La formidable aventure du Lynx (en Espagne) : A quand dans les Pyrénées ?

En 2002, il y avait seulement 94 exemplaires de Lynx, répartis sur deux zones, dans le sud de l’Espagne : une dans le parc national de Doñana (embouchure du Guadalquivir), l’autre à Andújar (province de Jaén). L’animal était donné en voie d’extinction.

En 2018, sa population est évaluée à 686 exemplaires ! Vivant sur 125 km2 en 2002, ils sont maintenant répartis, sur 3064 km2, en Andalousie, Extremadure, Castille et sud du Portugal. Les « miracles » seraient-ils possible en matière de conservation et de reproduction animale ?

C’est en 1998, que Miguel Ángel Simón, biologiste née à Jaen, commence dans le cadre du programme Life, financé par des fonds communautaires et privés, à inventorier, mettre en « conservation » et aider à la reproduction des Lynx ibériques. Il passe 20 ans à cette tâche. Avec méthode et argent, 20 ans plus tard, le résultat est là. La semaine prochaine, à Bruxelles, Miguel Ángel Simón sera honoré pour ce résultat hors-norme. 

Dès le début pour le biologiste, il n’y a qu’une méthode : la reproduction et la réintroduction des animaux en s’assurant d’un « consensus social » des collectivités locales, de l’administration espagnole, des propriétaires des grandes fermes qui caractérisent le sud de l’Espagne, des sociétés de chasses et des citoyens en général.

Miguel Ángel Simón vient de prendre sa retraite. Il peut être fier du travail développé depuis son centre de conservation et de reproduction de “El Acebuche”, situé à Matalascañas dans le parc de Doñana. Un centre qui n’est pas resté seul puisque le zoo botanique de Jerez et les centres de Silves (Portugal), Granadilla (Cáceres), Santa Elena (Jaén) participent maintenant aussi au « repeuplement » des Lynx ibériques. 

L’incroyable succès du programme attire beaucoup de monde. Parmi les derniers hôtes de marque : Angela Merkel et Pedro Sanchez.

A quand des Lynx dans les Pyrénées ?

– par Bernard BOUTIN

Plus sur le programme de reproduction du Lynx ibérique : c’est ICI (en espagnol et anglais). Lire aussi la parution dans El País du 11 mai 2019 (espagnol).
credit photo : https://www.lynxexsitu.es/index.php

Géothermie à Pau : le fiasco !

chaleur 0   Ainsi, il aura fallu six ans pour que l’on se rende enfin compte de l’impossibilité technico-financière du projet de Lons. Combien d’argent public est donc parti en fumée par l’incompétence de nos décideurs ?

C’était en 2013, après avoir examiné longuement le projet de géothermie de Fonroche à Lons, j’ai écrit trois articles qui démontrent sans ambiguïté :

– que ce projet n’apporte rien quant à l’acquisition de compétences techniques ou économiques en géothermie profonde

– que ce projet rassemble des problèmes techniques uniques qui le rendent irréalisable techniquement et encore plus financièrement (le réservoir déplété par l’exploitation du gaz est le handicap majeur)

https://alternatives-pyrenees.com/2013/09/16/geothermie-a-lons-un-projet-de-recherche-de-fonds-1/

https://alternatives-pyrenees.com/2013/09/18/geothermie-a-lons-un-projet-de-recherche-de-fonds-2/

https://alternatives-pyrenees.com/2013/09/19/geothermie-a-lons-un-projet-de-recherche-de-fonds-3/

Mes conclusions étaient sans appel :

« Pour ce qui concerne le projet de Lons, il serait assez étonnant que la recherche de fonds pour ce projet aboutisse.

Si c’était malgré tout le cas, la probabilité d’un succès du projet paraît infime. »

Pourtant, comment des décideurs à l’ADEME ont ils pu subventionner un tel projet ? C’est un mystère qu’il faudra élucider. Ils jettent l’éponge aujourd’hui, mieux vaut tard que jamais, mais quand même, quelle incompétence.

Car au delà de ce projet, ma position sur la géothermie profonde était très claire dans mes articles :

« Pourtant, la géothermie reste une énergie de très grande qualité car elle n’a pas le handicap de l’intermittence comme la plupart des énergies renouvelables. Il paraît bien plus judicieux aujourd’hui, si on a trop d’argent, de développer un pilote industriel en Alsace où les conditions seront moins difficiles, et mieux connues, de manière à estimer avec plus de précision les coûts (mais est-ce suffisant comme enjeu ?). Ou mieux encore d’en observer les développements aux Etats Unis qui dispose de sites favorables, où les coûts sont plus bas, et les sites déjà forés dans le cadre d’exploitation pétrolière ou gazière nombreux. C’est là qu’on verra se développer cette production d’énergie lorsqu’elle approchera de la rentabilité financière ».

Il y a aussi la lourde responsabilité des élus, qui n’ont pas pris la peine de lire Alternatives Pyrénées et qui auraient pu poser quelques questions à Total qui aurait confirmé les impossibilités techniques… Il faut dire que Fonroche les a fait rêver et les journalistes béats ont relayé…

Bien évidemment cette affaire condamne (heureusement) le projet de chauffage urbain palois, celui qui partait de la déchetterie et aurait utilisé l’eau chaude produite à Lons. Avec la seule déchetterie un pipe jusqu’à Pau n’est pas justifiable il faudra revoir un mini projet local.

