Les Britanniques sont un grand peuple !

grande_bretagne_1606Ainsi, les Britanniques sortent de l’Union Européenne. Ce grand peuple a su aller à l’encontre des élites politiques, médiatiques, culturelles et du show biz, des analyses vaseuses de ces journalistes qui nous faisaient croire qu’il n’y avait que les sans diplômes et les campagnes qui votaient pour le Brexit. Mais quelle gueule de bois ce matin pour les défenseurs du système, pour les défenseurs de cette Europe anti-démocratique, et qui s’est construite contre les peuples. On a fait l’erreur de croire que l’on pouvait faire une Europe contre les nations, c’est à dire contre les peuples. C’est une erreur qui finit par se payer, et les Britanniques nous ont montré qu’il était possible de dire non.

Ce matin, une dose de fierté m’habite, et, je dois le dire, une dose de jalousie, celle d’être dans un pays qui a perdu sa souveraineté et sa confiance en son avenir. Comme bon nombre de personnes, je ne suis pas anti-européen. Je suis européen de culture, mais l’Europe peut se faire dans la coopération, comme nous avons fait avec Airbus et bien d’autres projets, sans pour autant donner à des instances bruxelloises non démocratiques les mains de notre destin. L’Union Européenne aujourd’hui, ce sont les écuries d’Augias, un grand imbroglio où l’inaction côtoie des directives dont personne ne veut, un grand corps sans tête dont les commissionnaires, non élus, décident autant des quotas de migrants, de la vitesse des clignotants ou de la taille des oranges de première catégorie.
Savez vous que chaque année, entre 1500 et 2000 directives sont votées par l’UE ? Avons nous besoin de cela ?

Bref, ce Brexit n’est pas une fin, une fatalité, mais une grande nouvelle, qui doit enfin nous faire réfléchir à cette Union Européenne dont les peuples ne veulent plus.
Nicolas Dupont-Aignan (Président de Debout la France) l’a bien compris. Il a été le seul dirigeant politique français à se déplacer à Londres, le 18 juin, pour soutenir le Brexit.

 

Par Emmanuel Pène (délégué Debout la France de la 1ère circonscription 64 )

le 24 juin 2016

Le con, l’extrémiste et le ridicule

Mirabeau ridicule« Ridicules » : c’est ainsi que s’intitulait une tribune de Sergi Javaloyès dans la République des Pyrénées, dans sa chronique hebdomadaire.

« Ridicule », c’est donc de cet adjectif qu’a été affublé l’atypique conseiller départemental Jacques Pédehontaà, qui a fait parler de sa commune de Laàs , un village de 118 habitants, pour son projet de principauté qui lui valut une caricature du petit journal de Canal Plus fin 2014. De même, un pauvre « étudiant d’HEC » se voyait vilipendé et traité de manière condescendante de « gojat »(1) pour avoir osé écrire, Oh crime odieux, « le béarnais se parle comme il s’écrit ».

On ne pourrait comprendre cet excès de méchanceté gratuite sans être au courant de la sempiternelle et obscure bataille linguistique qui anime, dans la quasi indifférence du grand public, les tenants de « l’occitan » et du « béarnais », et qui permet de décoder la rhétorique étrange du chroniqueur du dimanche (au sens propre) de la Rép. Face à l’adversité et aux difficultés d’une langue qui peine à se transmettre, l’ennemi, tel un mouton noir est ainsi désigné : celui qui ne pense pas pareil, qui n’écrit pas pareil, ou encore celui qui préfère les « baquétes »(2) à la croix languedocienne(3), bref, celui qui rompt l’unité d’un discours que l’on voudrait unique, sans voix différente. Cet ennemi, puisqu’on ne peut pas décemment le désigner d’autres noms plus diffamants (il fut un temps où on aurait pu parler d’« hérétique »), est donc taxé de « ridicule ».

Le ridicule ne tue pas dit l’adage. Mais ce qui est certain, c’est que le ridicule est une notion purement subjective, et en rapport avec la personne qui émet ce jugement. C’est la même chose pour le « con » d’ailleurs, car, si le con c’est toujours l’autre, on est toujours le con d’un autre, et de même le ridicule se trouve toujours chez les autres. Cette notion s’applique d’ailleurs dans notre société à plusieurs adjectifs, qui ont ceci en commun de servir à discréditer, ridiculiser et surtout marginaliser des personnes ou des opinions avec lesquelles on est en désaccord, et qu’on voudrait faire condamner par la vindicte populaire. Ainsi, « extrémiste » est de ceux-ci. En effet, l’extrême gauche ou l’extrême droite ne sont extrêmes que pour ceux qui n’en veulent pas, et de même, les « extrémistes » de tous bords basques, corses, islamistes, laïcards ou libertaires ou que sais-je, ne sont extrémistes que pour ceux qui réfutent ou combattent ces opinions. Tout est une question de point de vue.

