse est le meilleur au monde. Par contre il n’y a pas l’air d’y avoir une succursale de la CGT ou de Sud Rail.
On entend alors la CGT hurler au démantèlement du service public. Mais il n’en est rien. France Télécom est devenu une entreprise performante qui se développe à l’international, plus efficace que l’ancien service public, accompagnée par une ouverture du marché permettant une amélioration des coûts et du service, incontestable.
Ah ! et la sécurité ? Élément brandi par ces syndicats rétrogrades, le statut serait un gage de sécurité pour le client. Oui, regardons Air France, société où la sécurité est un enjeu au moins aussi important qu’à la SNCF : rien à dire. Incroyable ! On peut donc faire voler des avions sans être fonctionnaire !
Et il est d’ailleurs pitoyable de voir que nos services publics d’information jouent un rôle d’amplificateurs de la contestation au lieu de donner une vision objective de la situation.
Par exemple, sur le service public de l’audiovisuel on ne montre que le travail en horaire décalé des conducteurs, ces travailleurs exploités qui réalisent un travail harassant dans un univers d’une dangerosité extrême. Pourtant ils ne sont que 14000 sur 140 000. Et si on parlait des 120 000 autres ? Et d’ailleurs en France aujourd’hui plus de la moitié des travailleurs ont des horaires décalés. Quant aux non grévistes, une moitié du personnel, ils n’ont pas droit à la parole, pas plus que les cadres qui auraient sans doute bien des choses à dire.
Et qu’en est il chez nos voisins ?
En Allemagne, même si les difficultés du secteur fret ont provoqué en 2015 une perte de 1,3 milliards d’euros pour la Deutsche Bahn, le secteur ferroviaire a su se réformer. D’abord en mettant fin, dès 1994, au coûteux statut public des cheminots, plus que jamais en vigueur en France. Puis en s’ouvrant résolument à la concurrence au niveau du transport régional, ce qui a incité l’opérateur public à améliorer son offre et sa productivité.
Du coup, les subventions publiques au ferroviaire outre-Rhin n’ont pas varié depuis 13 ans et elles sont plus de deux fois inférieures, pour un kilomètre parcouru par chaque train, aux soutiens publics français. Les coûts d’exploitation en Allemagne sont également inférieurs de près de 50% à ceux de la France.
En Italie, les Ferrovie dello Stato sont bénéficiaires et se confrontent avec succès, sur les lignes à grande vitesse, au concurrent privé NTV. Les gains de productivité en Italie sont également significatifs depuis quelques années.
Et nos conducteurs, sont ils performants ?
Les conducteurs de train allemand travaillent 39 heures par semaine (contre 35 en France) et bénéficient de 20 jours de repos de moins que les Français (en comptant les congés payés). Ils sont en outre plus polyvalents et effectuent des tâches de maintenance que refusent les conducteurs français.
Ils sont en contrepartie mieux payés qu’en France : de 3000 à 3500 euros par mois pour un conducteur expérimenté contre 2500 à 3000 euros en France. En revanche, un conducteur allemand ne peut prendre sa retraite qu’à 63 ans contre 52 ans pour un Français.
Les conducteurs italiens partent à 58 ans et travaillent 40 jours de plus que leurs homologues français tout en étant en moyenne payés moins de 2000 € mensuels. La situation des conducteurs espagnols est assez semblable (35 jours de repos en moins qu’en France) mais ils sont mieux payés que les Italiens (de 1.900 à 3.000 €).
Enfin, au Royaume-Uni, les conducteurs peuvent être payés jusqu’à 4.750 € mensuels pour 40 heures hebdomadaires. Mais l’âge de la retraite peut dépasser les 65 ans à moins d’une contre-indication médicale. (Myeurop.fr juin 2016)
Plus de statut spécifique aux cheminots, une convention collective comme dans toutes les branches en France. Plus de retraite scandaleuse construite sur le comportement pleutre de nos vieux politiciens obnubilés par leur seule ré élection.
Et il ne s’agit que de rejoindre ce que font les pays européens qui réussissent, ou tout simplement ce que font les autres français… Où est le problème ?
En fait, même pas puisque ces mesures ne toucheront pas les grévistes, mais les futurs employés !
Un comble !
Daniel Sango