Il faut que Bayrou s’en rende compte. Sa réflexion dans les colonnes de La République montre son manque de clairvoyance : « Des discussions sont en cours, et s’il faut intervenir, j’interviendrai car ce serait une énergie gratuite pendant 100 ans »

Il faudrait qu’enfin le Maire de Pau comprenne l’impossibilité technique évidente du projet de géothermie à Lons. Quant au côté gratuit durant 100 ans cela montre une ignorance affligeante …

Daniel Sango

Moins de trésoreries, pour plus de trésor

monein-la-rep    L’année 2018 a mis sur le devant de la scène l’organisation archaïque de la Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP) et les Béarnais, comme souvent, se montrent réfractaires à toute évolution, fut elle une évidence.

C’est la Cour des Comptes qui a analysé la situation de cette administration tentaculaire avec ses 110 000 agents répartis dans une multitude d’implantations (4000, le réseau le plus dense après celui des écoles…) qui datent de l’époque où n’existait ni le téléphone ni l’informatique. Son rapport de juin 2018, « La DGFiP, dix ans après la fusion. Une transformation à accélérer (Juin 2018) » propose des solutions, à commencer par un nombre et une répartition des Trésoreries adaptée aux évolutions technologiques.

« Avec plus de 4 000 implantations, la DGFiP s’appuie sur un maillage territorial parmi les plus denses de la sphère publique. Le réseau emploie plus de 85 % des agents et compte de très nombreuses petites unités : plus de 1 600 trésoreries comptent moins de 10 agents .Compte tenu des congés et de l’absentéisme, ce type d’unités ne peut délivrer des services avec une amplitude et une qualité suffisantes. »

Avec un problème de gestion du personnel tout aussi archaïque lié au statut de la fonction publique : « Enfin, malgré les efforts engagés, la polyvalence des agents et leur mobilité entre les fonctions comptables et fiscales demeurent limitées. Seuls 1 % des agents ont ainsi changé de filière. Pourtant les agents ont largement bénéficié de la fusion : de nombreux avantages et primes ont été accordés dans les années post-fusion, générant une hausse de la masse salariale de près de 300 M€ sur la période 2009-2012. »

L’outil informatique doit être lui aussi modernisé : « De plus, la DGFiP fait face aujourd’hui au vieillissement avancé de plusieurs pans de son architecture informatique, construite par sédimentation de couches applicatives dont certaines remontent aux années 1970 .La résorption de cette « dette technique, qui freine les évolutions de la DGFiP, constitue un enjeu majeur »

C’est ainsi que deux trésoreries béarnaises se sont assez logiquement trouvées sur la liste des fermetures : Monein et Bedous. Il y en aura sans doute bien d’autres, la dématérialisation est inéluctable.

Evidemment comme chaque fois que l’on veut changer quelque chose, les Maires, dont l’existence est encore plus archaïque et dépassée (oui, il faudrait commencer par diviser par deux le nombre de communes, issues elles de l’époque où on se déplaçait à cheval et pour la majorité des habitants, à pied en sabots…) la suite serait plus simple.

Le cas de Monein est assez caractéristique de l’impuissance française car outre le fait qu’il n’y a quasiment plus d’employés à Monein, il existe à moins de 8 km la trésorerie de Mourenx …

Mais le Préfet a temporairement cédé et souhaité une période de « concertation » qui concerne aussi les autres Trésoreries (Hendaye, Saint-Jean-Pied-de-Port, Tardets )

Bedous se trouve dans le cas d’une activité trop faible et il est désolant de voir nos élus nationaux, y compris les soutiens de Macron s’opposer à des économies dont la France a pourtant grand besoin.

J’ai compté 30 Trésoreries dans les Pyrénées Atlantiques dont 17 en Béarn : c’est bien une dizaine qu’il faut supprimer en Béarn…

Pour Bedous et Monein, ce ne sera que reculer l’échéance, et contribuer ainsi à l’indispensable diminution d’une dépense publique beaucoup trop importante.

Daniel Sango

Photo : Trésorerie Monein (La République)

Anecdotes

OLYMPUS DIGITAL CAMERA    J’avais coché le 11 décembre car ce jour-là était prévu à Pau le jugement en appel de Didier Borotra et sa fille Sophie, vous savez, celle qui est grassement rémunérée par la ville de Pau pour un travail aux Halles difficile à identifier, et à qui on reproche un emploi douteux à Biarritz ( « Sophie Borotra, un scandale aux Halles de Pau ? » )

Pour connaître l’heure de l’audience c’est tout naïvement que je me tourne vers Google pour trouver toutes ces informations…mais non, le Tribunal de Pau n’est pas encore relié à l’Internet… Incroyable !

Sur les conseils d’un ami, je me rends donc sur place où je devrais trouver affiché ce type d’information. Là c’est le vide et je me tourne vers l’une des deux dames qui visiblement s’ennuie derrière son hygiaphone. Ma question concernant le programme du lendemain lui paraît curieuse, bizarre…

Non, rien n’est affiché, non on ne peut pas connaître le programme du lendemain… Non elle ne peut pas me renseigner, et puis qui suis-je pour demander de tels renseignements…   Stupéfiant !