Bref, con et extrémiste et ridicule ont en commun qu’ils sont l’expression d’une même subjectivité et d’une tendance de l’esprit humain à vouloir ostraciser les opinions divergentes. Ce sont en d’autres termes, des instruments sémantiques au service de ceux qui veulent limiter la liberté d’expression.

 

                                                                                                                      Par Emmanuel Pène, le 1er juin 2016

(1) Enfant

(2) Vachettes, nommant les vaches du drapeau béarnais

(3) Emblême du Languedoc, repris comme drapeau de l’Occitanie

A Pau, j’étais à « Nuit Debout »

nuit deboutNuit debout est un mouvement citoyen spontané né à Paris le 31 mars 2016, et qui s’est rapidement étendu partout en France. Il se présente comme un rassemblement de personnes de tous horizons, ni entendues ni représentées, qui reprennent possession de la réflexion sur l’avenir de notre monde. Un mardi soir pluvieux, à Pau, je décidais de me joindre à l’assemblée

C’est alors que je revenais du restaurant où j’avais dîné, et que je marchais tranquillement sur cette grande étendue minérale de Pau qu’est la place Clemenceau, que je tombais sur cet attroupement hétéroclite d’une cinquantaine de personnes. La curiosité me prit. J’avais entendu parler comme tout le monde de ce mouvement spontané « Nuit debout », mais qu’est-ce que c’était en réalité ? Comment cela se passait-il ? Je m’approchais. L’assemblée était en cercle, ou plutôt en demi-cercle, car un côté était constitué par les marches de l’escalier de la place sur lesquelles une vingtaine de personnes étaient assises. Des citoyens, car c’est ainsi qu’on les nomme, prenaient la parole, qui en restant à sa place, qui en se positionnant au milieu du cercle. Sans savoir réellement pourquoi, je décidais de rester. Les débats concernaient l’organisation et le fonctionnement du mouvement. Une citoyenne d’une trentaine d’années, de toute évidence habituée à la prise de parole et portant en elle une dose d’autorité naturelle, parlait de la façon de s’organiser, et de la possibilité d’organiser une « AG ». Des réactions, immédiatement se firent entendre : « Nuit debout n’est pas un mouvement comme les autres ». « on ne veut pas d’AG », « on ne veut pas de représentant ». « Chacun ne peut parler qu’en son nom et en donnant uniquement son prénom ». Mon intérêt s’accrut, et je décidais de m’inclure dans le cercle en faisant un pas en avant. Immédiatement, des citoyens me parlaient, commentant telle ou telle prise de parole, me demandant mon avis. Je restais discret, et j’écoutais. Les personnes ici étaient étonnamment différentes : des jeunes étudiants ou lycéens habillés de vêtements amples, de bonnets de laines au style andin, un jeune barbu intellectuel et bedonnant s’appuyant sur son parapluie, des quarantenaires ou cinquantenaires parfois un peu hirsutes, des hommes plus âgés aux cheveux blancs et au corps maigrichon, visiblement habitués des mouvements contestataires, un couple la cinquantaine bien habillé, … La parole circulait. L’homme barbu bedonnant intellectuel, que je qualifierais de placide, fit plusieurs propositions pour le fonctionnement démocratique de l’assemblée. On devinait un fond théorique important à sa pensée, dont la portée était accentuée par son ton calme et son élocution claire. Il proposa qu’à chaque assemblée les « acteurs » de l’assemblée, c’est-à-dire ceux qui organisent le débat, fussent tirés au sort. Cette proposition, bien introduite, fut acceptée par un vote à main levée de l’assemblée. Une assemblée dont on débâtit d’ailleurs du nom : « agora » dit l’un, « Éléphant rose » dit un autre sur le ton de la plaisanterie. Le consensus était clair, nul ne pouvait s’approprier le mouvement. Chaque personne était le mouvement, et le mouvement était chaque personne, interdisant ainsi un quelconque membre et une quelconque délégation de s’arroger le droit de représentation.

