La mule et l’intello (8) : L’étape la plus haute… et la plus longue


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7h15 : Cap au Carlit depuis les Bouillouses

25 août – L’intello ce matin est « vicieux ». Il ne prévient pas la mule de ce qui l’attend. La montée du Puig Carlit sera la plus haute des Pyrénées Est et la redescente,  jusqu’à l’Hospitalet-en-Andorre, en fera l’étape la plus longue. La mule sera mise à forte contribution. Le topo guide annonce 1330 m de dénivelé grimpant et 1900 descendant. Une étape libellé « godillot rouge vif ». Le parcours au final fera 28,3 kms. Pour l’intello, c’est plus simple : La mule le porte !

Comme toujours, l’équipage petit-déjeune à la fraiche, seul dans le réfectoire, et entame l’étape dès 7h15. La pénombre s’estompe petit à petit. La montée au dessus du lac des Bouillouses est magnifique avec la découverte des innombrables lacs qui s’étalent jusqu’au pied du Carlit (2921 m).  Il y en a près de 10. Indiscutablement, il s’agit là d’un des plus beaux sites traversé depuis le début de la traversée à Banyuls.

Le Carlit en impose par sa stature mais, au final, il est assez facile à grimper par l’Est, même si les rocailles, sous le sommet, demandent un peu d’attention et de ranger les bâtons sur le sac-à-dos. Un poids de plus sur le dos de la mule !

Au sommet, un beau tour d’horizon à 360 ° avec à l’Est le soleil du matin qui se reflète dans les lacs. Photo souvenir. Une barre céréalière avalée et, déjà il faut entreprendre la descente par le versant Ouest. Il ne s’agit pas de traîner, l’étape est tout juste commencée.

La descente se fait, dans un long couloir raide, sur un sentier qui part dans un zigzag interminable. Les bâtons facilitent grandement la marche. Les cailloux filent sous les pieds. Attention maximum, mais la difficulté reste raisonnable. Quelques grimpeurs apparaissent. Vu la pente, il vaut mieux avoir le statut de descendeur ! Ils ont au moins l’avantage que le soleil ne soit pas encore arrivé.

Au bas du zigzag, une source est signalée près de l’Estany dels Forats. L’intello fait le plein d’une eau bien fraiche. Par précaution, probablement inutile, il ajoute une pastille de micropur dans la gourde. La mule ne s’embarrasse pas de ces détails… Reprise de la marche et là, le GPS nous conduit sur un sentier qui a disparu. C’est la première fois que nous allons hors piste. Inquiétude. Une foulure et les choses pourraient vite se compliquer mais, le barrage de l’étang de Lanoux est à proximité. Il est atteint au bout de 20 minutes « hors-piste ». Promis, on ne recommencera pas.

La faim et la fatigue commencent à se faire ressentir. Pourtant, il faut repartir pour près de 300 m de dénivelé vers la Portella de Lanos. Marquages et cairns sont rares. Cette partie du parcours n’a pas été enregistrée dans le GPS suite à une modification d’itinéraire (nous laissons de côté Porté Puymorens, initialement prévu, ce qui fait gagner une journée de marche).  La carte au 25 millième prend le relais.

La chaleur « casse » l’intello. La mule, elle aussi, fatigue. L’équipage s’arrête au bord d’un torrent. La mule met les pieds dans l’eau, histoire de les dégonfler. Pendant qu’ils font trempette, l’intello avale mon pique-nique. 45 minutes d’arrêt « syndical » pour se retaper. Il était temps.

Redémarrage et un quart d’heure plus tard, la Portella de Lanos est atteinte avant d’enchaîner par une descente dans une très belle et longue vallée. Une biche détale sous nos yeux. Pas le temps de sortir l’appareil photo. Dommage.

Le sentier s’élargit et, au bout d’un (long) moment, vient dominer le col de Puymorens. La civilisation remonte à nous. La Nationale 20 trace sa voie au fond de la vallée. Les semi-remorques montent péniblement les pentes. Le bruit assaille les hauteurs. L’homme a conquis l’espace.

Le coup de grâce revient au motard qui tire à « fond la gomme » en s’éclatant dans les virages sinueux du col. Il fait du bruit, le moteur vrombit sous son ventre. Il est un surhomme. L’intello le déteste. La mule n’a pas d’avis.

Nous rejoignons enfin le GR 10 qui descend jusqu’à l’Hospitalet-près-l’Andorre. Une traversée, dans un forêt sans fin,  pompe le reste de notre énergie. D’ultimes virages et l’Hospitalet, triste village encaissé dans la vallée, apparait entre voie ferré, nationale et lignes électriques.  Enfin ! Il est 17h30, nous étions parti à 7h15. Une étape trop longue.

« Nous ne sommes pas des mules… » crient nos deux compères !

– par Bernard Boutin

Pour le diaporama de l’étape : C’est ICI

Les cartes des 15 étapes : C’est ICI

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