Ainsi va la vie dans une institution moyenâgeuse avec des fonctionnaires d’une autre époque. C’est là qu’on se rend compte de l’impérieuse nécessité de supprimer cet archaïque statut de fonctionnaire, cela rendra beaucoup d’efficacité aux services publics, avec en prime beaucoup moins de monde…

Pour couronner le tout, les avocats sont en grève… pour lutter contre l’informatisation de la Justice…

Ah, pour obtenir l’information, c’est Sud Ouest qui la donnera le lendemain, l’audience est reportée : « Didier Borotra et sa fille seront jugés en appel le 16 Mai ».

 

Jeudi 6 décembre j’étais à Madrid, c’était un jour férié pour fêter l’anniversaire de la Constitution.

Elle reste plus que jamais un symbole pour les Espagnols. Bon, de passage à côté d’une journaliste de la TVE qui interrogeait un passant sur ses connaissances en la matière, j’ai vu toutes les limites de la chose… Mais il en serait de même en France.

Et jeudi soir, à la Puerta del Sol ainsi que dans toutes les rues du centre de Madrid il y avait foule (voir photo en médaillon) Une foule paisible et familiale qui essaye de se frayer un passage vers la Plaza Mayor voisine, à tous petits pas car la densité des promeneurs est incroyable. Pour un Français en visite, c’est autant de monde que lors de la victoire des bleus en 98, et lorsque j’interroge un Espagnol sur le but de cette foule, il s’étonne de la question, il n’y a rien de spécial, c’est un jour férié, on se promène…

Pendant ce temps, Paris est mis à sac par des voyous et les gilets jaunes les plus extrémistes. En France le SMIC est (était) à 1498 euros bruts comme en Allemagne ou au Royaume Uni (1463 €). En Espagne il est à 858 euros mais le chef du gouvernement Pedro Sanchez a annoncé ce mercredi qu’il le passerait par décret à 1050 euros brut en 2019…

Daniel Sango

 

Pas de beau cadeau pour les gilets jaunes

    Les revendications des gilets jaunes ressemblent maintenant à une litanie où on retrouve pèle mêle toutes les plaintes possibles, bien loin d’ailleurs d’être toujours justifiées. Mais que peut faire la France, pays parmi les plus généreux au monde, dont tous les voyants sont au rouge ?

Les français sont trop taxés, ce n’est pas une nouveauté, avec plus de 48% du PIB de prélèvements obligatoires nous sommes champions du monde (OCDE) des prélèvements et le ras-le-bol fiscal est là.

En contrepartie, nous sommes aussi champions du monde de la dépense publique, qui continue d’ailleurs à augmenter avec près de 58,4 % du PIB. Au passage il faut arrêter de qualifier les gouvernements français de libéraux, c’est tout le contraire, les vrais libéraux s’étranglent…

Mais le problème est bien plus compliqué car depuis 42 ans, nous avons été incapables de présenter un seul budget de l’Etat en équilibre, si bien que notre dette frôle les 100 % du PIB, et va bientôt les dépasser car toujours pas de budget en équilibre alors que les bons élèves de l’Europe y arrivent.

Comble de problème, la France a un taux de chômage très élevé, bien plus que ses voisins allemands, danois ou suédois et il tarde à baisser significativement. Taux de chômage incroyable dans un pays qui n’arrive pas à pourvoir ses postes dans la restauration, la mécanique ou l’informatique… Un pays qui doit faire appel à la main d’œuvre étrangère pour vendanger ses immenses vignobles ou ramasser les fruits des vergers… Bizarre… C’est la prochaine réforme.

Pour couronner le tout, la balance commerciale française est très gravement déficitaire, 62,3 milliards d’euro en forte hausse par rapport à 2016 (48,3 milliards) et c’est l’Allemagne qui supporte la valeur de l’euro.

On entend sur les giratoires des propositions, hélas toutes plus stupides et inefficaces les unes que les autres.

« Yaka taxer plus les entreprises… » le résultat est immédiat, les grands groupes déplacent leur siège social en Hollande ou encore mieux en Irlande où la pression fiscale est bien moindre. Les Start up font de même : bénéfice ? Non perte.

En complément, les PME a priori moins mobiles ne sont plus compétitives et continuent leur déclin…

« Yaka taxer les riches, rétablir l’ISF… » Ils oublient que l’ISF est un impôt qu’on ne trouve qu’en France, impôt au demeurant très contestable puisqu’il impose tous les ans des biens dont la valeur a déjà été taxée par l’impôt sur le revenu. On connaît le résultat, une grosse fortune qui souhaite changer de lieu de résidence fiscale obtient la nationalité Monégasque, Suisse, voire Russe immédiatement. Les impôts vont ailleurs… là encore il faut admettre que nous sommes dans une économie mondialisée.

L’exemple le plus caricatural se trouve dans mon article « Coupe Davis : la Suisse bat les Suisses » AP du 26/11/2014. J’y écrivais : « Ce dernier week end était l’occasion d’une rencontre de tennis entre Suisses. La totalité des joueurs et même certains non joueurs français sont résidents dans le secteur de Genève : Gilles Simon et Richard Gasquet (Neuchâtel) Jo-Wilfrid Tsonga et Gaël Monfils (près de Nyon) Julien Benneteau et Arnaud Clément (Genève) comme Guy Forget et Arnaud Boetsch (ancien joueur et commentateur sur France Télévision) …etc. »

Plus proche de nous, et seulement pour la Suisse, Challenges dresse cette semaine un bilan très partiel, uniquement pour les très riches : « Ils sont 54 résidents français en Suisse dont la fortune cumulée dépasse les 100 milliards de francs suisses (soit 88 milliards d’euros).