Étonnamment, le fond n’était pas ou peu présent, et une étudiante s’en offusqua d’ailleurs, se demandant s’il ne fallait pas mettre « le fond avant le plan ». Mais je compris alors une chose, c’est que le fonctionnement démocratique de l’assemblée, l’expression citoyenne, la volonté de ne pas se faire confisquer la parole par des représentants, étaient au cœur de ce qui rassemblait ces personnes, et que c’était cela qui m’intéressait à moi aussi. Dès lors, ces sujets de prise de parole, de représentation, de fonctionnement démocratique étaient eux-mêmes le fond, et quel fond. Je compris que ce qui rassemblait autant de personnes différentes, c’était la volonté de s’approprier l’espace public, depuis trop longtemps confisqué par des organismes de représentation vus comme de moins en moins… représentatifs ; c’était la volonté d’exister en tant qu’humain acteur de la société, c’était ce sentiment que l’expression démocratique était, dans le système actuel, de moins en moins démocratique, confisquée par les élites, les organisations, les corporations, bref par les rentiers du système.

La discussion prit une autre tournure. Il s’agissait de savoir quelle devait être l’attitude par rapport aux médias. Certains étaient pour les ignorer ; et d’autres pour leur répondre, mais dans ceux-ci, il y avait débat pour savoir qui devait y aller pour nuit debout, et pour dire quoi. Le débat fut âpre, mais il fut finalement décidé qu’il fallait honorer les invitations médiatiques, mais que les personnes invitées ne pourraient parler qu’en leur propre nom et qualité de citoyen. Quant au fond de ce qu’il fallait dire, il ne fut quasiment pas abordé. On sentait qu’il y avait là un enjeu, et que certains cherchaient à se positionner, bien que s’en défendant publiquement : « ils (les journalistes) m’ont appelé, mais j’ai refusé » ; « si vous votez de ne pas y aller, c’est pas grave, je n’irai pas… »

Je discutais avec mon voisin, un homme aux cheveux blancs qui faisait le tour pour discuter avec tout le monde. Il me dit d’emblée qu’il était d’extrême gauche et pour la lutte des classes. Je lui répondis que j’étais moi aussi contre le système, mais que je n’étais pas pour la lutte des classes. Tu as plus de points communs, lui dis-je, avec un commerçant, un artisan, un agriculteur ou un patron de TPE, dont vous partagez la précarité, qu’avec un haut fonctionnaire, un cadre supérieur parisien, ou un pilote d’air France. Dès lors, les anciennes lignes de la lutte des classes n’ont plus lieu d’être. Nos échanges paradoxalement furent cordiaux et constructifs, et nous nous séparâmes avec une tape amicale sur l’épaule

                                                                                                                                                  Par Emmanuel – le 13 avril 2016

 

Le Béarn et la Bigorre ne profiteront pas de la LGV

LGVEt voilà, l’Etat va signer la déclaration d’utilité publique pour les  LGV (Ligne ferroviaire à Grande Vitesse) vers Toulouse et vers Dax. Une bonne nouvelle ? Sans doute pour Bordeaux et Toulouse, les principaux bénéficiaires, mais cette décision ne met-t-elle pas fin définitivement aux ambitions des pays de l’Adour et de sa principale agglomération, Pau ?

L’Etat a donc annoncé qu’il signerait la déclaration d’utilité publique pour les lignes Bordeaux-Toulouse, pour une réalisation à horizon 2024, et Bordeaux-Dax, pour une réalisation à horizon 2027. Ce revirement salutaire, tant l’abandon de ces projets était un marqueur du déclin de l’ambition française, s’est sans doute fait à grands renfort de lobbying des élus régionaux, en particulier bordelais et toulousains. Les premiers, et Alain Rousset en particulier, défendent le désenclavement du sud Aquitaine, l’affirmation de Bordeaux non comme terminus depuis Paris, mais comme métropole et « hub » régional, et, faut-il le noter, une plus grande adhésion de certaines collectivités au financement de la ligne Tours-Bordeaux. Les Toulousains, eux, souhaitent être connectés à la LGV, ce qui est compréhensible pour une métropole de cette taille en pleine expansion. Tout cela est bien sans doute, à condition de trouver un financement adéquat et équilibré, ce qui ne sera pas facile, mais le problème que je pose ici est tout autre : qu’en est-il du sud Aquitaine, et des départements 64 et 65 en particulier ?

Le Pays Basque d’abord est un cas à part. Déjà située sur un axe très fréquenté vers l’Espagne, la côte basque est très urbanisée et se caractérise par un foncier cher et rare. Elle a en outre un taux de retraités et de résidences secondaires important, et ne dispose pas d’un tissu industriel significatif. Dans ce contexte, il est compréhensible que ses habitants ne voient pas de manière évidente les avantages d’une LGV allant jusqu’à Hendaye, d’autant qu’un terminus à Dax, à peine 30 minutes en bus de Bayonne, permet de la desservir assez rapidement.