Le magazine note même que, pour cause de durcissement des règles de transmission, ces résidents font aussi venir leurs enfants, pour échapper à des taux de prélèvement qui peuvent atteindre chez nous 45% en ligne directe, alors qu’ils sont cinq à six fois moins élevés en Suisse. »

On peut y rajouter la Belgique : « La Belgique accueille près de 20 des 100 plus grosses fortunes françaises, et les Français détiennent au moins 17 milliards d’euros dans ce pays » (Libération). Et bien d’autres…

Les Suisses les Belges, les Anglais se gavent de notre stupidité fiscale. Alors, on continue, on fait fuir tous les riches ?

Il n’existe pourtant qu’une solution pour avoir une marge de manœuvre, et Macron ne l’a toujours pas mise en œuvre : la diminution de la dépense publique. Mais une vraie diminution, pas comme aujourd’hui la baisse de l’augmentation…

Et des domaines d’économie il y en a plein. Il suffit de relire les rapports de la Cour des Comptes.

A commencer par le nombre pléthorique de fonctionnaires. Un objectif de suppression de 500 000 postes et du statut de fonctionnaire est tout à fait atteignable sans que rien ne change pour le fonctionnement ( « Cinq cent mille postes de fonctionnaires en moins, c’est un minimum ! » AP du 9/4/2017) On ne relira jamais suffisamment le discours de 2009 de Philippe Seguin alors Président de la Cour des Comptes :

 « Cela n’empêche pas de reconnaître que la décentralisation a également généré des coûts qui n’ont pas de réelles contreparties pour les citoyens.

La décentralisation a en effet démultiplié les niveaux de décision, les structures administratives et les doublons. C’est le fameux mille-feuille administratif. On dénombre aujourd’hui plus de 36 000 communes, 100 départements, 26 régions et 16 000 structures intercommunales. Circonstance aggravante : l’État n’a pas su adapter en conséquence ses propres services déconcentrés, comme en témoigne le bilan en matière d’effectifs.

Les mesures de décentralisation engagées depuis les années 1980 auraient dû en effet se traduire par un allègement corrélatif des effectifs de l’État.

En 1980, on dénombrait 2,1 millions de personnes dans la fonction publique d’État et 1,1 million dans la fonction publique territoriale. En 2006, on en dénombrait plus de 2 millions et demi dans la fonction publique d’État (400 000 de plus !) et plus de 1,6 dans la fonction publique territoriale (1/2 million de plus), soit une augmentation en 25 ans d’à peu près un million de personnes dans les deux fonctions publiques.

Ces chiffres en disent plus que de longs discours.

Les collectivités territoriales ont de leur côté procédé à des recrutements supplémentaires, pas forcément rattachables à l’exercice des compétences nouvelles.

On a ainsi constaté une forte progression des effectifs dans les échelons territoriaux qui n’étaient pas concernés au premier chef par les changements induits par la décentralisation, notamment les communes. Entre 1980 et 2006, les effectifs des communes ont augmenté de plus de 47 % ; ceux des intercommunalités de 147 %. »      (Philippe Seguin 29 Oct 2009)

Et cela a continué jusqu’en 2016…

Bien évidemment il faudra supprimer deux niveaux dans notre mille-feuille : les communes et les départements et dimensionner les intercommunalités pour qu’elles représentent le vrai bassin de vie.

Mais pour en revenir aux gilets jaunes, la situation économique de la France n’a pas l’air de les concerner vu les énormités qu’on entend sur les barrages.

Il faudrait aussi mettre en avant que ces manifestants ne payent pas d’impôt sur le revenu, ne payent pas de taxe d’habitation, disposent d’aides innombrables que je ne pourrais toutes citer.

Certes il faut continuer à améliorer les revenus des Français mais cela ne peut passer que par plus de travail, moins de chômage et cela prendra du temps.

Et pour la fin du monde…on y va tout droit.

 Daniel Sango

Complément du 4/12 au matin

Hier le Premier ministre a reçu les responsables politiques. Quand on voit les propositions des uns et des autres c’est pitoyable. Bon pour les extrêmes c’est habituel. Mais comment peut on proposer un référendum pour la droite ?

D’ailleurs je suis frappé par l’incompréhension par les français de la stratégie Macron, pourtant d’une logique parfaite.

Aujourd’hui les finances publiques ne permettent aucune marge de manœuvre l’objectif prioritaire est la lutte contre le chômage qui, en augmentant l’activité et diminuant la charge immense de son indemnisation permettront de diminuer impôts et taxes. Cercle vertueux. Et il n’y a pas d’autre voie !

Ce qui est incroyable c’est que les macronistes sont incapables d’expliquer cela clairement.

Et ce qui est tout aussi incroyable c’est que les gilets jaune ne mettent jamais en avant (et souvent pas du tout comme ce matin sur France Inter) le problème du chômage.

Bien sûr ils ne sont pas très aidés dans l’apprentissage de l’économie quand on entend Ruffin ou Le Pen. Pourtant il leur suffit de regarder ce qui s’est passé dans le monde:

– les fanfaronnades gauchistes de Mitterrand, avec un demi-tour à 180° au bout d’un an

– la honte de la gestion type France Insoumise au Venezuela

– les immenses déboires de l’Argentine

– plus près de nous, la Grèce, ou Tsipras fut élu permettant à Mélenchon d’afficher une joie débordante. Quelques mois après, devant la réalité du monde il baissait (entre autres) les retraites de 10%

Ce qu’il faut faire en France est connu cela se passe à côté de chez nous, en Suisse, en Allemagne, au Danemark, en Suède, …etc

Ces positions disqualifient définitivement ces partis extrémistes (et les autres qui font de la politique politicienne) et les gilets jaunes qui devraient profiter de leurs temps libres sur les ronds points pour étudier l’économie.

La cause animale

« J’ai choisi de ne pas avoir d’enfant. Je ne veux pas être responsable de la venue d’un humain supplémentaire. Nous sommes déjà trop nombreux. » Ce sont les mots très significatifs et déjà ancien –ils datent de 2013- d’un des leaders du mouvement animaliste français, -aujourd’hui disparu-, recueilli alors par Midi Libre. Ils résument assez bien la philosophie de ceux qui posent que l’homme n’est qu’une espèce comme une autre : les anti-spécistes. Un petit groupe d’entre eux, inspiré de cette doctrine, s’est introduit dans les abattoirs de Mauléon à l’insu de ses salariés et du propriétaire de l’édifice, pour tourner une vidéo clandestine qui a ému ces fameux réseaux sociaux qui donnent sans discernement un résonnement nouveau aux images chocs.

Résonnement n’est pas raisonnement, évidemment : l’image, l’émotion et parfois le mensonge –les fake-news- règnent sur ces fameux réseaux sociaux. On sait qu’ils ont faussé le résultat de l’élection présidentielle américaine –ça n’est pas rien tout de même !- et qu’ils interviennent régulièrement dans le débat catalan avec pour objectif d’affaiblir l’unité européenne. En bref, les réseaux sociaux, les médias aussi, ont permis à ce qui était un courant de pensée minoritaire, le véganisme, de se développer comme une traînée de poudre ces dernières années. Il y a là, pour les optimistes, un effet de mode qui bénéficie au commerce lié aux animaux. Les rayons qui leurs sont consacrés dans les supermarchés ont considérablement augmenté de volume et leurs produits. Les « animalistes » et on le voit bien dans ce « procès de Pau » sont portés par des moyens considérables, soutenus, globalement, par les médias de toute sorte ce qui explique la prudence de la défense de ces modestes salariés souletins, sans doute perdus dans ce tintamarre.

Le titre du dernier livre de Jean-Pierre Digard, ethnologue et anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS, spécialiste de la domestication des animaux et membre de l’Académie d’agriculture de France, « L’animalisme est un anti-humanisme », annonce clairement la couleur. Pendant que le scandale du jour agite les gazettes et le monde judiciaire on a du mal à s’accorder sur un plan pauvreté phénomène qui brusquement apparaît comme d’une ampleur inattendue. On tourne le dos, en se bouchant le nez, sur ces nouveaux boats peoples promenés d’un port à l’autre sans que cela émeuve véritablement le grand public. On défend –pour certains- les dirigeants Vénézuéliens alors que des millions d’hommes et de femmes quittent dans les larmes ce grand pays, etc., etc. Nous pourrions énumérer les « causes » humanitaires qui touchent le cœur de bien peu d’entre nous et qui font de notre société une des plus injustes de l’histoire. Ainsi on débat du sort et des droits des animaux alors que celui d’une grande partie de l’humanité sont foulés aux pieds

La cause animale est-elle prioritaire dans ce monde de sang et de misère ? De quels animaux parlons-nous ? Des animaux domestiques, des chiens et des chats ou de tous les animaux, du moustique au poisson ? Faut-il désormais renoncer à la viande –l’interdire violemment comme on l’a vu récemment à Lille- sans respect des libertés individuelles et que devient la chaîne alimentaire, va-t-on interdire au lion de manger la gazelle ? Le combat pour la biodiveristé, la réintroduction de l’ours, par exemple, se confond-t-il avec cette sensibilité animaliste ? Et que faisons-nous des plantes qui pourtant, elles aussi, ont leur vie et leur beauté ? Tout cela est-il le signe d’un affaiblissement de l’humanisme et de ses valeurs ?

Pierre Vidal

Yannis

L’alternative de Yannis, El Adoureño, a été, dimanche dernier, dans les arènes de Dax, pleines pour l’occasion (7000 spectateurs), le point d’orgue d’une semaine taurine très chargée. Elle en a laissé beaucoup perplexes car Yannis, l’enfant de Nogaro, a su se montrer à la hauteur de l’événement et couper une oreille, sans souffrir de la comparaison avec deux monstres du toreo : Enrique Ponce et Alejandro Talavante.. Surtout il s’est montré à la hauteur de deux très bons toros ; le sixième étant sans doute le meilleur de la temporada dacquoise. On le sait : être bien avec un bon toro c’est ce qui est le plus difficile. Ainsi, Yannis a coupé court aux critiques de la meilleure manière : en toréant -même s’il y a dire sur les mises à mort…

Ce résultat heureux il faut s’en réjouir même s’il a été obtenu d’une manière peu orthodoxe. Car Yannis a une histoire taurine chaotique. Il a, à ses débuts, alors qu’il était encore sous la houlette de Richard Milian, matador retiré et désormais directeur d’une école taurine, séduit les spectateurs. Je me souviens d’une sortie à Saint-Sever où il avait, sans picador, impressionné. Il disparut du paysage par la suite –sans que l’on en sache les raisons véritables-  pour revenir plus tard, après un certamen réussi, exclusivement en Espagne. On lisait alors ses exploits sur les sites spécialisés ; ils étaient surprenants : avec un bilan qui le mit troisième à l’escalafon. Il gagna le zapato de oro d’Arnedo alors qu’il était remplaçant de la dernière minute.