Il en est bien entendu très différemment de Pau et de Tarbes. Les deux villes sont à l’écart des grands axes de circulation vers l’Espagne, et ont un tissu économique riche, essentiellement industriel et agro-alimentaire. Les entreprises béarnaises ou bigourdanes ont besoin de débouchés, et d’être connectées aux grands centres de consommation et aux ports. Dans ce contexte, le bassin Tarbes – Pau, représentant près de 300 000 habitants ne s’y retrouve pas. Un trajet en train vers Dax depuis Pau prend 1h tandis que depuis Tarbes il prend 1h40. Autant dire une éternité à l’heure du TGV et d’Internet, et pour faire une distance somme toute très réduite. L’impact pour le Béarn et la Bigorre sera non seulement nul, mais pourrait même être négatif, au profit des agglomérations directement connectées au LGV : DAX+BAB, Mont de Marsan. On imagine la tentation des entreprises d’aller s’implanter dans le sud-ouest des Landes, près de Bordeaux ou à Agen, où le facteur logistique leur sera bien plus favorable.

Enterrer une liaison LGV vers Pau et Tarbes est une erreur qui aura des conséquences néfastes à moyen et long terme sur le Béarn et la Bigorre. L’inefficacité et le manque de conviction de nos élus à défendre l’option d’une desserte au minimum de Pau est manifeste. Et dans ce domaine, le financement a bon dos. Il permet d’évacuer tout simplement les problèmes. « Vous voyez, il n’y a pas d’argent.. ». Cet argument en fait n’en est pas un, car les infrastructures sont des investissements qui produisent de la valeur, donc qui doivent être financés par l’accroissement de la valeur future, et non par des réserves que l’on aurait (plus) actuellement… De même, il ne faut pas compter sur les élus bordelais, M. Rousset en tête, dont le souci principal à court terme est d’être réélu, et celui à moyen terme est de se tailler un poste méga-régional à la mesure de ses ambitions. M. Rousset s’est-il  battu pour Pau et Tarbes ?

Cela met en exergue un problème qui se reproduira immanquablement dans les prochains mois et prochaines années : des décisions qui se prennent de plus en plus en dehors des pays de l’Adour, à Bordeaux ou ailleurs, ne sont généralement pas favorables à son développement. Notre région serait réduite à l’état de satellite lointain d’une métropole régionale, à une jolie campagne au pied des Pyrénées, à un lieu de villégiature, sans autonomie de décision et sans vision d’avenir, d’aucuns pourraient appeler cela une « colonie ». Voulons-nous cela ?

 

Par Emmanuel Pène* – le 27 septembre 2015

*Entrepreneur, animateur du blog « Adour Pyrénées 3.0 » et co-fondateur de Numlab

Non M. Valance, la Chine ce n’est pas le XIXè siècle

Valance 19 aout 2015L’éditorial de l’Eclair Pyrénées du 19 aout 2015 signé par Georges Valance et intitulé « La Chine au temps de Zola » n’a pas manqué de me surprendre. En résumé, il s’agit d’une charge contre les pays émergents comme la Chine ou le Brésil, dont la croissance extraordinaire des dernières années, que l’auteur ne nie pas, cacherait des « faiblesses structurelles qui la menacent ainsi que les équilibres sociaux et politiques ».

Pour étayer son propos, M. Valance prend alors en exemple la catastrophe de Tianjin, « dû à l’évidence au non-respect des règles de stockage de produits dangereux, (…), bref aux insuffisances des infrastructures industrielles et sociales ». A partir de là, l’attitude du gouvernement chinois, réduit au « régime communiste chinois » est comparé au « cynisme » de « certains capitalistes du XIXè siècle », étant  plus loin résumé comme un modèle de croissance « reposant sur le mépris de l’homme ». Qu’en est-il réellement ? Ayant travaillé plusieurs années dans ce pays que je connais bien et dont je maitrise la langue, je me permets de vous apporter ma vision des choses.

La catastrophe de Tianjin n’est pas vraiment liée à l’insuffisance des infrastructures industrielles et sociales. Du reste, il suffit de connaitre un peu la Chine d’aujourd’hui pour comprendre que leurs infrastructures industrielles, de transport ou de sécurité publique, sous l’effet d’investissements massifs ces dernières années, sont non seulement au niveau, mais je dirais même supérieures à ce que nous avons en France. Certes la représentation sociale n’est-elle peut-être pas au niveau de notre règlementation sociale française, dont au connait la lourdeur, mais nos exemplaires infrastructures sociales n’ont pourtant pas empêché la catastrophe d’AZF à Toulouse, dont l’ampleur peut être comparée à celle de Tianjin.