Fondée exclusivement sur cette réputation -car qui l’avait vu en Espagne ?-, sa temporada française fut faîte en tout début de saison ; la plupart des arènes du sud-ouest faisant appel à cet enfant du pays méconnu; réparant ainsi une injustice en somme. Plus surprenant, l’alternative fut programmée avant même qu’il n’ait été vu dans aucune de ces arènes. Une sorte de prime aux références passées, si on veut, octroyée par la commission taurine dacquoise. C’était une démarche inédite, un but mais aussi une pression forte sur les épaules du jeune homme. A posteriori on comprend que cet objectif ait été le fil blanc de la saison.

On le voit désormais ce fut une saison habilement menée par Yannis et son entourage. Elle en laissa beaucoup sceptiques mais il sut éviter adroitement les écueils des novilladas dures où il y a peu à gagner quand on a en ligne de mire une soirée comme celle proposée dimanche à Dax. Il sut gérer les pièges, avançant sans que l’amertume causée par cette gestion habile ne le perturbe. Dans la vie on ne se fait pas que des amis, dans ce milieu encore moins…

Il était donc attendu au coin du bois pour ce jour cérémoniel. Il avait certes ses inconditionnels mais une bonne partie de l’aficion doutait de sa réussite. C’est assez remarquable de sa part d’avoir été là le jour J, retournant les plus sceptiques : [i] »ces hommes de peu de foi »[/i]… et d’avoir su cacher son jeu précédemment. Ce parcours inattendu, ces surprises qu’il nous a réservées et sa capacité à être présent au bon moment augurent bien de la suite de sa carrière; même si le chemin est ardu. Sans doute, avec Yannis, nous ne sommes pas au bout de nos surprises…

 

Pierre Vidal

« La ville s’endormait et j’en oublie le nom »

A bien des égards nos amis landais ou gersois nous donnent des leçons que nous ferions bien de retenir nous qui nous complaisons dans une autosuffisance hautaine. Elles ne datent pas d’hier mais nous n’y avons guère prêtée attention. Ainsi, pour commencer, nous devrions applaudir des deux mains au succès du festival de Marciac. Né de la volonté d’une personne, dans un endroit improbable et qui a fait tant pour la renommée et l’économie de sa petite commune de 1247 habitants située dans une région improbable mais belle de sa beauté sauvage, de ses coteaux boisés, de ses villages minuscules et de ses fermes isolées qui seraient abandonnées si elles ne s’étaient transformées en gîte rural pour l’occasion.

41ème édition de ce festival connu du monde entier et qui a accueilli les plus grandes stars du jazz : Archi Shepp, Nina Simone, John Mac Laughing, Joe Cocker, Al Jarreau et tant d’autres, petits ou grands. Le festival a ses fans, ses habitués qui viennent chaque année et pour dire les choses de manière prosaïque : consomment sur place. Certains restent sur place plusieurs semaines, les autres passent une soirée. Mais les hôtels, les commerces, les restaurants sont pris d’assaut. Car la culture contrairement à ce que l’on dit trop souvent ce n’est pas un supplément d’âme –même si cela touche l’âme- c’est aussi une source de profits très matériels et concrets –en monnaie sonnante et trébuchante.

A quelques dizaines de kilomètres, Vic-Fézensac accueille « Tempo Latino » -après que la petite cité ait organisé une féria toujours aussi populaire. C’est un festival qui ne dure que trois jours qui s’adresse à une clientèle plus restreinte et différente de celle du jazz et qui a connu des difficultés. Mais qui n’en a pas dans ce type d’organisations ? En tout cas on s’accroche du côté des organisateurs et on est toujours là. L’idée, le concept est décliné de manière différente à Dax au mois de septembre où la Salsa est mêlée sans complexe à la tauromachie. C’est « toro y salsa ». Une manifestation qui attire les foules et qui est mieux dimensionnée que les fêtes de Dax qui désormais atteignent des proportions que beaucoup jugent excessives.

On peut citer aussi nos amis montois qui ont su créer de toute pièce un festival de flamenco devenu une référence dans ce milieu fermé mais qui gagne en popularité. On a fêté les trente ans du festival cette année. C’est une manifestation impulsée à ses débuts par le conseil général des Landes. Il s’agissait d’une volonté politique. Elle s’est avérée aussi légitime que de construire des ponts, des routes ou des tram-bus… plus sympa en tout cas pour la population et l’économie locale. On pourrait aussi citer le festival Garorock de Marmande qui a connu cette année des déboires liés à la météo mais qui persévère. Ou encore Musicalarue né à Luxey, dans la Haute Landes, de la main d’un groupe de copains qui mêle les arts de la rue et la chanson dans un lieu vraiment perdu en plein centre du désert de la pignada.

Toutes ces initiatives existent car elles ont été aidées ou voulues par les élus et surtout elles n’existeraient pas sans leurs bénévoles ni l’accueil enthousiastes des habitants qui mettent pour une bonne part la main à la patte. Attention ! Toutes ces manifestations réussissent car elles ont une véritable exigence de qualité et c’est la raison fondamentale de leurs réussites. Autrement dit il ne suffit pas de faire des effets d’annonce, il faut aussi une proposition de qualité qui réponde à un besoin. Autrement dit, définir un concept clair, porteur, exigeant.

Cela donne à penser. L’été à Pau cela évoque les vers de la belle chanson de Jacques Brel :

La ville s´endormait

Et j´en oublie le nom

Sur le fleuve en amont

Un coin de ciel brûlait

Pierre Vidal

Ce sont les élus qui sont trop nombreux, pas les ours !

ours 2    On aura donc deux ourses en Béarn, et ce ne sont pas les positions incongrues de nos parlementaires qui y changeront quelque chose, enfin si, on peut espérer qu’ils seront, eux, à l’avenir, moins nombreux.

Une majorité des Maires des PA s’étaient déjà tristement prononcé sur ce sujet ( « Les élus béarnais veulent la peau de l’ours ! » AP du 17/6/2018 cliquer sur le titre ), même ceux dont la commune n’a vu que des ours en peluche…

Lors d’un déjeuner avec Nicolas Hulot concernant la réintroduction de deux ourses en Béarn, il a eu droit à un refus unanime des parlementaires des Pyrénées Atlantiques. Les propos de David Habib furent clair :  » Nous lui avons répondu qu’entre l’ours et les bergers nous choisissons sans hésiter les bergers » (La République du 31/7/2018). Enfin, une partie des bergers…

Cette opposition unanime est pour le moins étonnante. Tout d’abord on aimerait des prises de parole claires des députés MoDem, la position de Josy Poueyto ou Jean Paul Mattéi confronté à l’ours dans leur circonscription, cela doit être piquant… Et que dit notre François, roi du Pays de Béarn ?

Mais ces élus oublient un peu vite ce que pensent leurs électeurs. Un sondage IFOP sur l’ensemble des Français diffusé le 1/3/2018 montre que 84% des Français sont favorables à cette réintroduction (8 points de plus que lors du précédent sondage) ainsi que 78% des Pyrénéens !

D’ailleurs la mascotte de la Section Paloise, Bearny est bien un ours et le Béarn juste un peu plus qu’un ours anglais… Rappelez vous, le slogan publicitaire du Conseil Général (aujourd’hui lui aussi opposé à l’ours) pour leur station de ski : « A la Pierre Saint Martin les oursons vous regardent skier » …

Quels arguments ont ces girouettes pour démontrer que ce qui est possible en Espagne, en Italie en Roumanie ou en Slovénie est impossible en Béarn ?

Comment est-il possible que nos élus s’opposent à cette démarche écologique défendue par le plus populaire des écolos, exigée par l’Europe, et approuvée par l’immense majorité des citoyens et des Pyrénéens ?

Devant un tel désaveu on aimerait avoir un argumentaire détaillé de la part nos élus !

J’espère que les électeurs se souviendront de ces prises de position lors des prochaines élections, mais surtout qu’avant, la population des parlementaires, bien trop nombreuse, sera diminuée d’une manière sensible comme promis par le Président candidat. Trop de politiciens professionnels dont les dégâts sur la population des moutons citoyens sont considérables.

On n’envisage pas de les introduire ailleurs, personne n’en manque …

Daniel Sango

 

Pour prolonger cette lecture, un article qui nous montre que les bergers, en particulier la jeune génération, est favorable à la cohabitation :

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/grand-format-si-l-ours-disparait-mon-metier-va-mourir-le-plaidoyer-d-une-bergere-en-bearn_2863767.html

Crédit photo : goldenmoustache.com

 

 

Utopie à Billère ?

UTOPIA borderouge    Cela fait huit ans que Jean-Yves Lalanne pense à un cinéma Art et Essais à Billère. Son projet s’inscrit dans le cadre de la revitalisation du centre ville et ne manque pas d’arguments favorables.

Déjà en 2010 Le Maire de Billère avait écrit à Martine Lignières Cassou pour lui faire part de son intention de créer un cinéma Art et Essais à Billère. A nouveau en 2014 il écrivait à François Bayrou pour lui demander de prendre en compte son souhait dans le cadre d’une collaboration avec Le Méliès, alors qu’il envisageait le projet du Foirail. Il avait aussi demandé au Vice-Président en charge de la Culture, de présenter un schéma culturel cohérent au niveau de l’agglomération, tenant compte de son souhait, car la compétence cinéma Art et Essais dépend de l’Intercommunalité. Aucune suite ne fut donné à ses divers courriers. Pourtant, en 2011, la CDAPP avait demandé à Hexacom une étude sur le marché Art et Essais au niveau de l’agglomération qui concluait à un potentiel de 38 à 62 000 entrées supplémentaires.

http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2012/01/30/deux-cinemas-de-plus-preconises,225001.php