Venons-en maintenant à l’idée que le régime (terme péjoratif) chinois soutient un modèle de croissance « reposant sur le mépris de l’homme ». Certes, la Chine, pays de culture confucéenne, a toujours eu plus tendance à privilégier le bien collectif que le bien individuel, mais les progrès économiques chinois des trente dernières années se sont accompagnés d’une amélioration drastique des conditions de vie et de logement, des normes de sécurité et d’hygiène, et des loisirs individuels. En outre, j’ai pu constater moi-même que malgré les idées reçues, les libertés religieuses étaient largement respectées. Il y a bien sûr la monopolisation du pouvoir et de l’expression politique par un parti unique, qui n’a d’ailleurs plus rien à voir avec l’idéologie communiste, mais la Chine a toujours connu dans l’histoire la stabilité par des gouvernements forts, et l’instabilité lorsque ses gouvernements étaient faibles.

En résumé, il me semble qu’intituler un éditorial « La Chine au temps de Zola » est non seulement un raccourci anachronique et inadéquat, mais dénote d’une méconnaissance de la situation de la Chine et des Chinois aujourd’hui.

 

par Emmanuel Pène – le dimanche 30 août 2015

Georges Labazée, 72 ans de mandats cumulés, ne se représente pas…

labazee_georges11112dLe Président socialiste du Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques a annoncé qu’il ne se représenterait pas lors des élections cantonales de mars 2015. Est-ce une réelle volonté de laisser la place ? ou plutôt l’anticipation d’une probable défaite au niveau du département ? Au delà de ces questionnements, la sortie de M. Labazée du Conseil Général, 39 années après y avoir été élu, est une bonne nouvelle pour le renouvellement en politique, et pose encore une fois la question d’une limitation des mandats dans le temps et dans l’espace.

Professeur des écoles de profession, M. Labazée a débuté sa vie politique aux élections cantonales de 1976 sur le canton de Thèze où il est élu une première fois. Il avait alors 33 ans. il est ensuite réélu 5 fois, la dernière en 2008 où il devient Président du Conseil Général. Mais son tableau de chasse politique ne se limite pas à ses mandats cantonaux, car il fut aussi député lorsqu’André Labarrère entra dans le premier gouvernement Mauroy en 1981 et y resta jusqu’en 1986; il fut élu 4 fois conseiller régional de 1986 à 2010 et devint Vice-Président du Conseil Régional d’Aquitaine; et il fut adjoint au maire de Viven et Président de la communauté de communes de Thèze. Enfin, pour couronner le tout, il devint Sénateur en 2011. Tout cela, sans compter les mandats d’adjoint au Maire de Viven, représente un total de  72 ans de temps de mandats cumulés ! on ne compte pas non plus les multiples mandats et fonctions de Présidence dans des conseils d’administration de sociétés d’économie mixtes, d’associations et de syndicats, qui sont des bons moyens d’arrondir les fins de mois.

L’idéal démocratique est loin, celui d’Athènes par exemple, qui voyait des citoyens tirés au sort pour exercer une magistrature pendant un an, puis revenir pleinement à leur métier qu’ils n’avaient pas abandonné. La vie politique était alors comme un service rendu à la cité, une parenthèse comme le fut en France le service militaire. Certes, la vie politique moderne est plus contraignante et demande un investissement de longues années à ceux qui veulent l’exercer. En ce sens, la professionnalisation et le carriérisme sont quasiment inéluctables dans le système actuel. Mais si tout ceci est dû au système, ne serait-il pas possible de modifier le système, en réduisant par exemple le nombre de mandats successifs à 2, et en limitant le nombre de mandats et de fonctions simultanées, y compris les présidences d’organismes divers, bref en allant plus loin que le minimum syndical proposé actuellement sur le cumul des mandats ?

Car quelle aurait été la conséquence d’une limitation des mandats dans l’espace à un mandat, et dans le temps à 2 mandats successifs pour M. Labazée ? Après un premier mandat de Conseiller Général de 5 ans, il aurait rejoint l’Assemble Nationale en 1981 jusqu’en 1986, avant de prendre un mandat de Conseiller Régional pendant 12 ans. Après un bref retour de 2 ans à son métier de Professeur des écoles, il aurait pu se présenter de nouveau comme Conseiller Général en 2001, pour un dernier mandat jusqu’en 2008. En 2010 enfin, il aurait pu devenir Sénateur jusqu’à aujourd’hui. Au total, M. Labazée aurait effectué au maximum 35 ans de mandat, soit 37 ans de moins que dans sa vie réelle.

Or, ces 37 années auraient été occupées par d’autres personnes, au moins 3 et sans doute plus. Les centaines de politiciens dans la situation de M. Labazée, auraient donc laissé la place à plusieurs milliers de citoyens à l’échelle nationale. Ces citoyens auraient eu d’autres compétences, auraient été de générations, de sexe et de milieux différents, et auraient eu d’autres idées et valeurs. Ils auraient nécessairement contribué d’une part à une plus grande richesse des idées, et surtout à ce que les français se sentissent mieux représentés par la classe politique.

Alors, finalement, il importe peu de savoir si M. Labazée s’est subitement pris d’une envie de « lever le pied » et de se « contenter » de son mandat de Sénateur, ou s’il a eu peur d’une défaite électorale départementale en 2015. Il importe de savoir qu’il va enfin laisser la place et permettre à notre démocratie départementale de se renouveler et de s’oxygéner… un tout petit peu. Il importe aussi que le gouvernement et les élites politiques s’aperçoivent que notre démocratie a un besoin urgent d’être rénovée afin qu’elle soit ce qu’elle n’aurait jamais du cesser d’être : l’expression de la société et du peuple en mouvement.

Par Emmanuel Pène – le 18 janvier 2015

Twitter @epene64

Aberrations politiciennes en Béarn

Carte-Biarn-8 avec rose fanéeMais que font les socialistes du département ? Entre boycott de Pays de Béarn et inaction sur la réforme territoriale, on se demande quelle mouche les a piqués. S’agit-il d’une stratégie ou d’un réflexe d’appareil, ou d’un manque de conviction ? 

La réforme territoriale mise en œuvre par le gouvernement tient les Français et les parlementaires en haleine depuis le mois de mai. Cette réforme, il faut bien le dire, a toutes les apparences d’un scenario de mauvaise série TV, lequel s’invente au fur et à mesure des saisons et en fonction de l’audience. Sans logique économique argumentée, avec peu d’économies d’échelle prévues, plein d’aberrations géographique et culturelles, la réforme territoriale est résumée par les atermoiements concernant la région Aquitaine : d’abord seule pour faire plaisir à M. Rousset, on la maria au Limousin, puis, devant la pression des élus charentais, on y ajouta la région Poitou Charente. Cette région, qui s’étend de Pau à Limoges, n’a de point commun que l’égo surdimensionné de la métropole bordelaise au détriment des autres centres régionaux et de Pau en particulier. Quant à Midi-Pyrénées, dans son obsession à échapper à l’ogre bordelais, elle se mit dans la tête d’absorber le Languedoc et Montpellier, avant que ces derniers ne se révoltassent et obtinssent l’indépendance, à grands renforts de lobbying parisien. Tout concourrait donc à ce que cette réforme, néfaste au sud de l’Aquitaine et de Midi Pyrénées réduits à un rôle d’arrière-pays, fût combattue avec vigueur par nos représentants politiques, et en premier lieu par nos parlementaires. Cela fut le cas, du moins dans un premier temps, car on vit une belle unanimité en Béarn, au centre comme à gauche (la droite hors-centre n’ayant pas de parlementaire dans le département) pour appeler le rattachement d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées, rejoignant ainsi la demande générale des milieux socio-économiques, mais aussi historico-culturels de notre département. Une pétition était même prévue par l’ensemble des parlementaires, MM. Habib et Lasserre en tête. Mais las, ces belles intentions n’ont semble-t-il pas résisté à la torpeur de l’été indien, et surtout aux turpitudes de l’appareil politique socialiste. Sans bruit, on ne parlait plus de la pétition et, alors qu’un front commun aurait pu être constitué à l’occasion du débat au Sénat, on vit les sénateurs socialistes Fortassin et Labazée refuser de s’unir à M. Lasserre et présenter un amendement séparé, pour demander en fait la même chose, à savoir la fusion Aquitaine / Midi-Pyrénées. Cela aurait été un moindre mal si, le jour de la discussion de ces amendements, ces parlementaires bien peu zélés n’avaient pas omis d’être présents, rendant inévitable le rejet de leur proposition.