Il est pourtant bien logique que les Maires des différentes localités veuillent revitaliser leur commune. J’ai eu l’occasion de montrer il y a déjà longtemps, combien les investissements faits par l’agglomération étaient anormalement concentrés sur le centre de Pau ( « Pour une agglomération multipolaire équitable » AP du 12/1/2010″ ). Médiathèque interrégionale, « Fée Bus », Stades, Foire Exposition, …etc. J’écrivais : « La conséquence en est que les anciens centres des villes composant l’agglomération périclitent ou n’existent plus. Lescar, Lons, Billère, Bizanos n’ont plus de centre attractif. »

Et au delà, on peut s’interroger sur cet « égoïsme » palois qui ne va pas dans le sens de l’équité et ne peut que donner une image négative de l’indispensable mise en commun des moyens au sein de l’intercommunalité, indispensable pour réaliser des économies d’échelle (L’expérience montre, hélas, qu’il n’en est rien comme le répète régulièrement la Cour des Comptes et comme le montre, par exemple, l’inflation incroyable de salles de spectacle sur l’agglomération).

Dans cette affaire certains pourraient être étonnés du peu de concertation qui règne entre les Maires de l’Agglomération, mais ceux qui approchent Bayrou savent qu’il écoute peu et connaissent son penchant autocratique.

Depuis le début de sa réflexion, le Maire de Billère avait entretenu des contacts positifs avec Utopia, bien connu des cinéphiles. Ce réseau de cinéma Art et Essais a développé ses salles à Avignon, Toulouse, Bordeaux, en région parisienne et a une caractéristique (entre autres) : son fonctionnement sans subvention locale ou très peu. On pourra y revenir en détail, mais pour être bref disons que sa programmation est au moins aussi performante que celle du Méliès (Art et Essais, Jeunesse, Recherche) avec des invités pour les débats et une gazette largement diffusée. Ses tarifs sont identiques à ceux du Méliès, cotisation à l’Association Ciné Ma Passion en moins (clic sur : Utopia Bordeaux ).

Il est aussi connu pour son penchant à gauche voire plus si on en croit Alain Juppé : « un centre d’animation gauchiste extrêmement actif, […] qui entretient un foyer d’animation trotskiste, anarchiste permanent ». Comme on le verra plus loin l’avis du Maire de Toulouse est plus mesuré…

Un cinéma Art et Essais peut être à gauche dans sa programmation mais rigoureux pour sa gestion, cela semble être le cas d’Utopia, subvention nulle oblige, et le cinéphile contribuable ne s’en plaindra pas…

Le projet de Billère s’inscrit dans un ensemble plus large avec une modernisation de la salle Lacaze actuelle de 168 places (à capacité inchangée) destinée aux divers spectacles souvent gratuits de la ville, et l’implantation d’une petite galerie commerciale. Le cinéma comprendra trois salles (120, 80 et 60 places environ ) pour une capacité totale de 300 places maximum. Elles seront construites adossées à la salle actuelle, à la place de l’ancienne bibliothèque municipale. Utopia proposera également un espace restauration. Chaque cinéma fonctionne généralement sous forme d’une société indépendante, elle fera son affaire de la construction et de la gestion du cinéma sans aucune subvention de la ville ni de l’Agglomération, ni pour l’investissement, ni pour le fonctionnement (coût estimé de l’investissement : 2,4 millions €). Le dernier Conseil Municipal a validé la signature d’un bail pour l’utilisation du terrain.

Le projet est quasi analogue à celui de Borderouge à Toulouse, le dernier né du réseau Utopia (voir vue d’architecte en médaillon) dont les travaux ont commencé en mars dernier :

« Le cinéma, situé place de la Maourine, sera constitué de trois salles, avec un total de 300 sièges, plus une salle de réunions et un espace bistrot-restaurant avec terrasse. L’investissement de ce cinéma de quartier (qui devrait séduire plus large) : trois millions d’euros, pour une superficie de 1182 m2. »

« En échange d’une redevance annuelle de 4.700 euros, le terrain métropolitain est mis à la disposition de la société pour une durée de 65 ans. « Cela apporte une réponse culturelle pour le quartier de Borderouge », se félicite le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. »(20 mn)

Il faut reconnaître que pour le contribuable cette solution est bien plus intéressante que le projet palois du Foirail qui implique un investissement très important (7,2 millions € annoncés mais sans doute plus proche de 10 millions € ) et des subventions de fonctionnement très élevées ( « Ce cher Méliès » AP du 1/7/2018), tous les risques en plus étant pris par le contribuable…

Il faut rajouter que la salle de spectacle (750 ou 500 Places ?) supplémentaire prévue dans le projet du foirail est en plus totalement inutile dans une agglomération trop largement pourvue ( « Pau, la gabegie en spectacle : folie au foirail » AP du 15/2/2016). Un rafraîchissement du foirail pour les brocanteurs serait la solution suffisante la plus logique et la plus économique.

Si Bayrou persistait dans son projet, il faudra bien qu’il justifie pourquoi il laisserait les équipes du Méliès opérer ce cinéma compte tenu de leur incapacité à proposer une gestion efficiente : un appel d’offre s’imposerait. Il faudra aussi justifier pourquoi la possibilité d’un cinéma Art et Essais au Saint Louis, géré par CGR n’est pas envisagée.

On le voit, le projet de Billère n’est pas une utopie, mieux, il remporte tous les critères (qualité, économie) pour un cinéma art et essais, tout en étant d’un apport majeur pour l’équilibre et l’équité dans l’agglomération.

Daniel Sango

Photo : Projet Utopia Toulouse Borderouge