Cet épisode malheureux, lourd de conséquence pour le sud Aquitaine condamné à demeurer un cul de sac et à tourner le dos à ses frères pyrénéens de Bigorre, a été précédé par un autre non moins lourd de sens, à savoir le boycott socialiste de la réunion « Pays de Béarn ». S’il est compréhensible que les hommes politiques aient des opinions différentes et doivent parfois les exprimer, on pourrait attendre d’une initiative comme Pays de Béarn, qu’elle rassemble largement les élites. Or, l’union départementale des élus socialistes et républicains (UDESR) fit savoir, dans un communiqué, que les élus qu’elle représente ne participeront pas à la réunion du 21 octobre au palais Beaumont, considérant que « Le Pays de Béarn tel que le propose François Bayrou est un entre-soi qui ignore la Bigorre et les communautés de communes déjà existantes et qui ne va pas dans le sens de l’histoire qui est de se grouper pour être plus fort ». Or, c’est ignorer que le pays de Béarn ne va pas à l’encontre d’un rapprochement avec la Bigorre, bien au contraire, car une stratégie de marketing territorial passe par le renforcement de l’ensemble des identités fortes représentées, donc de Béarn et de Bigorre. En outre, si la solution était à un regroupement Béarn et Bigorre, bien nécessaire par ailleurs, pourquoi les mêmes parlementaires ne l’ont pas mis en œuvre, alors qu’ils maîtrisaient la communauté d’agglomération de Pau, les conseils généraux 64 et 65, et les deux conseils régionaux ? Enfin, si le rapprochement Béarn et Bigorre est si important, pourquoi ne pas réclamer avec plus de vigueur le rapprochement Aquitaine – Midi-Pyrénées ?

Dans le cas de la réforme territoriale comme de Pays de Béarn, les parlementaires socialistes béarnais ont donc pris des positions contraires à l’intérêt des Béarnais et des citoyens du département, et ont au mieux fait preuve d’une bien faible résistance aux propositions absurdes de redécoupage du gouvernement. On peut donc légitimement se demander si ce parti ne préfère pas la politique politicienne à la défense des intérêts de notre région et de ses citoyens. Il n’est certes pas le seul parti politique dans ce cas, mais il en est, de par sa représentativité et les fonctions occupées, le principal responsable.

Par Emmanuel Pène

le 4 novembre 2014

Rencontre-débat « Economie et territoire Béarn-Bigorre »

Affiche masque et plume Max MoreauMax Moreau, l’écrivain-entrepreneur-économiste béarnais bien connu, animera le 10 octobre une rencontre débat sur l’Economie et le territoire Béarn-Bigorre au parlement de Navarre en présence de nombreuses personnalités du monde socio-économique. 

Cette rencontre débat abordera donc la thématique du rapprochement Béarn Bigorre, trois mois après le forum organisé par les deux CCI de Pau et de Tarbes, et surtout en plein débat sur la réforme territoriale, et le très controversé découpage régional qui mettrait Béarn et Bigorre aux extrémités de deux grandes régions très centrées autour de leurs métropoles respectives. Pourtant, tout rapproche les deux entités historiques du piedmont pyrénéen, et à commencer par l’économie et le territoire, si proches et complémentaires.

Pour animer ce débat, Max Moreau a fait appel à de nombreuses personnalités, dont on citera Marc Belit, Président de la scène nationale du Parvis, Emeric Darcimoles, conseiller du Président de Safran ou encore Jean-Paul Betbeze,  Président de Betbeze conseil, tout cela sous le patronage de Georges Labazée, dont on se rappelle le plaidoyer en juin pour le rattachement du 64 à Midi-Pyrénées.

Nul doute que cet évènement fera date, à un moment important de l’agenda politique.

 

4ème rencontre-débat « LE CHIFFRE ET LA PLUME » sur le thème ECONOMIE ET TERRITOIRE BEARN-BIGORRE

Au parlement de Navarre à PAU

Le vendredi 10 octobre 2014 à 17h45

Inscriptions auprès de max.moreau3@wanadoo.fr

LGV : les dindons de la farce

schema_trois_lots_527Manuel Valls, accompagné de son secrétaire d’Etat aux transports, Alain Vidalies, est venu récemment inaugurer le viaduc de la LGV sur la Dordogne, un ouvrage qui mettra Bordeaux à deux heures de Paris à partir de 2017. A cette occasion, les Toulousains ont appris avec satisfaction que la ligne Bordeaux – Toulouse était confirmée, avec une mise en service prévue en 2024, mettant ainsi la ville rose à 3 heures de la capitale.

Et  le sud de l’Aquitaine ? Rien ou pas grand-chose si ce n’est une desserte de Dax prévue dans l’enquête publique pour mise en service en 2028. Bayonne et Pau seraient-ils les dindons de la farce ? On rappelle que la communauté de communes de Pau et le conseil général des Pyrénées Atlantiques avaient, fin 2013, annoncé la suspension de leur financement au projet Tours-Bordeaux, en attendant des clarifications sur la desserte du sud de la région. Des clarifications qui ne viennent pas tandis qu’augmentent les incertitudes pour le Béarn et le Pays Basque. En effet, comment imaginer que Bordeaux étant à deux heures de Paris, Pau en reste à 5 heures ? Sommes-nous condamnés à l’éternel sous-développement ?

Pendant ce temps-là, le Président de la région aquitaine Alain Rousset s’entête à vouloir rouvrir la ligne de chemin de fer Oloron – Bedous pour un coût de 102 millions d’euro, payés intégralement par la région, et pour un trafic au plus de quelques dizaines de passagers par jour, et ce malgré l’opposition de nombreux élus de la vallée, bien plus inquiets par l’état calamiteux de la RN 134. Un curieux sens des priorités…

 

Par Emmanuel Pène – le 16 septembre 2014

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Gitan paradise

gitansLes caravanes arrivent, toujours plus nombreuses à Pau. Mais elles ne se contentent plus des terrains mis à disposition légalement par la communauté d’agglomération ; elles préfèrent les jolis parcs arborés de l’université, occupés dans la plus pure illégalité. Les problèmes et nuisances s’accumulent et s’amplifient. Quelle réponse les pouvoirs publics doivent-ils apporter ?

Les campements sauvages se sont, depuis quelques jours, multipliés. Aux traditionnelles (sic) occupations illégales de terrains commerciaux et industriels tout autour de l’agglomération comme à Lons dans la zone Induspal où des propriétaires dégoûtés ont baissé les bras, s’ajoutent de multiples installations, ici à Gelos sur un terrain, là à Bizanos sur le bord de la route du stade d’eaux vives (comme si cette voie d’accès n’était pas déjà assez laide), et maintenant en plein milieu de la ville sur le terrain de l’université, au vu et au su de tous, comme un immense bras d’honneur à la ville de Pau et à ses citoyens obligés de constater ce triste spectacle.

Les nuisances et dégradations ne sont pas loin. Elles concernent les terrains occupés, qu’il faut équiper de sanitaires, nettoyer, réhabiliter, tout ça aux frais du contribuable ; mais que dire des multiples incivilités auxquelles les palois sont confrontés ? J’ai été témoin de certaines, comme à Bizanos où ce caravanier est descendu de son engin pour aller donner une leçon au pauvre  automobiliste arrêté au feu rouge, accusé de ne pas reculer assez vite sa voiture pour laisser passer le convoi nomade. Une leçon ponctuée d’un tonitruant « Pédé ! », insulte suprême dans la communauté.

gitans 2Face à l’incivisme, la délinquance et l’illégalité, la réponse des pouvoirs publics est un aveu d’impuissance ; les terrains « légaux » mis à disposition par la communauté d’agglomération ou la Mairie ne conviennent pas aux nomades ? Qu’à cela ne tienne, ils occupent le terrain qui leur plait, et jouent avec les vicissitudes et failles de l’Etat de droit républicain pour rester qui 8 jours, qui 3 semaines, qui plusieurs mois, selon le degré de puissance ou d’impatience du propriétaire spolié de sa propriété. Mais comment peut-on accepter qu’en toute illégalité et impunité, des terrains appartenant à des propriétaires ou à la collectivité, c’est-à-dire aux citoyens, soient ainsi saisis par des populations n’ayant cure de nos lois ? Le simple citoyen que je suis ne serait-il pas immédiatement expulsé s’il occupait avec sa caravane le terrain de l’université ? Ne ferait-il pas l’objet de poursuites pénales ?

Il y a pourtant des solutions, autres que de baisser les bras ou que de d’excuser les gens du voyage en arguant qu’on va leur construire des campements dignes de ce nom, bien sûr toujours aux frais du contribuable. Cette culture de l’excuse et du laxisme n’aboutit qu’à un seul résultat : celui d’attirer toujours plus de populations nomades de moins en moins respectueuses. Il suffit que nos élus aillent au pays basque et qu’ils discutent avec les élus de la côte des méthodes, semble-t-il efficaces qu’ils ont mises en œuvre. Ne peut-on pas imaginer des sanctions immédiates, comme la saisie des véhicules, ou leur immobilisation comme le font les espagnols en posant des « sabots », assortis d’une amende dissuasive. Les gens du voyage doivent respecter les lois de la République et les citoyens des villes qu’ils visitent. Ceci n’est pas négociable.

Par Emmanuel Pène

le 30 juin 2014